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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Sur les réseaux sociaux : 

    

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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19 septembre 2021 7 19 /09 /septembre /2021 02:06

Rassemblement de protestation ce dimanche 19 septembre - 16 h 00 - Place Baudoyer ( Mairie du 4e Métro Hôtel de Ville), - Paris

 Appel du RESEAU D’ACTIONS CONTRE L'ANTISEMITISME ET TOUS LES RACISMES (RAAR) soutenu par Memorial 98 

 

 


 

 

Nous appelons tous les ami-es de Memorial 98 à participer à ce rassemblement du 19 septembre.

Il s'agit de la première manifestation publique contre la vague de propagande antisémite et complotiste qui déferle sur le pays.

"La pandémie du Covid a déjà donné lieu à une déferlante antisémite et complotiste. Dès avril 2020, Soral avait ainsi  publié une liste de patronymes de médecins et responsables politiques à consonance juive, en la qualifiant de « liste de  Schindler » 

On assiste actuellement à une nouvelle vague de cette propagande. Elle prend la forme de l’assimilation de la  vaccination et du pass sanitaire à la Shoah.

Des étoiles jaunes sont brandies par des opposants à la vaccination. On  condamne un « pass nazitaire » et on le compare à l’inscription sinistre du portail d’Auschwitz (ci-dessous) .

 

 Les propos et actes  antisémites ont explosé dans et hors des manifestations récentes, notamment ceux désignant des  personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du  terme antisémite codé « Qui ? », lequel cherche à stigmatiser les Juifs-ves qui seraient à la fois les responsables et les  bénéficiaires de la pandémie. 

La stèle de Simone Veil à Perros-Guirec a été souillée et profanée à plusieurs reprises,  ce contre quoi un rassemblement unitaire a protesté le 20 août; le local parisien de l’Union syndicale Solidaires a  également été l’objet de tags racistes et fascistes.  

Les partisans de l’extrême-droite sont au premier rang de cette campagne. Il s’agit notamment de Florian Philippot,  ancien porte-parole de Marine Le Pen, chef auto-proclamé de l’opposition à toute précaution face au Covid. Mais les  propos et discours antisémites sont tolérés bien au-delà. Le débat légitime sur le contenu des mesures sanitaires et  l’appréciation de la politique gouvernementale est détourné au profit de théories du complot totalement  réactionnaires.  

Face à cette situation, il est nécessaire et urgent que les antiracistes se manifestent et condamnent fermement et sans  ambiguïté ces manifestations de haine et de complotisme, dont on connaît les liens profonds avec  l’antisémitisme.

Non, les Juifs-ves n’empoisonnent pas les puits ni ne sont les grands bénéficiaires de l’épidémie en  cours. L’accusation séculaire qui les cible continue à les stigmatiser comme porteurs d’un complot mondial visant à  déposséder les peuples.

Il est temps de condamner fermement cette idéologie meurtrière qui a déjà conduit à de  nombreux massacres. Il en va d’une nécessaire clarté politique, car le complotisme antisémite constitue un véritable  poison pour le mouvement social, la gauche, l’émancipation et toute analyse critique de la société. Consentir à  cette confusion, c’est ouvrir la voie à l’extrême-droite, comme l’histoire en a témoigné à de nombreuses reprises.  

Nous souhaitons ainsi alerter les organisations syndicales, associatives, politiques qui se réclament du progrès social  sur le fait qu’il n’est pas possible de rester passifs face à des manifestations où l’antisémitisme s’exprime de manière  récurrente. Nous devons faire front ensemble contre le danger antisémite et refuser de cautionner la confusion et le  complotisme.  

C’est pourquoi nous appelons toutes celles et ceux qui rejettent l’antisémitisme et toutes les formes de racisme à se  rassembler avec le RAAR et les autres organisations soutenant cette démarche sur la Place Baudoyer ( Mairie du 4e Métro Hôtel de Ville), à  Paris le dimanche 19 septembre 2021 à 16h, dans le respect des règles sanitaires. 

Le RAAR appelle toutes les associations et organisations antiracistes, les organisations syndicales et les partis démocratiques à se joindre dès maintenant à cet appel et à participer aux rassemblements organisés à Paris et  dans différentes villes et localités.

 

Le rassemblement est soutenu par:

Memorial 98

IBUKA-France

Juifves VNR
Juives et Juifs Révolutionnaires (JJR)
Mémorial des Nomades et Forains de France
Union des Juifs Pour la Résistance et l'Entraide (UJRE)
Une Autre Voix Juive (UAJV)

Ligue des Droits de l'Homme (LDH)
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP)
Mouvement de la Paix

Fédération Syndicale Unitaire (FSU)
Mouvement National Lycéen (MNL)

Union Syndicale Solidaires
Cedetim
Collectif Collages Judéités Queer
Collectif Agitations
Collectif Cases Rebelles

Collectif Nta Rajel ?
Collectif National pour les Droits des Femmes (CNDF)
Comité Vérité pour Adama

Lallab

Debunkers de hoax et rumeurs d'extrême droite
Dijon Antifa

Droit Au Logement (DAL)
Fédération Nationale des Maisons des Potes
Attac-France
Fondation Copernic

Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT)
SOS Racisme
La Horde
La Jeune Garde

1001 Lesbiennes et Queers

Mouvement du christianisme social
Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS)

Éditions syndicalistes

Revue Révolution prolétarienne
Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA)
Gauche Démocratique et Sociale (GDS)

Les Jeunes Écologistes

Ensemble !

Fédération Anarchiste

Parti Communiste Français (PCF)
Union Communiste Libertaire (UCL)


  MEMORIAL 98

Articles de Memorial 98 en rapport: 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/08/appel-laction-contre-la-vague-de.html 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/07/shoah-etoile-jaune-rafle-du-vel-dhiv.html 

 
 
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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 01:23

                      Lors de la marche de juillet 2021

Mise à jour du 30 juin 2022:

Memorial 98 s'associe à la 3e Marche pour la paix, organisée par l'association Solidarité internationale Bosnie Herzégovine, en solidarité avec la population de Bosnie et les victimes du génocide de Srebrenica, qui fut en juillet 1995, il y a 27 ans, l'ultime génocide du 20e siècle.

Nous nous retrouverons dimanche 3 juillet à 11H place de la République à Paris pour marcher vers le lieu qui commémore Srebrenica à Paris ( Rue de Srebrenica dans le 20e)

Cette mobilisation est d'autant plus importante dans le contexte de la guerre de Poutine en Ukraine et de son cortège de crimes sanglants. Poutine a toujours soutenu les exactions serbes contre les Bosniaques et les citoyens du Kosovo.

De plus, il y a quelques jours, le premier ministre des Pays-Bas, Rutte, a choisi de s'excuser auprès des officiers et soldats néerlandais du contingent de l'ONU présents sur place à Srebrenica en 1995, mais pas auprès des victimes qui ont été empêchées par ces mêmes soldats de se réfugier dans le camp militaire qu'ils tenaient. Trahis par ceux qui devaient les protéger, ils ont été livrés au massacre des forces serbes.
 
"Dans le cadre des 27 ans des crimes commis à Srebrenica et sa région, nous vous invitons à participer à la marche commémorative à Paris en hommage aux 8372 victimes de ce crime de génocide, le dimanche 3 juillet 2022 de 10h30 à 13h00. 
La marche aura lieu exceptionnellement cette année le dimanche 3 juillet, car des marcheurs.euses seront en Bosnie-Herzégovine le 11 juillet après deux ans de COVID,
A Paris, le dimanche 3 juillet, le rendez-vous est à 10h30 place du Vénézuela, 75016 Paris, devant l'ambassade de Serbie en France, afin de marquer les responsabilités des autorités de ce pays  dans les crimes, puis à 11h15 pour toutes.s les marcheuses et marcheurs, place de la République.
Nous partirons à 11h30 de la place pour un rendez-vous à 12h30 devant la plaque de la rue de Srebrenica, 75020 Paris (à l'angle de la rue du Clos). Une cérémonie avec discours et lecture de noms suivra."
SIBH
Memorial 98

 

Juillet 2021

Marche de solidarité avec la population de Bosnie-Herzégovine ( BH), organisée le 11 juillet par l'association Solidarité internationale BH, à l'occasion du 26e anniversaire du massacre génocidaire de Srebrenica.

A Paris, défilé depuis la place de la République jusqu'à la rue du 20e arrondissement qui porte le nom de Srebrenica.

Memorial 98  participait à  cette marche. Des marches ont eu lieu à Srebrenica même et dans plusieurs autres villes d'Europe.

26 ans après le génocide

Les  conséquences de ce génocide continuent à résonner 26 ans après, dans la région des Balkans mais également dans le monde entier.
Génocides et crimes de guerre motivent et inspirent la poursuite des actes de violence raciste
Le négationnisme est un terreau fertile pour des nationalistes et des mouvements d’extrême droite, avec pour cible  les communautés musulmanes. « Les extrêmes droites et les néonazis partout dans le monde ont repris le discours de Karadzic et  Mladic ( chefs serbes génocidaires condamnés) , sur comment combattre l’islam et ceux qu’ils considèrent comme des “barbares”, des “sauvages” 
De la même manière les nostalgiques d'Hitler et du nazisme tuent encore des Juifs au nom de cette idéologie dans les synagogues de Pittsburgh et de Halle.
La version négationniste serbe de l’histoire de l’ex-Yougoslavie est ainsi très présente dans les déclarations d'Anders Breivik, auteur des attentats contre les jeunes militants travaillistes à Oslo et Utoya, en Norvège en juillet 2011, ou de Brenton Tarrant, responsable des attaques contre des fidèles musulmans dans deux mosquées de Christchurch, ayant fait 51 morts en Mars 2019.
Dans son texte « 2083 : Une déclaration européenne d’indépendance », Breivik étale au fil des 1500 pages une véritable obsession pour les Balkans et ne cache pas sa fascination pour certains chefs de guerre serbes. Il appelle à expulser d’Europe les Bosniaques musulmans et les Albanais ou, s’ils refusent, à les anéantir par des moyens militaires.
Brenton Tarrent, son imitateur, est obsédé par la croisade des nationalistes serbes contre les Musulmans de Bosnie.
 Tarrant, qui s’est affirmé « véritablement inspiré » par Breivik, s’est filmé roulant vers la mosquée Al-Noor, où il allait tuer 51 fidèles musulmans, en train d’écouter une chanson serbe à la gloire de Radovan Karadzic. Initialement intitulée Karadzic, Lead Your Serbs (Karadzic, commande tes Serbes), elle est devenue populaire sur les sites Internet des extrêmes droites occidentales sous le titre Remove Kebabs qui signifie, dans le langage de ces militants, Supprimons les musulmans.

Les restes de dix-neuf victimes du génocide de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, ont été enterrés dimanche 11 juillet lors des célébrations du 26e anniversaire de ce massacre qui continue à être nié par les dirigeants serbes, un quart de siècle après la fin de la guerre.

Plusieurs milliers de personnes ont assisté aux obsèques dans le Centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica, où reposent désormais 6.671 victimes du massacre, dont 435 adolescents. 236 autres victimes sont enterrées dans différents cimetières.

En juillet 1995,, les forces serbes de Bosnie ont tué dans la région de Srebrenica plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques musulmans.

"Je vais enterrer le crâne de mon frère, et il n'est même pas complet", a déclaré par exemple Azir Osmanovic, peu avant l'inhumation des restes de son frère Azmir, qui avait 16 ans en juillet 1995.

En fuyant Srebrenica avec un groupe d'adolescents, Azmir s'est retrouvé dans un champ de mines. "Mon frère et deux autres garçons sont morts à cet endroit", a raconté Azir. Ses restes ont été récemment retrouvés et identifiés.

"J'ai décidé de l'enterrer cette année, pour avoir au moins un endroit où je pourrai prier pour lui. Je pense que, après toutes ces années, plus rien ne pourra être retrouvé", a-t-il expliqué.

Une jeune femme, qui avait 24 ans à l'époque, ainsi qu'un autre adolescent de 17 ans figurent parmi les victimes enfin enterrées .

Après une cérémonie d'hommages et une prière collective, les cercueils, recouverts d'un drap vert et d'un drapeau de la Bosnie de l'époque de la guerre, ont été portés par des hommes vers les nouvelles tombes creusées parmi des milliers de stèles blanches

- Plus de mille victimes encore recherchées

La plupart des victimes de ce massacre avaient été détenues, puis fusillées par centaines et enterrées dans des dizaines de fosses communes par les forces serbes de Bosnie, qui se sont emparées de la ville le 11 juillet 1995.

"C'est de plus en plus difficile de trouver de nouvelles fosses communes, alors que plus de mille victimes sont toujours recherchées", précise Almasa Salihovic, porte-parole du Centre mémorial.

Ce massacre a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à la détention à perpétuité, notamment pour ce crime (voir ci-dessous le récent jugement en appel de Mladic ).

Mais le massacre de Srebrenica est toujours minimisé par des dirigeants politiques des Serbes de Bosnie et de Serbie, qui réfutent la qualification de génocide.

"Il n'y a eu aucun génocide", a ainsi déclaré samedi 10 juillet le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie, Milorad Dodik. "Il y a des éléments selon lesquels ces cercueils sont vides (...) on met juste un nom", a-t-il ajouté, cité sur le site de la télévision de l'entité serbe de Bosnie.

- Affronter "les racines de la haine" -

"C'est terrifiant", a commenté le directeur de l'Institut bosnien pour les disparus, Amor Masovic. "Ici, dans le centre mémorial, il y a des victimes dont on a enterré qu'un seul os retrouvé (...) et souvent des restes ont été retrouvés dans deux, trois, voire cinq charniers différents".

Durant les quelques mois qui ont suivi le massacre, les victimes avaient été déterrées avec des bulldozers et déplacées vers d'autres charniers, afin de dissimuler les crimes. C'était aussi la méthode utilisée par les nazis afin de détruire les traces de la Shoah dans les camps de mise à mort 

Les actions génocidaires et les crimes de guerre motivent et inspirent la poursuite et la réitération des actes de violence raciste.

 

Mladic: condamnation définitive le 8 juin.

La justice internationale a confirmé le 8 juin la condamnation à perpétuité, désormais définitive, de l’ancien chef militaire serbe de Bosnie Ratko Mladic pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie, de 1992 à 1995.

A la majorité, les magistrats ont intégralement rejeté l’appel de l’ancien général pour son rôle dans le massacre de Srebrenica, le pire qui ait eu lieu en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

Ratko Mladic,  que l’on surnommait le « Boucher des Balkans », est aujourd’hui âgé de près de 80 ans.

« La chambre d’appel confirme la peine de réclusion à perpétuité prononcée contre M. Mladic », a déclaré Prisca Nyambe, juge présidente du MTPI, qui a pris le relais du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), fermé en 2017.

Ratko Mladic restera en détention à La Haye en attendant la finalisation des modalités de son transfert vers l’Etat où il purgera sa peine, ont ordonné les juges, sans préciser quel serait ledit Etat. Les magistrats ont par ailleurs rejeté l’appel de l’accusation, qui souhaitait que l’ancien général soit également condamné pour génocide dans plusieurs autres municipalités.

 

« Jour historique »

Les proches de certains des 8 000 hommes et garçons musulmans tués par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica en 1995 avaient fait le déplacement à La Haye. « C’est un jour historique, non seulement pour nous les mères, mais aussi pour l’ensemble des Balkans, de l’Europe et du monde », a déclaré Munira Subasic, présidente de l’une des associations des « mères de Srebrenica ».

Ratko Mladic est l’un des principaux dirigeants jugés par la justice internationale pour les crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie, outre l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, condamné à la prison à vie en 2019, et l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, mort dans sa cellule à La Haye d’une crise cardiaque en 2006, avant l’achèvement de son procès.

La guerre en Bosnie, qui a eu lieu de 1992 à 1995, a fait quelque 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés. Près de Srebrenica, au Centre mémorial du génocide, un écran géant diffusait mardi les témoignages de survivants et de familles, tout près des stèles blanches parfaitement alignées où reposent les corps de plus de 6 600 des victimes identifiées.

 

« Accepter la vérité »

 Le verdict « souligne la détermination de la justice internationale à faire rendre des comptes, quel que soit le temps que cela prend – et dans le cas de Mladic, ç’aura été presque trois décennies après ses crimes abominables », a déclaré dans un communiqué la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.

Arrêté en 2011 après seize ans de cavale, Ratko Mladic  a également été reconnu coupable d’avoir orchestré une campagne plus large de « nettoyage ethnique » pour chasser les musulmans des zones-clés de Bosnie-Herzégovine afin de créer une « Grande Serbie » en ex-Yougoslavie,

Selon ses avocats, il n’y a pas de lien entre l’ancien général et les tueries commises à Srebrenica, et les charges de génocide qui lui ont valu une peine de détention à vie sont dénuées de fondement.

« Le moment est venu d’accepter la vérité. Mladic compte parmi les criminels de guerre les plus notoires de l’histoire moderne », a déclaré le procureur du MTPI, Serge Brammertz, ajoutant que ce verdict ne suffirait pas à mettre un terme aux divisions dans les Balkans.

 

« Dans toute l’ex-Yougoslavie, des milliers de suspects de crimes de guerre de tous les camps doivent encore faire l’objet d’enquêtes et de poursuites », a souligné M. Brammertz, appelant les justices nationales à « poursuivre ce travail ». « Ensemble, nous pouvons faire en sorte que toutes les victimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis dans l’ex-Yougoslavie puissent voir ceux qui leur ont fait du tort répondre de leurs crimes », a enfin ajouté le procureur. En effet l'impunité des bourreaux encourage de nouveaux crimes, dans une spirale sans fin.

La mémoire des génocides nourrit nos combats

MEMORIAL 98

Articles de Memorial 98 concernant les massacres en ex-Yougoslavie et notamment le génocide de Srebrenica.

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/07/srebrenica-25-ans-pres-le-dernier.html

http://www.memorial98.org/2015/07/20-ans-apres-le-genocide-de-srebrenica-victime-du-negationnisme.html (Peter Handke)

http://www.memorial98.org/article-srebrenica-la-brulure-de-la-memoir-108015070.html

 
 
 

 

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 18:27

Lorsque les troupes nazies pénètrent dans le ghetto de Varsovie le 19 Avril 1943, afin de le liquider, elles ne s'attendent pas a trouver 750 Juifs et Juives armé·es derrière des barricades, prêt·s à les combattre.
Enfermée et tassée entre des murs et des barbelés depuis novembre 1940, la population du ghetto a déjà chuté de 450000 à 70000 personnes en moins de 3 ans, en raison des déportations quotidiennes vers le camp de mise à mort de Treblinka.

L'organisation juive de combat (OJC) qui planifie et organise l'insurrection a été initiée par les mouvements de jeunesse présents dans le ghetto.

Mais c’est tout le ghetto de Varsovie qui se soulève et soutient les 750 combattant·es.Malgré les conditions dramatiques de leur lutte, des milliers de personnes acculées se sont dressées et organisées contre les nazis. Ces femmes et ces hommes se sont aussi battu·e·s pour que leur mémoire nous parvienne et nous inspire dans nos combats actuels.

C'est pourquoi nous vous appelons à participer à l'hommage organisé par le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, le 18 et 19 avril: le dimanche 18 à 14 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris. Ce rassemblement est déclaré et autorisé par la Préfecture et se déroulera dans le strict respect des précautions sanitaires et le 19 avril à 19h 30 dans une conférence en ligne/Webinaire avec l'historienne Audrey Kichelewski, co-directrice de la Revue d'Histoire de la Shoah.

Participation libre avec inscription obligatoire par mail à l'adresse suivante:  raar.ghetto.varsovie.2021@gmail.com

Venez nombreux-ses honorer la mémoire des insurgé-es et réaffirmer notre détermination à lutter contre l'antisémitisme et tous les racismes ( précisions ci-dessous)

Memorial 98

 

 

 

Le 19 avril, date du début du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, symbolise l'extermination des Juifs d'Europe par les nazis

Elle est commémorée cette année dans les conditions particulières de la pandémie du Covid19, comme les autres génocides du 20e siècle, marqués chaque année en avril.
Nous participons ainsi à la commémoration du 27e anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda.
La pandémie donne d'ailleurs lieu à un déferlement de propagande antisémite et complotiste, reprenant les thèmes les plus archaïques et nauséabonds en la matière.  
La révolte d'avril 1943 se produisit dans les conditions terribles d'un ghetto déjà en partie vidé de ses habitants. 
En effet, depuis le 23  juillet 1942, jour après jour, cinq à six mille personnes étaient emmenées par les nazis, du ghetto vers la "Umschlagplatz"  ou "place du transbordement" puis déportées vers le camp d'extermination de Treblinka. 
 
Le début du ghetto

                      L'enfermement dans le ghetto.

 
Le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940, date qui correspondait cette année-là à la grande fête juive de Yom Kippour.
Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières ou de marquer leur "connaissance" du judaïsme.
Les nazis annoncèrent à la population juive qu'elle devait déménager dans ce "quartier juif" exigu qui fut ceint de barbelés. Le 16 novembre, on y transfère de force les Juifs, soit un tiers de la population de la ville, qui doivent se concentrer sur sur 2,4 % de sa superficie : 450 000 personnes sont alors coupées du reste du monde.
   
L"Aktion" comme l’appelaient les nazis, de déportation vers la mort, débuta le 22 juillet 1942. Cette date correspondait au jour de Tish'a Beav, qui commémore par le deuil et le jeûne la destruction du Temple juif de Jérusalem par l'armée romaine en l'an 70 de notre ère.
 
Chaque 22 juillet à Varsovie, une marche démarre du monument de l'"Umschlagplatz", lieu d'où partaient les convois de déportés puis parcourt l'ancien espace du ghetto, dont il ne subsiste strictement rien.
Elle se termine devant le centre culturel et de mémoire dédié à Emmanuel Ringelblum, héroïque historien du ghetto et animateur du réseau "Oneg Shabbat" qui en préserva la mémoire. 

 

Une révolte préparée

 

 
La déportation des Juifs de Varsovie s’inscrivait dans le cadre de la plus vaste "Aktion Reinhardt", organisée par les nazis en Pologne occupée; celle-ci inclut la construction des camps d'extermination de Belzec (mars 1942), Sobibor (mai 1942) et Treblinka (juillet 1942). 
Ce dernier camp joue un rôle particulier dans l'extermination des Juifs de Varsovie. 280 000 Juifs déportés de la capitale polonaise y seront assassinés. 
 
L'Aktion de Varsovie prit fin temporairement le 21 septembre suivant, à nouveau durant le jour de la plus importante fête juive, Yom Kippour.
Après cette grande déportation, le ghetto de Varsovie est réduit à un camp de travail où 36 000 Juifs survivent officiellement et où 20 à 25 000 clandestins se cachent. Son sursis tenait d’une part à la pénurie de main-d’œuvre gratuite dont l'administration nazie voulait disposer, et d'autre part à la nécessité d’une pause afin de recenser et d’expédier vers le Reich les biens volés dans le ghetto. 
 
Quelques jours après le début de la déportation de juillet, la résistance juive s’unifia dans un « Bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée, l’Organisation juive de combat (OJC), fondée le 28 juillet 1942. Cette démarche déboucha plusieurs mois plus tard sur le soulèvement du ghetto
Les premières opérations de l'OJC furent dirigées contre les responsables de la "police juive" et autres collaborateurs.
 
En janvier 1943, une seconde Aktion visant à liquider le reste du ghetto fut interrompue par les nazis eux-mêmes au bout de quatre jours, face à la résistance et au fait que la population se cache dans un réseau souterrain creusé durant des mois.
Heinrich Himmler, en déplacement à Varsovie, ordonna alors la destruction du ghetto et de ses habitants. Au même moment le ghetto de Cracovie est liquidé en Mars 1943.
 
 
Le 19 avril 1943, correspondant cette année là au début de la fête juive de Pessah,  les unités SS chargées de liquider le ghetto sont repoussées par les combattants. Ceux-ci ne disposent que de quelques revolvers et grenades. Quand le millier de soldats allemands pénètrent en force dans le ghetto, les résistants les attendent  barricadés dans leurs bunkers et leurs caves. Au nombre de 1000 environ, ils sont regroupés principalement dans l'Organisation des Combattants Juifs, (OJC, ZOB en polonais) commandée par le jeune Mordehaï Anilewicz, membre de l’organisation de jeunesse Hachomer Hatzaïr.
Dès l’invasion de la Pologne par les nazis, Anilewicz avait  rejoint avec des membres de son groupe l’est de la Pologne, pour aider à retarder l'avance allemande. Après l'invasion de ces régions orientales de la Pologne par les armées de Staline, à la suite du pacte germano-soviétique, les Soviétiques l'arrêtent et l'emprisonnent. Il est libéré peu de temps après, et retourne alors à  Varsovie
 
 
Face à l'insurrection, le commandant allemand est relevé de ses fonctions, le général SS Jürgen Stroop lui succède. Il est lui-même est pris de court par la rébellion des "sous-hommes" ainsi que les nazis qualifiaient les Juifs. Dès lors, les troupes SS vont incendier systématiquement les immeubles et propulser du gaz dans les souterrains afin d'en déloger les résistants. 
Ces derniers vont tenir pendant un mois, malgré leur très faible niveau d'armement et de nourriture. Plus de deux mille SS, soutenus par de l‘artillerie et des blindés, incendient le ghetto, maison après maison. Les Juifs sont asphyxiés, carbonisés, enterrés vivants dans les abris où ils sont retranchés. 
Six mille Juifs présents dans le ghetto trouvent la mort dans les combats ou se suicident. Sept mille sont fusillés sur place. Les autres sont déportés. Une poignée de miraculés échappe à la mort en s'enfuyant par les égouts.

Le 16 mai 1943, Stroop fait dynamiter la grande synagogue du ghetto. Il  annonce à Himmler : « Il n’existe plus de quartier juif à Varsovie. »
 
                                
Cette photo célèbre provient du rapport adressé par le général SS Stroop à Himmler  après l'écrasement de la révolte. Elle a donc été prise et diffusée dans le cadre de la propagande nazie.
Elle porte la mention " forcés hors de leurs caves" 
 
Le testament de Mordehaï Anilewicz
 
La rébellion se termine à la mi-mai. Mordehaï Anilewicz se suicide le 8 mai avec une partie de la direction de l'OJC ; il a 24 ans. 
 Le 23 avril 1943, il avait écrit dans une dernière lettre :
«Les Allemands ont fui par deux fois du ghetto. L'une de nos compagnies a résisté 40 minutes et une autre s'est battue pendant plus de six heures... Nos pertes en vies humaines sont faibles et ceci est également une réussite...
Grâce à notre radio, nous avons entendu une merveilleuse émission relatant notre lutte. Le fait que l'on parle de nous hors du ghetto nous donne du courage.
Soyez en paix, mes amis de l'extérieur ! Peut-être serons-nous témoins d'un miracle et nous reverrons-nous un jour. J'en doute ! J'en doute fort !
Le rêve de ma vie s'est réalisé. L'auto-défense du ghetto est une réalité. La résistance juive armée et la vengeance se matérialisent. Je suis témoin du merveilleux combat des héros juifs...»

 
Quelques jours plus tard, le 12 mai, Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres, se suicide dans cette ville.
Il proteste ainsi contre l’inaction des gouvernements alliés, dûment avertis de la situation en Europe de l'Est et notamment en Pologne.
Lui-même avait alerté publiquement sur l'extermination en cours.
Il laissa une lettre dont voici des extraits :
« Derrière les murs du ghetto se déroule à présent le dernier acte d’une tragédie sans précédent dans l’Histoire. La responsabilité du forfait consistant à exterminer la totalité de la population juive de Pologne retombe au premier chef sur les exécutants; mais, indirectement, elle rejaillit également sur l’humanité tout entière. Les nations et les gouvernements alliés n’ont entrepris jusqu’ici aucune action concrète pour arrêter le massacre. 
En acceptant d’assister passivement à l’extermination de millions d’êtres humains sans défense - les enfants, les femmes et les hommes martyrisés - ces pays sont devenus les complices des criminels.[...]. Mes camarades du ghetto de Varsovie ont succombé, l’arme au poing, dans un dernier élan héroïque. Il ne m’a pas été donné de mourir comme eux, ni avec eux. Mais ma vie leur appartient et j’appartiens à leur tombe commune. Par ma mort, je désire exprimer ma protestation la plus profonde contre la passivité avec laquelle le monde observe et permet l’extermination du peuple juif.

Je suis conscient de la valeur infime d’une vie humaine, surtout au moment présent. Mais comme je n’ai pas réussi à le réaliser de mon vivant, peut-être ma mort pourra-t-elle contribuer à arracher à l’indifférence ceux qui peuvent et doivent agir pour sauver de l’extermination — ne fût-ce qu’en ce moment ultime — cette poignée de juifs polonais qui survivent encore. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne et c’est pourquoi je lui en fais don… »
 (Londres, mai 1943)

Nos pensées vont vers les victimes de cette extermination et vers ceux qui au cœur des ténèbres, entamèrent la préparation de leurs actes héroïques qui apparurent au grand jour dans les mois qui suivirent. 
 
 

Soixante-dix-huit ans après les déportations de Varsovie, le nazisme est défait mais son héritage et ses nostalgiques sont plus que jamais à combattre.
Ses héritiers rêvent toujours de massacrer des Juifs comme le montrent les attentats récents dans les synagogues de San Diego, PittsburghHalle
En Pologne même, l’antisémitisme et le racisme sont fortement stimulés par le pouvoir de droite radicale du PiS. Celui-ci a franchi une nouvelle étape dans sa tentative visant à réécrire l’histoire du pays.
Il a promulgué en février 2018 une loi sur la "mémoire". Sous prétexte de mise en cause du terme "camp de la mort polonais", le texte menace de prison quiconque évoque la collaboration de Polonais avec le nazisme, 
voire le massacre des Juifs de Jedwabne, perpétré par leurs voisins polonais. Les protestations se sont multipliées dans le monde entier mais à ce jour le pouvoir maintient l’arme révisionniste de cette loi. Le premier ministre israélien Netnayahou s’est en revanche compromis dans un accord avec le gouvernement polonais, contre l’avis des responsables du mémorial de Yad Vashem. 
 
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme, comme dans le cas de Soral et Dieudonné
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump avant sa défaite et Poutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe. 
En France, Allemagne AutricheHongriePologneItalieGrande-Bretagne, Estonie, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive et pour certains déjà installés au pouvoir. 
 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites,  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité
 
Memorial 98

 

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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 00:37

Appel unitaire et appel particulier de Memorial 98 à ses lecteurs. trices, ami.e.s et à tous.tes celles et ceux qui ont à cœur de lutter contre l'antisémitisme et toutes les formes de racisme : 

"Rassemblement contre les crimes antisémites et tous les actes racistes.
Dimanche 14 Février 14h - Jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp, Paris 12e

Il y a 15 ans jour pour jour, Ilan Halimi était kidnappé, séquestré, torturé et assassiné parce que Juif.
Il était retrouvé le 13 février agonisant sur les rails du RER C. Ilan manque à sa famille et à ses proches. Et nous ne l'oublierons jamais.
Ce sont les stéréotypes antisémites les plus anciens qui ont mené à son assassinat: les Juifs seraient riches et maniganceraient dans l'ombre.
Depuis 2006, de l'école Ozar Hatorah à Toulouse jusqu'à l'Hypercacher de la Porte de Vincennes, onze hommes, femmes, enfants ou personnes âgées ont été tuées en France parce que Juives.

Les actes antisémites et les violences racistes sont en augmentation, ici et ailleurs dans le monde. 

Les vingt-quatre jours qui ont amené à la mort tragique d'Ilan Halimi nous obligent à une détermination sans faille contre l'antisémitisme et contre toute forme de racisme.

 

C'est pourquoi le dimanche 14 février à 14h nous appelons, en sa mémoire, ainsi qu'à celle de toutes les victimes de crimes antisémites et racistes, à un rassemblement au jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp.
Nous demandons explicitement qu'aucun drapeau national ne soit brandi, afin de ne pas détourner le sens de cette commémoration.

A l'appel de :

Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), Juives et Juifs révolutionnaires, Memorial 98, Collectif des Juifves VNR

 

Avec le soutien d'organisations juives, de lutte contre l'antisémitisme et d'organisations antiracistes:

Ayeka, Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE), Comité Adama Traoré, Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), Collectif Nta Rajel, Collectif Golema, Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP), QTPOC autonomes, Une Autre Voix Juive (UAJV)
Confédération Générale du Travail (CGT), Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant-e-s, Union Départementale des Syndicats CGT de Paris, Vigilance Informations Syndicales Antifascistes (VISA)
Ensemble,Génération.s, Fédération Anarchiste (FA), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti communiste français ( PCF) Union Communiste Libertaire (UCL), LFI, PG,
Ensemble, Fédération Anarchiste (FA), Génération.s, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti de Gauche (PG), Union Communiste Libertaire (UCL), Parti Communiste Français (PCF), La France Insoumise (LFI), Attac France, Action révolutionnaire LGBQTI, Collectif Ecolo-Libertaire Anti-fasciste & Féministe (ELAfF), Collectif Irrécupérables, Collectif féministe révolutionnaire (CFR), Collectif Paris Queer Antifa, Collectif Agitations, Editions syndicalistes, IPAM/CEDETIM, Jeune Garde, La Horde, Les Amis de La Révolution Prolétarienne (Revue), SIAMO, Séminaire ETAPE, Transgrrrls, RESOME, Aplutsoc - Arguments Pour la Lutte Sociale, PEPS ( Pour une Ecologie Populaire et Sociale), Fondation Copernic

Événement Facebook à rejoindre et partager https://www.facebook.com/events/1227439174320787

Ce rassemblement du 14 février représente une avancée importante dans la mobilisation de la gauche anti-raciste autour de la lutte contre l'antisémitisme. 

Elle contraste heureusement avec une sous-estimation prolongée de cette question, sous divers prétextes, comme nous le retraçons dans différents dossiers et articles ci-dessous.

L'arc unitaire, qui se regroupe afin de mobiliser le 14 février contre l'antisémitisme et tous les racismes, est le résultat d'un effort de conviction et de dialogue prolongé.

La multiplication des actes et crimes antisémites en France et dans le monde  est un facteur important de cette évolution. Personne à gauche ne peut plus honnêtement nier l'importance et la permanence de ce racisme, qui est spécifique comme tous le sont.

Un autre élément tout aussi crucial  est le combat obstiné de collectifs, dont Memorial 98, afin que la gauche et les anti-racistes cessent de minimiser la gravité de l'antisémitisme, des négationnismes et du complotisme.

La création récente du Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes ( RAAR) qui regroupe des collectifs et individu.e.s de différentes sensibilités à gauche, en témoigne positivement, de même que la parution de la revue d'analyse et de recherches Golema.  Memorial 98 soutient ces démarches et s'y engage activement.

L'échéance du 14 février représente donc un jalon important dans un combat qui ne s'arrêtera pas, tant que subsistent les haines racistes manipulées par des forces destructrices.

MEMORIAL 98

Sélection d'articles de Memorial 98 parues dans ses différentes publications ( ici et et sur notre site d'actualités http://info-antiraciste.blogspot.com/ )  en lien avec la mobilisation du 14, la mémoire de l'assassinat d'Ilan Halimi et les autres crimes racistes et antisémites de ces dernières années:

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/09/hyper-cacher-une-tuerie-antisemite-en.html

 http://www.memorial98.org/article-33829718.html  Ilan Halimi

 http://www.memorial98.org/article-33829718.html (procès des assassins d'Ilan)

http://www.memorial98.org/article-32128459.html  (procès)

http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/03/contre-lantisemitisme-et-tous-les.html

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2018/10/terrorisme-antisemite-pittsburgh-le.html

 http://www.memorial98.org/article-vagues-d-attaques-neo-nazies-125553047.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/12/nouvelle-diatribe-antisemite-de-houria.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/12/melenchon-diffuse-le-poison-de.html

 

 

 

 

 

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 22:33

Portugal: extrême-droite et débats pour l’élection présidentielle du 24 Janvier 2021


Après un premier dossier sur l'émergence de l'extrême-droite dans son pays, Michel Binet décrit ici la campagne électorale présidentielle qui s'y déroule actuellement. Marine Le Pen s’est déplacée au Portugal début janvier afin de soutenir son acolyte André Ventura, chef du parti d'extrême-droite Chega!. Elle espère ainsi établir son image présidentielle et son leadership européen dans sa mouvance.

Le combat anti-fasciste se poursuit dans toute l'Europe.

Memorial 98

Nous sommes en ces premiers jours de janvier 2021, qui marquent le début de la Présidence portugaise de l'Union Européenne, en train d'assister à une intensification de la campagne présidentielle. Celle-ci se déroule sous la forme d'une série de courts débats télévisés (30 minutes) en tête à tête entre tou.te.s les candidat.e.s.  Chaque candidat.e a ainsi l'opportunité de débattre une fois avec chacun.e des autres candidat.e.s. dont L'organisation repose sur la collaboration entre les chaînes de télévision nationales, publiques et privées. Cette série de courts débats télévisés a été prolongée par un grand débat télévisé entre tou.te.s les candidat.e.s, le Mardi 12 janvier 2021. Le premier tour de ces élections présidentielles aura lieu le dimanche 24 Janvier 2021.


 

Ces élections présidentielles sont disputées par un ensemble de sept (7) candidat.e.s.

On peut lister les noms des candidat.e.s selon un ordre politique approximatif, qui reprend l'axe historique Gauche - Droite ( voir ci-dessus les chiffres des sondages) :

  • João Ferreira, biologiste, Parti Communiste Portugais (PCP)
  • Marisa Matias, sociologue, Bloc de Gauche (BE)
  • Ana Gomes, juriste, ex-eurodéputée du Parti Socialiste (PS ; absence de soutien officiel du PS)
  • Vitorino Silva, employé municipal, ex-élu local du PS (absence de soutien officiel du PS)
  • Marcelo Rebelo de Sousa, juriste, Président sortant, candidat à sa réélection, PSD & CDS/PP (droites ; Soutien semi-officiel du PS)
  • Tiago Mayan Gonçalves, avocat, élu local, co-fondateur d'un tout nouveau parti: Initiative Libérale (IL)
  • André Ventura, juriste, député, Chega! (Trad.: « Ça suffit ! » ; parti d'extrême-droite, que nous avons présenté dans un premier article ici formellement constitué en avril 2019 [Voir ci-dessous])

 

Je précise que le Portugal est un régime semi présidentialiste (de type parlementariste : choisi par le Président selon un critère de majorité parlementaire, le Premier-Ministre forme son gouvernement et répond à la fois devant le Président et le parlement). 

 

 

Réf. : Pinto, A. C. & Rapaz, P. J. C. (eds) (2018) Presidentes e (Semi)Presidencialismo nas Democracias Contemporâneas. Lisboa: Imprensa de Ciências Sociais (ICS).

Le gouvernement actuellement en place est dirigé par le PS. Le Premier Ministre, António Costa, a appelé au vote en faveur du Président sortant (Marcelo Rebelo de Sousa), le PS ne soutenant officiellement aucun candidat. Le Président sortant bat tous les records de popularité et les sondages prévoient sa réélection dès le premier tour électoral.
La candidate qui avait l'attente la plus légitime d'être soutenue par le PS est Ana Gomes.

Une chose est sûre : en dépit des négations d'André Ventura, il est aujourd'hui clair au Portugal pour la quasi totalité des acteur.e.s politiques que le Chega est un parti d'extrême-droite. Je rappelle que ceci est une donnée nouvelle dans le champ politique du Portugal démocratique, sorti de la dictature salazariste en 1974.

Cette série de mini-débats télévisés en tête en tête sont des documents très instructifs sur le processus en cours d'enracinement d'un parti d'extrême-droite dans le champ politique portugais et sur les positionnements des un.e.s et des autres à son égard.

Pour compléter les données contextuelles, regardons de près le dernier sondage relatif aux intentions de vote. Je vais cette fois-ci ordonner les canditat.e.s selon les scores du dernier sondage (date: 7 Janvier 2021) :

  • 67,9% | Marcelo Rebelo de Sousa, Président sortant, PSD & CDS/PP (droites ; Soutien semi-officiel du PS)
  • 11,4% | André Ventura, Chega ! (extrême-droite)
  • 11,4% | Ana Gomes, PS (sans soutien officiel)
  • 4,3% | Maris Matias, BE (gauche)
  • 2,6% | João Ferreira, PCP (gauche)
  • 2.1% | Tiago Mayan Gonçalves, IL (droite)
  • 0,4% | Vitorino Silva, ? PS ? (sans soutien officiel du PS)

Comme vous pouvez le constater, André Ventura (AV - Chega, parti d'extrême-droite), dispute la seconde place avec Ana Gomes, liée au PS. C'est donc une très mauvaise nouvelle : un parti d'extrême-droite est en train de devenir la troisième ou deuxième force politique, en mois de deux ans d'existence.

AV s'est engagé à démissionner de la présidence de son parti s'il n'obtient pas un résultat électoral supérieur à celui d'Ana Gomes. Cette dramatisation des enjeux électoraux est une simple stratégie de captation attentionnelle : questionné, AV ne nie pas que dans un tel cas, il reposera aussitôt sa candidature à sa propre succession à la tête de son parti.

Revenons maintenant aux mini-débats en tête à tête :

João Ferreira (PCP) v/s AV [Samedi 2 Janvier 2021] - Le débat a été très violent, AV violant systématiquement les règles d'alternance des tours de parole qui ont pour fonction d'éviter le chevauchement des tours de parole ou leur interruption répétée. La journaliste n'a pas réussi à modérer le débat. João Ferreira a tenu le choc de l'affrontement. AV a gagné des points en attaquant son adversaire sur la question des positionnements politiques en matière de relations internationales du Parti Communiste Portugais (PCP). Il est clair pour moi qu'il s'agit d'un point faible du PCP, qui le fragilise pour affronter l'extrême-droite.

Il existe un anticommunisme primaire qui continue à constituer un trait identificatoire de l'extrême-droite. On peut parler en bon droit de discours haineux, dirigé contre les « communistes » ou les « socialistes » (mots prononcés avec un rictus de haine et un ton de voix méprisant).

Lien d’accès en ligne au débat | Lien

Vitorino Silva v/s André Ventura [Lundi 4 Janvier 2021] - Le débat a été beaucoup plus pacifique. Les règles d'alternance des tours de parole ont été, cette fois-ci, très largement respectées. L'enjeu du débat est faible, étant donné le niveau très bas d'intentions de vote qu'obtient Vitorino Silva dans les sondages électoraux. Vitorino Silva est l'unique candidat dépourvu d'un capital scolaire de niveau supérieur. Son style de communication est marqué comme « populaire » (sociolinguistique variationniste). J'hésite toutefois à le qualifier de « populiste », contrairement à AV. Multipliant les métaphores, Vitorino Silva a adressé des critiques, en douceur, sourire aux lèvres, qui ont consisté à associer son adversaire au régime dictatorial antérieur. La douceur affichée a affaibli la portée des critiques formulées.

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Tiago Mayan Gonçalves (IL) v/s AV [Mardi 5 Janvier 2021] - Quelques mots d'abord pour positionner Tiago Mayan Gonçalves (TMG) sur l'échiquier politique : il est co-fondateur d'un tout nouveau parti se revendiquant du libéralisme, qui a réussi à élire un député lors des élections parlementaires antérieures. Les interventions de ce député sont très néolibérales : attaque sur de nombreux fronts de l'action régulatrice de l'État. Il faut par ailleurs rappeler qu'AV est entré en politique par le parti de droite PSD, alors dirigé par Pedro Passos Coelho, très néolibéral. 

Lors d'élections régionales dans les Îles des Açores, l'actuel président du PSD, Rui Rio, a signé une alliance électorale avec AV, qui a permis au PSD de former un gouvernement régional. 

Le programme du parti Chega est lui-même très néolibéral : privatisation du système national de santé, des écoles publiques, limitation des politiques redistributives par suppression de la progressivité du taux d'imposition des revenus (15% pour tous les contribuables, ce qui se traduirait par une forte augmentation des impôts sur les revenus els plus pauvres et une forte réduction des impôts sur les plus riches). TMG a traité AV d'irresponsable, faisant valoir que l'État a un rôle à jouer dans la crise pandémique actuelle, qui correspond à une obligation que l'État a souscrit envers ses contribuables. Se posant en théoricien du libéralisme, TMG a rejeté tout rapprochement théorico-idéologique avec AV, mettant l'accent sur la protection des droits politiques qui est au corps du libéralisme, à l'opposé du fascisme. Il y a eu une dureté de ton et d'expression mimique-faciale, qui a constitué en soi un signe de rejet de l'extrême-droite.

Une note : Dans le cadre de la campagne, TMG a déclaré qu’il considère quasi identiques les candidatures d’AV et celle du communiste João Ferreira.

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Marcelo Rebelo de Sousa (droite, Président sortant) v/s AV [Mercredi 6 Janvier 2021] - Le débat entre le Président sortant, candidat à sa réélection, soutenu par les partis de droite et par le Premier-Ministre socialiste (qui lui reconnaît des qualités humaines et politiques dans l'exercice de la fonction présidentielle), et AV a été très clair et clarificateur : Marcelo Rebelo de Sousa s'est réclamé d'une droite, je cite, « sociale, qui se reconnaît dans la doctrine sociale de l'église, dans le Pape Francisco, dans la préférence pour les pauvres, les exploités, les opprimés, les dépendants », présentée, de manière soulignée, comme différente de la droite, qu'il a qualifiée de « sécuritaire, de la peur, qui divise les uns contre les autres », représentée par AV.

En réaction, AV a recyclé tout le fonds de commerce de l'extrême-droite : rétablissement de la peine de mort, prison à perpétuité, empêcher les sorties sous conditions des détenus durant le confinement obligatoire, anti-immigrés et anti-réfugiés, etc. 

Sur tous ces points, MRS a affiché avec assertivité son désaccord total. Sur la sortie conditionnelle des détenus durant le confinement, par exemple, MRS répond: « c'est un problème humain ». Son langage corporel a été très éloquent, pour répudier l’extrême-droite.

Contrairement aux candidat.e.s de gauche, MRS ne soutient pas l'idée de rendre illégal le parti Chega, par respect pour la démocratie. Il considère que c'est une force de la démocratie que de ne pas procéder à l'élimination des opposants, par contraste avec la dictature. Et à ce point précis du lancement du débat, il a mis en relief la générosité, l'acceptation, la diversité et l'intégration, comme traits définitoires de la démocratie.

«Cette photographie montre toute ce que ma droite n'est pas», a déclaré AV, en montrant au Président sortant, MRS, une photographie prise lors d'une visite à un quartier sensible, sur laquelle l'on peut voir le Président, souriant, en compagnie de personnes issues de l'immigration.

En réponse, le MRS a réaffirmé qu'il est d'une droite sociale et a répliqué, qu'en tant que Président, il se rend sur des quartiers Roms, africains, européens, et qu'il ne discrimine personne.

Il y avait eu des conflits opposant des habitants et des agents de police. AV a critiqué MRS pour ne pas avoir visité le poste de police. MRS a répliqué que le quartier en question n'est pas un cas de police, mais bien plutôt un cas social, un cas d'injustice sociale (sic). Et il a ajouté : « c'est un cas d'injustice sociale dont le Président ne peut pas se divorcer ».

MRS a défini le Portugal comme pays d'immigration en provenance des quatre coins du monde, précisant, je cite, qu' « il n'y a pas de portugais purs. Un Président de la République ne peut pas faire une distinction entre "portugais purs" et portugais impurs". Il ne peut pas faire ça. Ça donne des votes, en provenance d'une minorité très minoritaire [les électeurs d'extrême-droite], mais il ne peut pas faire ça ».

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MRS s'est appuyé sur une référence à la constitution de la République, à la rédaction de laquelle il a participé, après la chute de la dictature, pour rejeter comme inacceptable la restauration de la peine de mort ou de la prison à perpétuité. Il a aussi invoqué la religion catholique et le principe qui consacre la possibilité de « la conversion jusqu’à la dernière seconde » comme fondement religieux de sa position politique : « Jusqu'à la dernière seconde, personne n'est condamné définitivement ». 

En parallèle, AV se revendiquait aussi de la religion catholique, mais n'a à aucun moment forgé un argument de nature religieuse pour tenter de justifier ses prises de position face à MRS. Toutefois, hors du cadre de ce débat, AV s’est fait filmer et prendre en photographie en train de prier dans des églises. Il a même déclare avoir reçu un « signal de Dieu ». On assiste donc à une rivalité des candidatures de droite et d’extrême-droite pour la captation des votes de l’électorat catholiqueAV a été très clair : ce sont les bulletins de vote déposés dans les urnes électorales qui sont à la source et qui légitiment son pouvoir et celui de son parti. Vérité terrible à ne jamais oublier.

En clôture de débat, MRS réaffirme et renforce : « Je suis de la droite sociale. Je n'ai rien à voir avec votre droite ».

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Marisa Matias (BE - Gauche) v/s AV [Jeudi 7 Janvier 2021] - « Deux candidats qui ont des visions opposées du monde et de la fonction présidentielle » : c'est en ces termes que la journaliste a ouvert le débat. Nous verrons que cette catégorisation antagonique va être substituée par cette même journaliste, en clôture de débat, par une autre, qu'il nous faudra commenter et déconstruire.

Le premier thème abordé par AV est la volonté de rendre hors la loi le parti Chega, assumée publiquement par Marisa Matias (et Ana Gomes). Nous sommes au lendemain de l'attaque au Capitole. La réplique de Marisa Matias consiste à se référer à cet événement politique, qui établit la dangerosité de l'extrême-droite, et à montrer aux téléspectateurs une capture d'écran d'un post d'AV sur les réseaux sociaux, qui établit l'alliance des extrême-droites, ici, d'AV et de Donald Trump.

La journaliste retourna la question de savoir si le Chega est ou non un parti d'extrême-droite, en posant la question à AV si, selon lui, le Bloc de Gauche est de gauche ou d'extrême-gauche, question journalistique qui projette une étrange relation d'équivalence entre les deux questions, qui va stigmatisant l'extrême-gauche, comme le confirmera la fin inattendue du débat.

La théorie politique implicite projetée comme présupposé non questionné est en effet la suivante : le BE maintiendrait à l'égard de l'étiquette « extrême-gauche » une relation en tous points identique à la relation que le Chega maintient avec l'étiquette « extrême-droite ». La journaliste, dans la reformulation de sa question, a attribué au BE un prétendu sentiment d’être insulté par le fait d'être étiqueté comme étant d' « extrême-gauche ». Cette théorie ne résiste pas à son explicitation et examen critique.
L'étiquette « extrême-droite » fait peser sur le Chega un stigmate qui menace de conduire à une mise en question de sa légitimité éthico politique à participer au jeu et aux joutes démocratiques. D'où les discours de négation de AV, contre toutes les évidences et en totale mauvaise foi (en interne, AV et militants du Chega assument leur véritable identité politique..). Être étiqueté de « nazis » est considérablement plus disqualifiant, stigmatisant que d'être étiqueté de « socialiste ».

Du côté du BE, rien de tel : les étiquettes de « gauchiste », « socialiste » ou d'« extrême-gauche » ne sont pas senties comme de telles menaces de disqualification démocratique. Les valeurs de la gauche sont en effet le noyau de valeurs fondatrices de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et de la Constitution de la démocratie portugaise.
À la fin du débat, la journaliste posa à Marisa Matias la question de savoir avec quelle légitimité celle-ci questionne l'invitation adressée par AV à Marine Le Pen, de visiter le Portugal, alors qu'elle-même s'est rendue à une date récente en Grèce ? Cette question, posée en fin de débat, sans temps disponible pour répondre, confirme que cette journaliste défend la thèse, hautement contestable, d'une équivalence éthico-politique entre « extrême-gauche » et « extrême-droite ».

L'une des accusations adressées par AV à Marisa Matias est de celle-ci être contre le secteur privé et à faveur de l'État. La valeur accusatrice conférée à cette description des prises de position du BE est révélatrice des liens qu'AV, et à travers lui, l'extrême-droite, maintiennent avec le néolibéralisme.

La réplique de Marisa Matias a consisté à rappeler les liens entre AV et des affaires de corruption (faux emplois, aide à la fuite aux impôts de grands capitaux), puis à dénoncer la proposition de fixation d'une taxe unique de 15% sur tous les revenus du travail (voir ci-dessus).
AV dénonce la soi-disant corruption des plus faibles qu'il traite, avec mépris, d " assistés (subsidiodépendants en portugais)". Il les accuse de mentir à la Sécurité sociale afin de bénéficier abusivement de prestations sociales, mais se garde bien, souligna Marisa Matias, de s'en prendre à la corruption de ceux qui détiennent le pouvoir économique.
Sur le plan des politiques éducatives, AV a déclaré ne pas vouloir de « cette éducation à la Bloc de gauche, trotskyste, type Venezuela et Cuba », pour justifier son programme de privatisation des écoles publiques. AV attribue la défense de l'école publique à une volonté de contrôle et de manipulation de l'éducation par les forces de gauche.
Marisa Matias s'est opposée à AV en s'identifiant à António Guterres, ex-Premier-Ministre élu par le PS, aujourd'hui Secrétaire Général de l'ONU.

 

 

Lien https://www.awesomescreenshot.com/video/2323538?key=cdba3bca9356cd16fa9bb46284aced9d

 

Sur l'extrait du débat qui a opposé Marisa Matias e AV (Voir lien ci-dessus reproduit), il est possible d'observer et analyser un moment-clé, ayant trait à l'accueil de réfugiés.

La journaliste a confronté AV au contraste qui sépare ses prises de position à l'égard des réfugiés en 2015, date très antérieure à la concrétisation de son projet de création d'un parti d'extrême-droite au Portugal qui fait de la xénophobie un tremplin électoral, qu'elle cite et qualifie, avec raison, d' « humanistes », avec ses prises de position actuelles, en tant que leader et porte-parole d'un parti d'extrême-droite, qui déshumanise les réfugiés et les migrants.

AV, mal à l'aise, nie, contre toutes les évidences, tout contraste et toute contradiction. La journaliste commente, par sa communication corporelle, bien visible dans l'extrait vidéo du débat, l'absurdité de cette tentative de négation d'une contradiction criante.

Recourant à l'AC, j'attire votre attention sur un énoncé d'AV à la limite de la non-expression, par l'adoption d'un faible volume vocal, qui termine sur une quasi auto-interruption par abandon, produit par AV juste après la lecture par la journaliste de ses propos datant de 2015, énoncé doté d'une valeur d'auto-affiliation à ses propres paroles, affaiblie, annulée, abandonnée dans le cours même de sa réalisation : « *não tenho dúvid-* » (Trad.: « *je n'ai aucun doute-* »).

Lien d’accès en ligne au débat | Lien

 

Ana Gomes (liée au PS) v/s AV [Vendredi 8 Janvier 2021] - Ana Gomes, qui dispute dans les sondages, contre AV, la seconde position en termes de résultats électoraux, a déclaré, avant le débat, que de par sa profession de diplomate, elle a été amenée et est préparée à « parler avec le diable », faisant référence à des dictateurs et, indirectement, à son adversaire. Elle a rappelé, en ouverture du débat, qu'elle a elle-même combattu la dictature au nom de la démocratie et de la liberté, et qu'elle combat et combattra ceux et celles qui, aujourd'hui, veulent restaurer un régime dictatorial au Portugal.

Je rappelle, comme je l'ai déjà précisé, qu'Ana Gomes est elle aussi en faveur de la mise hors la loi du Chega et de toute autre formation d'extrême-droite.

AV a enchaîné disant qu'il était là pour en finir avec cette gauche qu'il accuse de détruire l'État au long des 46 dernières années, et le prestige du Portugal, de corruption en corruption. AV a désigné Ana Gomes comme sa principale adversaire, qui représente, je cite, tout ce en quoi il ne croit pas.

Ana Gomes a elle aussi fait référence à l'attaque du Capitole, aux discours d'incitation à la haine et à la division du pays, comme représentant tout ce qu'elle ne veut pas voir arriver au Portugal. AV a répliqué que lui-même désapprouve cette attaque contre les institutions démocratiques, tout en s'abstenant d'éclaircir comment ce positionnement est compatible avec son soutien enthousiaste à Donald Trump. Ana Gomes a relevé la contradiction, commentant qu'« il est extraordinaire de voir des personnes défendre tout et son contraire, comme ce monsieur député, qui maintenant dit ce qu'il dit contre son idole, Donald Trump ».

AV a confronté Ana Gomes avec son passé de militante du MRPP, parti maoïste. Ana Gomes a rappelé que ce parti a été l'un des principaux acteurs de la lutte contre la dictature, et qu'elle s'en est éloignée, en 1976, sans renier la lutte qu'elle avait mené grâce à ce parti.

À un autre moment du débat, après AV avoir fait l'éloge de la possibilité de reformulation de la Constitution prévue et consacrée par celle-ci, Ana Gomes a précisé qu'elle est contre les propositions de son adversaire, relatives notamment à la prison à perpétuité, pour, je cite, une question de civilisation, une question de faire obstacle à toute régression au moyen-âge.

Ana Gomes a mobilisé des arguments contre son adversaire que nous avons déjà mentionné et que je ne reprendrai pas ici, en dépit de l'intérêt intrinsèque de savoir que ceux-ci ont été validés et repris par Ana Gomes. L'une des critiques adressée à AV par Ana Gomes porte sur l'offensive contre les droits du travail que souhaite lancer le Chega.

Après avoir dénoncé la dangerosité du projet de réforme constitutionnelle de AV en faveur d'un régime présidentialiste, Ana Gomes a déclaré : « La démocratie doit se défendre : elle doit être intolérante avec les intolérants » ; « Ce parti a été légalisé avec de fausses signatures » (voir mon texte antérieure) ; « Ce parti viole la Constitution de par son programme et de par sa pratique, sa pratique réitérée d'incitation à la haine raciale, à la discrimination, au confinement [forcé] de groupes ethniques de notre pays ».
Ana Gomes a réaffirmé son respect et son soutien à l'exercice des fonctions policières et militaires, mais a précisé, je cite, qu'elle est exigeante quant à la non acceptation de l'infiltration par des racistes des forces militaires et de sécurité, qui mine l'autorité et la crédibilité de ces forces de sécurité. Ce sont les autorités nationales et européennes qui alertent contre ce processus en cours, non seulement au Portugal mais aussi dans d'autres pays, a-t-elle précisé. Ce monsieur, a-t-elle ajouté, ne dit rien sur ce sujet car, de fait, il est lié à ces forces d'infiltration qui veulent détruire la démocratie. Fin de citation.


 

 

 

Ana Gomes, vers la fin du débat : «Je veux seulement rappeler que ce monsieur a réuni aujourd'hui même avec Madame Le Pen, cette fasciste de renom, qui veut détruire l'Europe et l'ONU. Le programme du Chega est justement de retirer le Portugal de l'ONU. Cette madame a toute une pratique envers les immigrés. Je demande : qu'est-ce qu'il arriverait à nos émigrés, à nos émigrés qui ont du sortir du pays pour gagner leur vie, s'ils étaient reçus par des forces ayant des discours racistes, xénophobes, anti-immigrés, comme ceux que le parti de ce monsieur dédie aux immigrés ?!, si peu catholiques pour qui se dit catholique » ; « Ils nous faut vaincre ces forces, qui veulent semer le désordre, l'insécurité, comme on l'a vu au Capitole, comme on l'a vu dans le Brésil de Bolsonaro !

Réplique d'Ana Gomes à l’attaque contre son directeur de campagne : « Ce monsieur a des trucs pour attirer dans la boue celui ou celle qui vient débattre ici avec lui, pour finir par lui ressembler ».

Ana Gomes a rappelé les liaisons dangereuses d'AV avec des pouvoirs économiques agissant dans l'ombre et avec des groupuscules de l'extrême-droite ultraviolente.

Lien d’accès en ligne au débat | Lien

Réponse solidaire à des attaques personnelles donnant voix et corps au sexisme et à la discrimination basée sur l’âge

 

Une fois terminé ce cycle de débats, AV s’est lancé dans des attaques personnelles : Marisa Matias et son rouge à lèvres ; le secrétaire du PCP associé à la figure d’un grand-oncle alcoolique, etc.

J’ai assisté (et participé) à une réponse solidaire sur les réseaux sociaux, qui a rassemblé les diverses forces de gauche. Durant quelques heures, la gauche a su occuper les réseaux sociaux, territoire d’expression très colonisé par l’extrême-droite.

 

Fin octobre 2020, Marine Le Pen a donné un entretien à l’hebdomadaire portugais l’Expresso, qui a repris en titre des propos très choquants : « Je réserve mon humanisme aux français », a déclaré Marine Le Pen en cours d’entretien ( ci-dessous avec Ventura)

Voici le texte du post que j’ai publié sur Facebook, sur mon propre mur, traduit en français : « Réserver l’humanisme à son groupe de co-appartenance nationale n’est pas un humanisme mais un antihumanisme, un concentré d’horreur qui légitime le nazisme.
Ces paroles, qui humanisent les français et déshumanisent le reste de la population européenne et mondiale, sont une formulation théorique pure et dure du nazisme, dans toute son horreur.

C’est avec des gens comme ça, horribles, dangereusement antidémocratiques, qu’AV construit des alliances...».

-/-

En guise de dernières notes : positionnements des partis face à l’extrême-droite

 

-Paulo Portas, hier, et aujourd’hui Nuno Melo (CDS-PP) : Disputer le même électorat, rivalisant avec AV sur le terrain du racisme (Romaphobe, notamment) et de la xénophobie ;

-Passos Coelho (PSD ; Ex-Premier-Ministre) : Une relation de proximité, revendiquée ces derniers jours par AV ? ;

-Rui Rio (PSD ; Actuel président du parti) : Célébrer des accords et des alliances ;

-Marcelo Rebelo de Sousa ("droite sociale") : tracer et maintenir une séparation claire et nette entre "droite dite sociale et humaniste" et extrême-droite ;

-João Ferreira (PCP) : Opposition forte mais sans prendre position en faveur ou contre un éventuel procès d’illégalisation du parti d’extrême-droite Chega ;

-Ana Gomes (liée au PS) : mettre hors la loi le Chega ;

-Marisa Matias (BE) : mettre hors la loi le Chega.

Michel Binet
16 Janvier 2021

 

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3 décembre 2020 4 03 /12 /décembre /2020 13:37

La célébration de Giscard envahit l'espace médiatique. Les hommes politiques de droite et de gauche se bousculent pour célébrer le " modernisateur" du pays. Emmanuel Macron lui rend un hommage dithyrambique.

En réalité, ce conservateur bon teint craignait fortement une nouvelle grande vague sociale équivalente à mai 68.

Il choisit donc de céder du terrain dans le domaine tels que l'âge du vote et les droits des femmes. Dans ce domaine il faisait face à de grandes mobilisations autour du droit à l'IVG: procès de Bobigny, Manifeste de 343 femmes, actions et manifestations du Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception.

Mais plusieurs aspects sombres de son bilan sont délibérément passés sous silence.

Le premier est que Giscard tenta de forcer au départ des centaines de milliers d’immigrés algériens dont le séjour en France était parfaitement régulier

500 000 Algériens dans le viseur

Nous sommes au milieu des années 1970. Confrontée, à l’époque, à l’une des premières hausses importantes du chômage, la France a interrompu depuis 1974 l’immigration de nouveaux travailleurs.

Mais Giscard veut aller beaucoup plus loin. À ses yeux, il ne suffit pas de stopper les entrées. Il faut aussi renvoyer les immigrés chez eux pour pouvoir « remplacer, par exemple, les éboueurs étrangers par des éboueurs français », relève l'historien Patrick Weil.

Dans son livre (le Sens de la République, Folio poche), l’historien et politologue revient longuement sur les dessous de la politique migratoire de l’ancien président. Il révèle notamment que, de 1978 à 1980, giscard a tout fait pour essayer d’organiser le retour, de gré ou de force, de plusieurs dizaines de milliers d’Algériens dans leur pays. Choqué par sa découverte dans les archives du Quai d’Orsay, Patrick Weil n’hésite pas à employer le mot de « déportation ».

Dans les premières années de son mandat, VGE met ainsi en place des aides financières "au retour" dans les pays d'origine. Une démarche basée sur le volontariat qui n’aura aucun succès. Alors, en 1978, le président durcit le ton et prône une politique de retour forcé et planifié. Avec en ligne de mire les travailleurs algériens.

En septembre 1978, Lionel Stoleru, alors secrétaire d’État chargé des travailleurs manuels et immigrés, rencontre à Paris l’ambassadeur d’Algérie. Et lui expose l’invraisemblable intention du chef de l’État : organiser le retour forcé de quelque 100 000 Algériens par an pendant cinq ans, soit un total de 500 000 personnes

Des exigences réitérées un mois plus tard lors d’entretiens à Alger. Pour parvenir à ses fins, Valéry Giscard d’Estaing ne recule devant rien. Il envisage de dénoncer les accords de d’Évian de 1962 à la fin de la guerre, qui permettent la libre circulation entre la France et l’Algérie. Mais aussi de changer la législation sur l’immigration pour permettre l’arrêt ou la non-reconduite des titres de séjour de migrants qui vivent pourtant en France depuis parfois plus de vingt ans

« Et les enfants, on en fera quoi ? »

Giscard va devoir rapidement en rabattre sur ses ambitions. Déjà, côté algérien, les autorités refusent toute idée de retours qui ne seraient pas volontaires. Mais surtout, côté français, la réforme des titres de séjour coince au Parlement. Rejetée par l’ensemble de la gauche, elle l’est aussi par les chrétiens-démocrates et certains gaullistes, dont Charles Pasqua pour qui cette mesure met en cause l'héritage de De Gaulle. Cela n'empêchera pas Pasqua de mener plus tard une politique d'alliance avec le FN et une guerre contre le Code de Nationalité

Giscard s’obstine. 

Il fit élaborer un avant-projet de loi visant le non-renouvellement des titres de séjour et de travail. Sa mesure phare : l’instauration de quotas par département. « Ces derniers ont été étudiés pour que les départements hébergeant le plus de Maghrébins aient le taux de renouvellement le plus bas », précise Patrick Weil. Tollé à droite comme à gauche.

Le Conseil d’État recale le texte, mais Giscard s’obstine. Lors d’un conseil restreint à l’Élysée, le 18 décembre 1979, il demande à Jean François-Poncet, son ministre des Affaires étrangères, de négocier au moins avec Alger le retour de 35 000 adultes par an. Dans la marge de ce compte rendu de trois feuillets – dont le service des archives du Quai d’Orsay a confirmé l’existence au journal Jeune Afrique   – Giscard ajoute cette mention manuscrite : « Éviter de parler de quotas d’enfants ».

Séparer des parents de leurs enfants ayant acquis la nationalité française en vertu du droit du sol aurait à coup sûr engendré des drames humains, mais aussi des imbroglios administratifs et une crise diplomatique.

Finalement, confronté à l’opposition de  Simone Veil, de la plupart des membres du gouvernement et du Conseil d’État, Valéry Giscard d’Estaing mettra un terme à son projet en janvier 1980.  De cet épisode giscardien, Patrick Weil retient néanmoins deux choses : « Le projet a été tenté ( par Giscard), mais il y a eu suffisamment de forces dans la société française pour faire prévaloir le principe de liberté et d’égalité. »

 

Giscard et son ministre Papon, bourreau des Juifs de Bordeaux et des Algériens de Paris.

De 1978 à 1981, Papon est ministre du Budget  dans le gouvernement de Raymond Barre ( voir ci-dessous sur ce dernier) Or Papon était déjà connu comme organisateur du massacre des Algériens de Paris, lors de leur manifestation pacifique du 17 Octobre 1961.

A la veille du deuxième tour de l'élection présidentielle de 1981, le Canard Enchaîné révèla le résultat des recherches du résistant et militant Michel Slitinsky . Elles montrent  que Papon a organisé la déportation de 1600 Juifs de Bordeaux vers Drancy. Papon échappera encore à un procès jusqu'en 1997. Condamné à 10 ans de prison, il sera rapidemment libéré sous le prétexte fallacieux d'un "état grabataire".

 

Giscard et son premier ministre antisémite Raymond Barre

                                              Raymond Barre et Maurice Papon

Raymond Barre, premier ministre de Giscard de 1976 à 1981, a  multiplié les déclarations antisémites. La plus connue est celle prononcée lors de la tuerie de la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980.

 Il avait alors déclaré sur TF1: " « Cet attentat odieux voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic »

Mais en réalité cela faisait bien longtemps que Barre était connu pour son antisémitisme. Simone Weil le raconte dans son livre autobiographique " Ma Vie" :

« … Dès 1978, un dérapage verbal en Conseil des ministres avait bien failli mettre le feu aux poudres. Raymond Barre avait évoqué le «lobby juif» dans des termes que j'avais jugés déplacés. Après le Conseil, j'avais déclaré au président qu'en cas de nouvelle sortie de son Premier ministre sur le prétendu «lobby juif», je quitterais aussitôt le gouvernement en disant pourquoi. Giscard était intervenu, et Barre avait ensuite doctement expliqué ce qu'il avait voulu dire; à l'entendre, j'avais mal interprété ses propos.

Deux ans plus tard, après l'attentat de la synagogue de la rue Copernic, sa langue (Barre) avait à nouveau fourché. Alors que son ministre de l'Intérieur, Christian Bonnet, évoquait l'hypothèse d'un coup monté et que le président de la République s'abstenait de toute déclaration, Raymond Barre avait déploré la mort, à côté de juifs, de « Français innocents»… »

Barre a défendu Papon lors de son procès mais aussi le dirigeant du FN Bruno Gollnisch.  Il  a ensuite maintenu jusqu'à sa mort un antisémitisme constant.  Cela n'a pas empêché de multiples louanges après son décès. Fillon, Sarkozy Bayrou à droite mais aussi certains  dirigeants socialistes qui  en rajoutaient dans la flagornerie, tels Jacques Delors, Michel Rocard et le maire de Lyon, Gérard Collomb.

Giscard fait affaire avec Jean-Marie Le Pen et lui délivre une attestation de non-antisémitisme

En 1987, six ans après sa défaite présidentielle,  Giscard  est candidat à la présidence de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Il déclare, au cours de l'émission " Face au public " du lundi 23 février 1987  sur France-Inter, " qu'il est bien évident que le Front national préfère apporter ses voix à la majorité qu'à l'opposition de gauche... " et que par conséquent " il n'y a rien de dirimant contre le fait que nous apportions éventuellement nos voix à M. Giscard d'Estaing ".

Le président du Front national a rappelé que dès octobre 1986 la candidature à ce poste  de l'ancien président de la République lui était apparue " comme quelque chose d'assez logique ". Une logique que M. Le Pen s'était cependant de réevaluer après le passage de Giscard à " L'heure de vérité " du 11 février 1987 . Interrogé au cours de cette émission sur une éventuelle alliance de la majorité avec le Front national, l'ancien président avait déclaré " qu'en ce qui concerne l'extrême droite, il y a deux choses que nous devons rejeter catégoriquement : l'antisémitisme et le racisme ".

Fallait-il comprendre que le député du Puy-de-Dôme assimilait le Front national à l'extrême droite ? Au surlendemain de cette émission,  Le Pen écrivait à Giscard pour lui préciser qu'il serait " heureux " s'il pouvait confirmer " que telle n'a pas été [sa] pensée et [qu'il] considère que le mouvement [qu'il] préside est respectueux des règles démocratiques et des valeurs nationales ".

 Giscard d'Estaing s'est empressé de se plier aux exigences du dirigeant fasciste. Le 20 février 1987, l'ancien président fait porter une lettre au domicile de  Le Pen " J'ai marqué, dans ma réponse, explique  Giscard , la différence entre l'extrême droite traditionnelle et votre parti (Front national) quand j'ai dit qu'il recueillait aujourd'hui des voix venant d'autres horizons politiques. Comme vous le savez, je cherche en ce qui me concerne à élargir le consensus entre les Français, c'est pourquoi je me félicite chaque fois qu'un des partis démocratiques représenté au Parlement, comme c'est le cas du vôtre, condamne le racisme et l'antisémitisme... Ces sujets peuvent être ainsi bannis de notre débat politique... " Quelques mois plus tard  le " non-antisémite" Jean-Marie Le Pen déclarait sur RTL le 13 septembre 1987:  "les chambres à gaz  sont un détail de l'Histoire". Il ne cessera  plus de répéter ce propos.

On comprend dès lors que le même Jean-Marie Le Pen salue aujourd'hui sur son compte Twitter la mémoire de Giscard et sa "non-déloyauté" à l'égard du Front National.

 

 
Contrairement à Chirac, Valéry Giscard d'Estaing ne fut jamais déloyal à l'égard de la droite nationale. Son prisme de gauche nous opposait sur des sujets majeurs aux conséquences néfastes. Je salue cependant sa mémoire avec une forme de nostalgie.

Le bilan de Giscard est ainsi entièrement négatif dans le domaine du racisme et de l'antisémitisme, sans compter son refus d'abolir la peine de mort et de gracier des condamnés à mort.

MEMORIAL 98

 

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31 août 2020 1 31 /08 /août /2020 18:55

 

 

Portugal : origines et conséquences de l’entrée au Parlement d’un député d’extrême-droite

 



 

L’élection d’un député d’un nouveau parti (Octobre 2019): Quel siège lui réserver à l’Assemblée de la République ?

 

À l’annonce des résultats des élections législatives du 6 octobre 2019, les citoyens portugais ont constaté qu’un parti tout récemment créé, formellement reconnu le 9 avril 2019 par le Tribunal Constitutionnel (en dépit de plus de 2000 fausses signatures), dénommé Chega (Trad. « Ça suffit ! » / « C’est assez !» ) (CH), est parvenu à faire élire son fondateur, André Ventura, à un poste de député.

 

Lien – Fausses signatures : https://www.sabado.pt/portugal/detalhe/partido-chega-apresentou-2600-assinaturas-invalidas-ao-tribunal-constitucional

 

Lien – Résultats électoraux: https://www.eleicoes.mai.gov.pt/legislativas2019/index.html#none

 

Le Président de l’Assemblée de la République, Eduardo Ferro Rodrigues (élu par le Parti Socialiste – PS), propose que soit attribué à André Ventura (CH) un siège situé à l’extrême-droite de l’hémicycle parlementaire, proposition qui est ratifiée par le Conseil des leaders des groupes parlementaires, début octobre 2019.

 

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Figure 1 - Distribution des sièges à l'Assemblée de la République à l'issue des Élection législatives d'Octobre 2019 (Source: TSF)

 

Lien – Un siège à l’extrême-droite: https://www.tsf.pt/portugal/politica/lugares-no-hemiciclo-ja-estao-distribuidos-pelo-menos-para-a-primeira-sessao-11412413.html

 

Cette décision collective engage bien-sûr, de la part des parlementaires portugais concernés, une lecture politique du programme et des prises de position publiques d’André Ventura et de ce nouveau parti, qui situe ceux-ci à l’extrême-droite.


 

Préhistoire de l’élection d’André Ventura (1) : Sortie de la dictature et Décolonisation tardives

 

C’est seulement en 1974, avec la chute du régime dictatorial salazariste, que la décolonisation de l’Afrique lusophone a démarré. Les estimatives du nombre d’ex-colons retournés au Portugal sur les années 1974-1979 oscillent entre 500.000 et 800.000. Ce flux migratoire est considérable, si on le rapporte à la dimension de la population portugaise, d’environ 10 millions.

Dans un article publié récemment, en 2019, dans la revue de sciences sociales Análise Social, Elsa Peralta estime, par contraste avec le cas de la décolonisation de l’Algérie, que la population des ex-colons portugais, qui ne s’est pas concentrée à son retour sur une seule ville mais s’est dispersé territorialement, s’est relativement bien réinsérée et diluée socialement. Il n’existe pas un mouvement communautaire des ex-colons, qui, à la date de publication de l’article, aurait une traduction sur le plan politique, notamment.

Toutefois, des enquêtes citées par Elsa Peralta indiquent une tendance des ex-colons à voter plus à droite que le reste de la population ainsi qu’un fort rejet du vote communiste, qui, toutefois, ne s’étend pas aux autres partis de gauche.

Cette entrée récente au parlement d’un parti d’extrême-droite change la donne, et le piods des ex-colons dans la montée en cours, enregistrée dans les sondages, des intentions de vote en faveur du Chega, reste à déterminer. Affaire à suivre, donc.

Par contre, Elsa Peralta admet d’ores et déjà l’hypothèse d’une association entre la population des ex-colons et le développement de la fachosphère sur la toile, j’y reviendrais. Elle cite, par exemple, les manifestations de joie et la prolifération de fake news relatives à l’histoire de la décolonisation, à l’annonce de la mort de l’ex-président Mario Soares, sur des blogs et des pages Facebook liées à l’extrême-droite.

 

Ref. – Peralta, E. (2019) ‘A integração dos “retornados” na sociedade portuguesa: identidade, desidentificação e ocultação’, Análise Social, 231(LIV-2o), pp. 310–337.


 

Préhistoire de l’élection d’André Ventura (2) : la circulation controversée des idées et des hommes entre la droite et l’extrême-droite

 

Certaines prises de position d’André Ventura sur des thèmes sensibles du point de vue du racisme, tels que ceux de l’immigration et de la communauté gitane, qui ont motivé l’attribution de cette position à l’extrême-droite dans l’hémicycle parlementaire, ne sont pas nouvelles, bien malheureusement.

Les partis de droite, représentés de longue date à l’Assemblée de la République, ont exploité à des fins électorales ces thèmes, à plusieurs reprises, contribuant ainsi à les propager et à les légitimer auprès de leur électorat. C’est d’ailleurs le parti positionné le plus à droite au sein de l’hémicycle, le CDS-PP, au coude à coude aujourd’hui avec André Ventura, qui a le plus fréquemment et radicalement pris des positions alignées sur l’extrême-droite sur ces thèmes sensibles, au long des années antérieures, sous le leadership notamment de Paulo Portas.

 

Lien – Quand Portas (CDS-PP) était Ventura (CH) : https://www.sabado.pt/portugal/politica/detalhe/quando-portas-era-ventura-as-bandeiras-do-cds-agora-sao-do-chega

 

Entre droite et extrême-droite, ne circulent pas seulement des idées, mais aussi des militants et des votants, comme en atteste le parcours d’André Ventura lui-même.

C’est sous la bannière du plus grand parti de droite, le PSD, en coalition avec un parti monarchique, qu’André Ventura a obtenu aux élections municipales de 2017, à Loures, un premier mandat de conseiller municipal, au terme d’une campagne controversée, construite sur des thèmes racistes, ayant pour principale cible la communauté gitane.

 

Lien – Controverses à gauche et à droite provoquées par une campagne électorale raciste menée par André Ventura sous la bannière d’un parti de droite (PSD): https://www.rtp.pt/noticias/politica/ventura-acusa-cds-pp-de-ceder-em-loures-a-pressao-da-esquerda_n1015614

 

Selon des résultats d’un sondage récent de l’European Social Survey (ESS-9), plus de 60% de la population portugaise a l’opinion que l’intelligence est déterminée racialement, alors que seulement 11% rejetterait totalement toute opinion alignée avec le racisme biologique.

 

Lien – Plus de 60% des portugais ont des opinions racistes : https://www.publico.pt/2020/06/27/sociedade/noticia/european-social-survey-62-portugueses-manifesta-racismo-1921713


 

Préhistoire de l’élection d’André Ventura (3) : la fachosphère et la colonisation des réseaux sociaux par l’extrême-droite

 

La relation des (1) regroupements visant la constitution d’un parti et la participation au système partidaire en vue d’une entrée au parlement (PNR et CH) avec (2) les groupuscules qui visent à occuper la toile, les

stades de football et les rues par des agressions verbales et physiques, est assez proche de ce qui s’observe en France. Il y a à la fois des rapprochements et des mises à distance, car un parti comme le Chega ne peut pas renier ses liens idéologiques à ces groupuscules et, en même temps, les stratèges du parti savent que tout lien rendu public aux actes de violence commis par ces groupuscules lui fait courir un risque sur le plan électoral.

 

En dépit de cette tension, le Parti National Renovateur (PNR) a affiché des liens forts et publics à Mário Machado, principal fondateur et leader de groupuscules d’extrême-droite du Portugal, ce qui expliquerait ses échecs électoraux, qui ne lui ont jamais permis d’entrer au parlement.

 

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Figure 2- Campagne xénophobe du PNR, parti d'extrême-droite sans représentation parlementaire


 

Les groupuscules d’extrême-droite sont porteurs d’une culture de violence et sont impliqués dans des activités illégales (trafic d’armes, prostitution, drogue).

 

Lien – Opération policière et judiciaire contre Portugal Hammer Skins (PHS) : https://www.dn.pt/edicao-do-dia/19-mai-2020/skinheads-em-portugal-a-organizacao-as-musicas-os-codigos-e-o-amor-a-hitler-12209172.html

 

Au Portugal comme ailleurs, les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la dissémination et la banalisation du mal qu’incarne l’extrême-droite. La crise des réfugiés, l’élection de Donald Trump aux USA, l’élection de Jair Bolsonaro au Brésil, sont autant de jalons d’un processus de banalisation et de radicalisation des opinions d’extrême-droite sur la toile. Les violences langagières, les attaques personnelles, les insultes racistes, relayées par de nombreux faux profils, ont proliféré et contribué à construire le soutien électoral du Chega.

 

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Figure 3- Un Templier sur fond de caravelles: Profil d'un militant d'extrême-droite sur Facebook, célébrant la victoire violente sur autrui au nom de la chrétienté et les découvertes des chemins maritimes à des fins coloniales

 

La manifestation d’opinions hostiles aux réfugiés, favorables à Trump et à Bolsonaro, a facilité la transformation d’une masse inorganique et atomisée de sympathisants d’extrême-droite, sans lien directe avec les groupuscules d’extrême-droite, en un parti politique parvenant à se faire représenter au parlement, objectif jamais atteint par un autre parti d’extrême-droite, le Parti National Rénovateur (PNR), fondé en 2002.


 

La nethnographie, ou étude descriptive et analytique des réseaux sociaux, est l’une des approches permettant d’établir très solidement l’ancrage à l’extrême-droite du Chega.

 

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Figure 4- Capture d'écran sur Facebook du mural d’une page d’extrême-droite intitulée « Portugal, mon pays » : Fake news et violence des attaques xénophobes contre la députée Joacine Katar Moreira (21/08/2020)

 

Cette capture d’écran (Figure 4) reproduit un post qui constitue un fake news et ses commentaires, banalement très violents, au sens où ce n’est qu’un exemple choisi parmi une pléïade d’autres exemples possibles.

Le post attribue à la députée Joacine Katar Moreira un discours, qu’elle n’a évidemment jamais proféré, qui consisterait à défendre la mise en place d’un système de quotas à l’université pour compenser une prétendue infériorité raciale des étudiants afrodescendants sur le plan de l’intelligence, ainsi que dans les prisons, pour y limiter leur nombre.

Traduction des commentaires :

 

  • Et après ça c’est nous européens qui sommes Racistes et xénophobes. Et les déclarations de cette bégayeuse qui infériorisent les africains... comment vous les classez ?

  • Grande retardée mentale, cette députée.

  • Cette noire avec ce qu’elle dit ni comme pute elle ferait l’affaire

  • En fin de compte elle a même raison... c’est d’elle-même qu’elle parle... tristesse

  • Grande idiote comment es-tu parvenue à être députée ? Par quotas ou par mérite ?

 

Lien – Harcèlement moral sur les réseaux sociaux contre la députée Joacine Katar Moreira : https://poligrafo.sapo.pt/politica/artigos/a-guerra-de-desinformacao-odiosa-contra-joacine-katar-moreira


 

Autodéfinition de soi du nouveau parti au sein du Parlement européen : Identité et Démocratie

 

Du côté du Parlement européen, la demande d’adhésion du parti Chega (CH) au groupe politique, bien peu démocratique, Identité et Démocratie, adressée par André Ventura, est un acte d’autodéfinition de soi comme parti d’extrême-droite, cherchant notamment à se rapprocher et à s’allier au Rassemblement National de Marine Le Pen.

 

Lien – Demande d’adhésion au groupe Identité et Démocratie : https://www.sabado.pt/portugal/detalhe/chega-junta-se-ao-partido-europeu-de-le-pen-e-salvini

 

Lien – Volonté de rapprochement à Marine Le Pen : https://jornaleconomico.sapo.pt/noticias/andre-ventura-confirma-encontro-com-marine-le-pen-a-8-de-outubro-614212


 

Prises de position politiques d’André Ventura en tant que député et survenue croissante d’événements racistes

 

-21 novembre 2019 | Lors d’une manifestation des forces de police au pied du parlement, André Ventura rejoint les manifestants et est ovationné.

 

Lors du débat de fin de compagne électorale qui a réuni l’ensemble des leaders des petits partis encore sans représentation parlementaire le 30 septembre 2019, André Ventura (CH) et José Pinto Coelho (PNR) ont tous les deux portés chacun le bracelet du mouvement de protestation policière autodénominée Mouvement Zéro (M0).

Ces deux faits attestent d’une forte pénétration des forces policières par l’extrême-droite, d’abord par le PNR et aujourd’hui par le Chega.

 

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Figure 5- André Ventura (CH) montrant son bracelet du M0 et faisant état de sa solidarité avec les policiers, lors du débat télévisé du 30 septembre 2019

 

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Figure 6- José Pinto Martins (PNR) portant le bracelet du M0 lors du débat télévisé du 30 septembre 2019

 

Lien – Préoccupation des associations policières et des services de renseignement sur les liens du Mouvement Zéro (M0) à l’extrême-droite : https://www.sabado.pt/portugal/detalhe/secretas-atentas-a-guerra-pelo-controlo-das-policias


 

-28 janvier 2020 | Propos racistes au parlement, dirigés contre Joacine Katar Moreira, députée

 

Lien – Invitation de la députée Joacine Katar Moreira à «rentrer chez elle» : https://www.publico.pt/2020/01/28/politica/noticia/andre-ventura-propoe-joacine-devolvida-pais-origem-livre-acusao-racismo-1902024

 

Lien – Eduardo Ferro Rodrigues (PS), Président de l’Assemblée de la République, Ana Catarina Mendes, leader du groupe parlementaire du Parti Socialiste (PS), et Pedro Filipe Soares, leader du groupe parlementaire du Bloc de Gauche (BE), manifestent publiquement, dans la presse et sur les réseaux sociaux, les propos racistes d’André Ventura : https://www.tsf.pt/portugal/politica/ferro-rodrigues-afirma-que-palavras-xenofobas-de-ventura-merecem-veemente-condenacao-11765101.html

 

-16 Février 2020 | Insultes proférées lors d’un match de football contre Moussa Marega, joueur né français afrodescendant, provoquent sa sortie de terrain : un événement sans précédent dans l’histoire du football portugais

 

lien – Marega abandonne le match à cause d’insultes racistes : https://www.dn.pt/desportos/inedito-no-futebol-portugues-marega-abandonou-o-jogo-devido-a-insultos-racistas-video-11828099.html

 

 

-7 mai 2020 | André Ventura propose une politique de confinement obligatoire de la communauté gitane

 

Lien – Dénonciation publique de la proposition d’André Ventura de confinement obligatoire des gitans : https://observador.pt/2020/05/06/figuras-publicas-e-associacoes-repudiam-afirmacoes-de-andre-ventura-sobre-ciganos/

 

-12 juin 2020 | Tags racistes sur les façades du Centre d’accueil des réfugiés et des lycées : « Dehors les noirs ! Déportation immédiate des minorités ! » / « Mort aux noirs de merde ! Retournez en Afrique ! » / « L’Europe aux européens. Mort aux réfugiés. Dehors les arabes et les noirs ! »

 

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Figure 7- Tags racistes (12 juin 2020)

 

27 juin 2020 | Manifestation “anti-(anti-raciste)” convoquée par le Chega sur le mot d’ordre «Portugal n’est pas raciste», en réponse au mouvement de solidarité qui a fait suite à l’assassinat de George Floyd

 

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Figure 8 - Négationnisme: des racistes niant l'existence de racisme au Portugal

 

Quelques jours auparavant, Mário Machado, leader des groupuscules d’extrême-droite, a appelé à la participation de ses militants et sympathisants à la manifestation du Chega, en leur priant d’éviter de faire le salut nazi et d’arborer des symboles nazis. André Ventura ne réagit pas publiquement, en faveur ou contre cet appel de Mário Machado. Nous retrouvons ici la tension que nous avons déjà mentionnée entre les composantes de l’extrême-droite, à savoir, les partis et les groupuscules.

 

Lien – Appel de Mário Machado à se joindre à la manifestation du Chega du 27 juin 2020 : https://visao.sapo.pt/atualidade/politica/2020-06-19-mario-machado-apela-a-participacao-da-extrema-direita-na-manifestacao-do-chega/

 

-18 juillet 2020 | Tag raciste sur la façade de l’immeuble de l’association SOS Racismo

 

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Figure 9- Tag contre SOS Racisme: «Guerre aux ennemis DE MA PATRIE»


 

-25 juillet 2020 | Assassinat à arme à feux de Bruno Condé, acteur de théatre noir de peau, par un ex-combattant des colonies, qui a proféré des insultes racistes lors de son crime et plusieurs jours auparavant, suite à un incident.

 

La police de sécurité publique (PSP) nie le caractère raciste de l’assassinat, alors que les commentaires racistes prolifèrent sur les réseaux sociaux. Des manifestations appelant à la justice se multiplient.

 

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Figure 10- Manifestation appelant à la justice et à la reconnaissance du caractère raciste du meutre de Bruno Candé

 

Le Président de la République et le Premier Ministre restent silencieux. Ils ne présentent même pas leurs condoléances à la famille de la victime.

 

-2 août 2020 | Nouvelle manifestation “anti-(anti-raciste)” convoquée par le Chega

 

-8 août 2020 | Manifestation nocturne d’une vingtaine de personnes masquées, armées de torches, devant l’immeuble de l’association SOS Racismo : une tentative d’intimidation des militants antiracistes.

 

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Figure 11- Tentative d'intimidation faisant référence au Ku Klux Klan (KKK)

 

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Figure 12 - Utilisation de torches, allusives au KKK

 

12 août 2020 | Envoi par courriel d’un ultimatum de 48 heures pour sortir du pays visant 10 personnes, militantes antiracistes et antifascistes, dont trois députées, par un groupuscule d’extrême-droite récemment constitué, le Nouvel Ordre d’Avis, sous le leadership, encore une fois, de Mário Machado.

 

Le texte du courriel est le suivant :

 

«Le Nouvel Ordre d’Avis – Résistance Nationale informe :

 

  • Beatriz Gomes [Députée, Bloc de Gauche - BE]

  • Danilo Moreira [Militant antifachiste, Frente Unitária Antifascista – FUA ; Dirigeant syndical]

  • Joacine Katar Moreira [Députée, indépendante ; excandidate du Livre, parti de gauche]

  • Mamadou Ba [Militant antiraciste, SOS Racismo]

  • Jonathan Costa [Militant antifachiste, Frente Unitária Antifascista – FUA]

  • Rita Osório [Militante LGBT ; coord. de la FUA ; membre de la Plataforma Antifascista de Lisboa e Vale do Tejo - PALVT]

  • Vasco Santos [Militant antifachiste, Frente Unitária Antifascista – FUA ; candidat du MAS, parti de gauche ; dirigeant syndical]

  • Luís Lisboa [Militant antifachiste]

  • Melissa Rodrigues [Militante antifachiste]

  • Mariana Mortágua [Députée, Bloc de Gauche - BE]

 

Nous informons qu’a été attribué un délai de 48 heures pour que les dirigeants antifascistes et antiracistes inclus dans cette liste démissionnent de leurs fonctions politiques et quittent le territoire portugais.

 

Une fois terminé ce délai, des mesures seront prises contre ces dirigeants et leurs familles, de manière à garantir la sécurité du peuple portugais. Le mois d’août sera un mois de lutte contre les traîtres de la nation et leurs alliés. Le mois d’août sera le moi de la reconstruction nationale.

 

NOA-RN»

 

Cette fois-ci, le Président de la République, le Gouvernement, le Président de l’Assemblée de la République, les chefs de parti, droite y compris, ont répudié publiquement cet acte de menace. Des mesures de protection policière de ces dix militants ont été prises et une enquête est en cours. L’une des questions ouvertes concernent des éventuelles liaisons d’André Ventura à Mário Machado, soupçonné d’être l’un des organisateurs de la tentative d’intimidation du 8 août et de l’envoi de ce courriel.

 

-21 août 2020 | André Ventura informe la presse qu’il a convoqué une réunion extraordinaire du Chega afin d’« évaluer l’infiltration du parti par l’extrême-droite », manière de laisser entendre que le parti ne serait pas d’extrême-droite et que si l’enquête en cour établit que certains militants du parti sont coupables d’avoir organisé ou participé aux événements du 8 août et du 12 août derniers, ce sera la preuve que le parti a été la victime d’une manœuvre d’infiltration de la part du groupuscule Nouvel Ordre d’Avis.

 

Il s’agit bien évidemment de la mise en place d’une stratégie de défense de mauvaise foi face à l’enquête policière en cours, qui risque d’incriminer des membres du Chega.

 

Affaire à suivre...

 

Lien – Réunion d’urgence afin d’évaluer l’infiltration du parti par des membres de groupuscules d’extrême-droite : https://www.publico.pt/2020/08/21/politica/noticia/reuniao-emergencia-chega-avaliar-infiltracoes-extremadireita-1928851?fbclid=IwAR2Q1lvspckxn2GwWwp-REa6ViKwdtinX6X0AbfxvTM6jDVX97hCzuSq-WM

 

Michel Binet

 

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Figure 13- « Ah, mes amis, ce n'est rien »

Michel Binet pour MEMORIAL 98

Nous remercions l'auteur, universitaire et antiraciste portugais, pour cette contribution à l'histoire de l'extrême-droite au Portugal. 

 

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2 août 2020 7 02 /08 /août /2020 10:56
                                         
                                                            Des Roms déportés

 
 
A Auschwitz-Birkenau, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, 2897 Roms survivants dans le camp, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards, furent assassinés dans les chambres à gaz lors la liquidation du « Zigeunerlager » (« le camp des tsiganes »)
 

Le « Zigeunerlager » avait été établi par un décret de Himmler en décembre 1942.

Le 29 janvier 1943, son administration, le RHSA, ordonne la déportation de tous les Roms d'Allemagne et des pays occupés vers Auschwitz ( ci-dessous)
 

Déjà le 8 décembre 1938, dans le décret sur « la lutte contre le fléau tsigane » Himmler avait ordonné le recensement "intégral" des Tsiganes. A partir de 1940, ils furent déportés par milliers dans des camps de travail et des ghettos en Pologne, en application de l’ordonnance nazie du 27 avril 1940 dite de « transplantation » ( Umsiedlungserlass ) .
 
Au total, 20.000 Roms sur les 23.000 détenus dans le "Zigeunerlager" à Auschwitz-Birkenau y ont trouvé la mort  à partir du début de 1943. 13.000 d’entre eux étaient originaires d’Allemagne et d’Autriche, les autres venant de pays soumis au Troisième Reich ou collaborant avec lui.
Entre avril et juillet 1944, environ 3.500 Roms et Sinti ont été transférés vers d’autres camps. Certains d’entre eux ont survécu aux épreuves de la persécution, mais 85 % de ceux qui ont été transportés initialement  à Auschwitz Birkenau ont été exterminés.
 
Les historiens estiment que les nazis et leurs alliés auraient exterminé 500 000 Roms et Sintis soit entre le tiers et la moitié de la population tzigane vivant en Europe avant la guerre. 
Un exemple particulier est celui du lieu de mise à mort de Babi-Yar en Ukraine avec ses exécutions précoces dès 1941 ( voir ici)

 

 

                                               Commémoration Rom à Auschwitz-Birkenau
 

Pendant des décennies, les Roms et Sinti qui avaient survécu aux persécutions nazies ont été réduits au silence.
Après 1945, de nombreux pays n’ont ni reconnu ni condamné leurs persécutions raciales, et ils ont en outre continué leurs pratiques discriminatoires à l’égard des Roms et des Sinti, y compris dans le processus de restitution des biens pillés par les nazis.  
Du fait que la commémoration dépend de la reconnaissance officielle ainsi que de la recherche et de l’historiographie, les souffrances des Roms et des Sinti ont très peu attiré l’attention.
 
Face à cette situation, les Roms et les Sinti ont longuement  lutté pour être reconnus et occuper la place qui est la leur parmi les victimes du régime nazi.

C'est en 1979 seulement que l’Allemagne de l'Ouest a reconnu officiellement que l’extermination des Roms et des Sinti était fondée sur des raisons raciales, par décision du Parlement de la république fédérale d'alors .

C'est à partir de 1984 que les Roms et les Sinti eux-mêmes ont commencé à commémorer leur génocide à Auschwitz, le 2 août, date de la liquidation du  « Zigeunerlager », avec la participation des représentants des États et de la communauté internationale .

C'est en 2001 seulement que le musée national d’Auschwitz a ouvert une exposition permanente sur le génocide des Roms et des Sinti.  Ce pavillon  représente maintenant un lieu de mémoire important qui documente l'ensemble du processus de persécution mis en œuvre par les nazis et leurs alliés, dont la France de Pétain
C'est depuis 2015 seulement que  la date du 2 août a été reconnue officiellement par le parlement européen comme " Journée européenne de commémoration de l'Holocauste des Roms"
 
On l’appelle « Porajmos », « Samudaripen », holocauste rom, ou encore « Kali Traš »,( littéralement « Terreur noire »).
En 2010, en France  le secrétaire d'État aux anciens combattants  a évoqué la participation de la France à l'internement des Tziganes, lors d’une Journée nationale de la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’État français.
 Trente et un camps, dans lesquels furent internés entre 6 000 et 6 500 "nomades", ont été gérés par les autorités françaises jusqu’en 1946. En 2016, François Hollande, lors d’une cérémonie d’hommage sur le site du plus grand de ces camps, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), déclarait :
« La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame ».
On connaît le sort de discrimination et de racisme qui continue à accompagner la vie des populations Roms en Europe, notamment en Hongrie et Slovaquie
C'est aussi le cas dans des pays  comme l'Italie.
En France les Roms sont la cible de multiples attaques venant de tous les bords; certains responsables de l'UMP se sont spécialisés dans la dénonciation haineuse des Roms à la suite de Sarkozy et de Le Pen.

Mais à gauche aussi,  les propos et les actes discriminatoires à leur égard perpétuent l'oppression dont sont victimes ceux qui ont payé un si lourd tribut au nazisme. 
Ils continuent à subir des attaques violentes alimentées par des rumeurs complaisamment répandues, notamment sur les réseaux sociaux .
Ce fut le cas notamment en Mars 2019 en Seine Saint-Denis et dans d'autres localités d'Ile de France ( voir recensement ici), après qu'une rumeur ait circulé sur les réseaux sociaux selon laquelle des Roms, à bord d'une camionnette, kidnapperaient des enfants.
 
 
 
Nous rendons un hommage particulier à Raymond Gurême, l’un des derniers témoins de la déportation tzigane. Cet ancien déporté est décédé le 24 mai 2020 à l'âge de 95 ans.
Il  était un défenseur de la mémoire de la déportation et de la culture tzigane.
Raymond Gurême est décédé le 24 mai
Raymond Gurême est décédé le 24 mai (©DR)

 

Interné au camp de Linas-Montlhéry

 Il était l’un des derniers survivants du camp dit « d’internement des nomades » qui avait vu le jour en quelques heures à Linas-Montlhéry ( Essonne) , en novembre 1940.

 

Né au cœur des années 1920 dans une famille française tzigane, Raymond Gurême se destinait à suivre les pas de ses ancêtres dans le cirque familial ambulant. Mais tout bascule au moment des années 1940, quand l’ensemble de sa famille est arrêtée par la police française.

Après quelques jours près de Rouen dans le camp de Darnétal, il finit par atterrir au camp de Linas-Montlhéry. Avec sa famille, ils y connaîtront le froid, la faim ou encore la soif sous l’indifférence de leurs geôliers.

Un des derniers témoins

Parvenu à s’échapper à maintes reprises de camps et de situations périlleuses, il prend ensuite le chemin de la Résistance. Son action dans ses rangs lui permettra d’aider les siens et son pays, la France. 

D’ailleurs, il ne reverra ses proches que près de dix ans après le conflit mondial.

Installé à Saint-Germain-lès-Arpajon,il  passé une partie de sa vie à transmettre son histoire, comme lors de l’inauguration de la stèle en mémoire de la déportation à Brétigny-sur-Orge en 2011.

Père de quinze enfants, il s’est ainsi éteint ce dimanche 24 mai après une longue vie de lutte pour la culture tzigane. 

Le combat continue pour la reconnaissance du génocide des Roms et Sinti et contre les discriminations dont ils sont victimes si fréquemment.

MEMORIAL 98

 
 
 
 
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1 avril 2020 3 01 /04 /avril /2020 17:42

Deux mois après la nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933, les nazis se lancent dans la violence organisée contre les Juifs d'Allemagne.

Dès l'accession de Hitler au pouvoir, de nombreuses attaques contre les Juifs avaient eu lieu dans toute l'Allemagne; les militants nazis, les SA et les SS multipliaient les agressions.

 Mais le 1er avril 1933, ils franchissent un cap et organisent la première action planifiée d'ampleur nationale contre les Juifs avec la mise en place d'un boycott visant les commerces et les professions libérales. La proximité de l’anniversaire de la naissance d'Hitler le 20 avril détermina sans doute également cette date. Les chefs nazis offraient un ainsi un tribut à l’antisémitisme enragé de leur chef.  

Ce boycott fut présenté comme un acte de représailles et de vengeance contre la prétendue  "Gruelpropaganda' (histoires d'atrocités) que les Juifs allemands et étrangers, aidés par des journalistes étrangers, étaient censés faire circuler dans la presse internationale afin de porter atteinte à la réputation de l'Allemagne nazie.

                          " Allemands, n'achetez pas chez les Juifs"  

Le jour du boycott, les soldats des "troupes d'assaut" (Sturmabteilung SA) organisèrent des piquets menaçants devant les magasins, grands et petits, qui appartenaient à des Juifs, et devant les bureaux des médecins et des avocats juifs

L'étoile de David fut peinte en jaune et en noir sur des milliers de portes et de fenêtres, accompagnée de slogans antisémites.

Les inscriptions disaient "N'achetez pas chez les Juifs" et "Les Juifs sont notre malheur" reprenant le slogan forgé par l'historien nationaliste Heinrich von Treitschke en 1879 et repris par les nazis. Les camions de SA et SS circulent dans les villes comme le montrent ces images filmées dans Berlin.

A travers toute l'Allemagne, des actes de violence furent perpétrés contre des Juifs; la police n'intervint que très rarement. 

Le boycott du 1er avril marqua le début d'une campagne d'ampleur nationale du parti nazi contre l'ensemble de la population juive.

Une semaine plus tard, le gouvernement adopta une loi limitant les emplois publics aux seuls "Aryens". Les fonctionnaires juifs, y compris les enseignants des écoles et des universités, furent licen

 

 

 

 

Après cette journée noire du 1er avril, vinrent les lois racistes de Nuremberg et l'ensemble des persécutions mises en place jusqu'au grand pogrom de la Nuit de Cristal le 9 Novembre 1938, annonciateur de la Shoah. 

Voir sur nos deux sites d'autres dossiers sur le nazisme

http://www.memorial98.org/article-30-janvier-1933-le-desastre-114868033.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/02/alerte-en-allemagne-lextreme-droite.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/07/ghetto-de-varsovie-la-deportation-qui.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2017/07/rafle-du-vel-dhiv-une-memoire-presente.html

http://www.memorial98.org/2017/03/le-ghetto-de-cracovie-mars-1943.html

http://www.memorial98.org/2019/10/9-novembre-2019-en-memoire-du-pogrom-nazi-de-la-nuit-de-cristal-rassemblons-nous-contre-le-fascisme.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2015/08/2-aout-71-ans-apres-lextermination-des.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2017/01/allemagne-negationnisme-et.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2016/09/shoah-par-balles-babi-yar-septembre-1941.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2016/11/face-lextreme-droite-cri-dalerte-dune.html

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Rééditer Mein Kampf ?

Berlin : hommage à une Juste allemande

Allemagne: qui protège les néos-nazis?

Les nouveaux amis d'Hitler. 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/05/8-mai-1945-le-nazisme-defait-son.html

 

MEMORIAL 98

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28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 15:50
Rassemblement en hommage aux victimes de la Nuit de Cristal nazie
 
Samedi 9 novembre à 16 h devant le Gymnase Japy, 2 Rue Japy  à Paris dans le 11e arrondissement 
 
Métros: Charonne/Voltaire
 
 
13 novembre 2019: le film de la commémoration 2019
 
Si vous n'avez pas pu participer au rassemblement du 9 novembre à Paris en mémoire de la Nuit de Cristal, voici, quelques jours après, le film qui en retrace le déroulement.
Merci à Bernard Henry-Beccarelli pour son magnifique travail et à tous nos partenaires https://www.youtube.com/watch?v=Zv32N9D2FQc 
Accessible également ici https://vimeo.com/373559126
MEMORIAL 98
 
 
 
Memorial 98 organise pour la sixième année consécutive ce rassemblement en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938, contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer. 
Cette commémoration est soutenue par le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le négationnisme] l’association Ibuka-France (Justice et soutien aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’association Fonds Mémoire Auschwitz  ( AFMA). L'événement Facebook, à partager  largement, est ici  https://www.facebook.com/events/556381271854644/
 

 

La Nuit de Cristal: une étape majeure de la persécution des Juifs 
 
Lors de cette vague de violences organisée par les nazis, plusieurs centaines de personnes juives furent tuées, vingt-six mille arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites ( voir ci-dessous le déroulement organisé par les nazis) .  
 
Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal  a représenté un jalon important.

Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe. 

Les images des synagogues incendiées, des enfants, des femmes et des hommes assassinés, arrêtés en masse, frappés et humiliés en public ne pouvaient pas être ignorées. 


Pourtant, en France les informations venues d'Allemagne ne changèrent pas la situation; ni à la politique de refoulement des Juifs qui tentaient de fuir l'Allemagne, ni à la politique de laissez faire face à Hitler. La France fut ainsi la seule grande démocratie à ne pas avoir dénoncé officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

 

En 2018, à l'occasion du 80e anniversaire de la Nuit de Cristal, Memorial 98 a organisé une conférence spéciale. Trois historiens spécialistes de la Shoah Tal BruttmannLaurent Joly et Marie-Anne Matard-Bonucci,  y ont abordé la place de la Nuit de Cristal dans l'histoire du nazisme et de la Shoah, les réactions en France au lendemain du 9 Novembre 1938 notamment dans l'extrême-droite antisémite et l'imposition des lois  antisémites en Italie quelques semaines avant la Nuit de Cristal .

L'enregistrement filmé de la conférence est à voir ici: https://www.youtube.com/watch?v=LktMd-0B7uI&fbclid=IwAR25sTpjRMgzodzh1flevehe8tNfvH4WS4iTSNl_y2rdjTlGKLxAmLyf7cs

 

L'enregistrement filmé de la  commémoration de 2018 est à voir ici https://vimeo.com/303606032

 

En 2019, soixante-quatorze ans après la défaite du nazisme, l’extrême-droite est à l’offensive partout.

 

Ainsi en Allemagne le 27 octobre, le parti d'extrême-droite AfD atteint 24% des voix lors des élections régionales en Thuringe . Ce score est d’autant plus inquiétant qu’il a été atteint malgré les critiques ayant visé ce parti après le récent attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts, commis par un militant néonazi à Halle dans l’Etat voisin de Saxe-Anhalt le 9 octobre, jour de la plus importante fête juive de Yom Kippour. 

Le chef de file de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, chef de la tendance la plus droitière du mouvement baptisée "l'aile" ( Flügel en allemand) a été accusé, à juste titre, d’avoir préparé le terrain idéologique pour les actes de Halle, où un massacre dans ne synagogue a été évité de peu, par ses déclarations contre la "repentance" pour les crimes nazis. Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de « monument de la honte »
 
Tueries dans des synagogues: Pittsburgh, San Diego, Halle
 
Dans la dernière année des attentats terroristes d'extrême-droite ont frappé plusieurs synagogues, à Pittsburgh le 27 octobre en faisant 11 morts, puis six mois plus tard exactement le 27 avril à San Diego  ( 1 morts et plusieurs blessés) Un attentat d'extrême-droite a fait 51 victimes dans les mosquées de Christchurch.
 
 Il n'est jamais trop tôt pour dire « Plus jamais ça ». Il n’est jamais trop tard pour faire de nos mémoires un outil contre les idées d’exclusion.
 
Memorial 98 et ses partenaires rendront hommage aux victimes de tous les génocides et de tous les actes de racisme pour lesquelles nous demandons la reconnaissance, la justice, la réparation, du génocide des Arméniens  a celui des Tutsi, de celui des Musulmans de Srebrenica  profané récemment par l'attribution du prix Nobel de littérature à Peter Handke, à celui des Yezidis d'Irak, de celui des Rohyngias de Birmanie à celui des Herero  en Afrique australe sans oublier celui des Roms 
Le gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis. 
 
 
Nous allumerons des bougies du souvenir avant des prises de parole qui rappelleront que la mémoire des génocides nourrit nos combats actuels contre le racisme et le fascisme
 


Nuit de Cristal: les SA, les SS et la Gestapo en action

 

Les nazis guettaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendrait, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe».

Le premier acte en sera un vaste pogrom organisé dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à émigrer.

L'attentat à Paris contre le conseiller d’ambassade allemand Vom Rath leur offre un prétexte idéal.

Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Vom Rath.

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le quotidien officiel du parti nazi, le "Völkischer Beobatcher", dirigé par Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Vom Rath est encore vivant :

 "… Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs  tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

Lorsque Vom Rath décède, le 9 novembre, l’organisation de la terreur est en place.

Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier se trouve à Munich, avec la « vieille garde » des Sections d’assaut du parti nazi (SA). Ils sont réunis comme chaque année pour commémorer la tentative de putsch nazi de 1923 qui a également eu lieu le 9 novembre.

 Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA (Sections d'Assaut)"

C'est Goebbels, ministre de la Propagande, qui se charge d'annoncer publiquement le décès de Vom Rath devant l'assemblée des SA, et également d'inciter au pogrom.

Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion  et téléphonent des instructions à leurs sections régionales.

Pour les troupes nazies, il s'agit d’abord  d'incendier les synagogues, sans laisser les pompiers intervenir, de détruire les magasins juifs et d’y apposer des pancartes "Mort à la juiverie internationale", ainsi que de tuer sur place les Juifs trouvés en possession d'une arme.

                               La grande synagogue de Berlin incendiée le 9 Novembre 1938      

 

 

 

 

Dans le même temps, un message secret est diffusé depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) de Berlin.

Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une « extrême rigueur » les Juifs trouvés avec des armes.

Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente un rapport sur la situation à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

Il décrit ensuite précisément son action, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation officielle. La fiction de la « réaction populaire » doit être maintenue.

Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche et Sudètes annexées, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance nazie a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres. 

 

 

 

 

 

 

Pour la mémoire et la mobilisation contre les fascismes 

Il y a 80 ans, les gouvernements européens, pourtant dument avertis, refusaient de regarder la réalité nazie en face.

Ils fermaient leur frontière à ceux qui fuyaient Hitler, et laissaient commencer le massacre des Juifs, qui allait finir en génocide. 

L'Histoire nous montre sans cesse que les violences, les massacres, voire les génocides dirigés contre une partie de la population et considérés ailleurs avec indifférence aboutissent toujours à l'extension de la guerre et de la haine au niveau mondial.

Nous serons ces témoins qui n'oublient aucune victime de la violence fasciste du passé, parce que l'oubli est la meilleure arme des héritiers des bourreaux. 

La mémoire des génocides nourrit nos combats contre le racisme et le fascisme 

 

Retrouvons nous le 9 Novembre 2019 à 16h H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) afin de rendre hommage aux victimes de la Nuit de Cristal et de tous les génocides.

 

MEMORIAL 98

Vous êtes aussi invités à aider à financer les frais liés à l'organisation de la commémoration, en participant à la souscription "Pot Commun" ci-dessous

https://www.lepotcommun.fr/pot/hkegfjbc

~ Organisé par : Memorial 98 ~

 Le 9 novembre 2019, Memorial 98 organise, pour la  sixième année consécutive, une commémoration de la Nuit de Cristal, pogrom d’État perpétré par les nazis le 9 Novembre 1938 contre les Juifs d’Allemagne et d’Autriche

Nous nous rassemblerons comme chaque année à Paris devant le gymnase Japy dans le 11e arrondissement , où furent parqués, sous le régime de Vichy, les victimes des rafles de la police française, avant d'être envoyées dans les camps d'extermination nazis.

Nous aurons la chance d'avoir à nos côtés, les combattants infatigables de la mémoire des génocides arméniens de 1915 et tutsi du Rwanda de 1994 que sont nos amis du Collectif Van et d'Ibuka-France. Ainsi se concrétisera l'esprit de dialogue des mémoires qui est pour nous le seul moyen de faire vivre un antiracisme efficace

Comme chaque année, des gerbes de fleurs seront déposées lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de la Nuit de Cristal. Les jours précédant la commémoration, des collages d'affiches auront lieu dans le quartier, afin de faire vivre une histoire que beaucoup ignorent.

Memorial 98 est un collectif indépendant, nous ne bénéficions d'aucun financement autre que celui de nos soutiens.

Si vous souhaitez et pouvez contribuer financièrement à l'organisation de cette commémoration, nous vous en remercions.

 

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