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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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7 septembre 2019 6 07 /09 /septembre /2019 11:23

Tariq Ramadan, mis en cause pour des violences sexuelles pour lesquelles il est mis en examen, ose comparer son sort à celui du capitaine Dreyfus 

 

Il multiplie les déclarations dans ce sens. Dans livre " Devoir de vérité"  il dresse un parallèle explicite  entre son cas et l'affaire Dreyfus, ce scandale de complot des sommets de l'armée puis de déni de justice et d'antisémitisme à l'encontre du capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort de haute trahison en 1894 avant d'être réhabilité en 1906. Entre-temps il aura passé plus de quatre ans dans le bagne terrible de l'île du Diable.

Ramadan écrit ainsi « Si la France, pour son malheur, n’enfante plus de Zola, elle semble reproduire des Dreyfus, hier juifs, aujourd’hui musulmans. »  et aussi  "Il existe, hélas, de nombreuses similarités entre les deux affaires" . Ramadan répète les mêmes propos lors de son entretien avec Jean-Jacques Bourdin ce 6 septembre, sans que ce dernier réagisse à cette comparaison nauséabonde qui constitue une profanation à caractère antisémite. 

Or Ramadan a maintenu des liens prolongés avec Soral et Dieudonné (voir ci-dessous notre enquête publiée pour la première fois en 2009)  Ramadan a même donné son blanc-seing à la quenelle néo-nazie en niant en en 2013  son caractère antisémite pourtant évident. 

 

 

Le 19 décembre 2013  Ramadan écrit sur sa page Facebook (transcription intégrale) : 

"Quenelle... Je m'y attendais en souriant... On est venu me demander ce que je pensais du nouveau sport national français alternatif que l'on nomme 'la quenelle'. Oser prétendre qu'il s'agit d''un salut nazi inversé' est une supercherie et tout le monde le sait... Même ceux qui s'acharnent à en faire un mot d'ordre antisémite. Une propagande mensongère et malsaine.

 

Je ne suis pas adepte du sens premier, et assez vulgaire à vrai dire, du geste de 'la quenelle'. Mais dans l'esprit de la plupart de ceux qui y participent, dans le jeu comme dans la provocation, il reste une idée qui dépasse son origine, confirme son intention et donne sa puissance à la mobilisation. Le signe de la quenelle veut dire : 'Cessez de nous prendre pour des imbéciles, nous ne nous laisserons ni manipuler ni faire !'

Et ce message, franchement, quenelle ou pas, face aux imposteurs de la pensée et de la politique, il faut le répéter jusqu'à ce qu'il soit entendu...ou même vu... En souriant toujours..." 

 

En se comparent à Dreyfus, Tariq Ramadan bafoue le combat contre l'antisémitisme. Il montre aussi que le recours à l'explication du racisme contre les musulmans ( bien réel)  ne constitue pour lui qu'un prétexte. En réalité, pour sauvegarder ses intérêts personnels, il instrumentalise grossièrement la lutte contre l'islamophobie

MEMORIAL 98 

En 2009 Tariq  Ramadan fréquentait amicalement  Dieudonné et Soral comme nous le relations ici  : 

Dieudonné et Soral sont venus lancer leur campagne « antisioniste » pour les élections européennes, lors du congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF)  au Bourget. Accueillis chaleureusement, ils se sont fait filmer avec un Tariq Ramadan souriant et amical (voir ci-dessus).

 

Ces images serviront la propagande « électorale » de ceux qui espèrent sans doute pouvoir réitérer l’opération "Euro-Palestine" lors des élections européennes de 2004, à laquelle ils avaient participé.
 

Lors du meeting central de cette liste prétendument "antisioniste" et en réalité antisémite au Palais des Sports de Paris, le 8 juin 2004, le duo composé de Siné (innocent, on le sait, de tout antisémitisme) et Soral s’était livré à un exercice connu des rassemblements d’extrême-droite: à la tribune, faire siffler et huer par le public  des personnalités en mentionnant leur patronyme juif (voir notre article Antisémitisme: Siné persiste et récidive )
 

Le site officiel de la liste Euro-Palestine rendait ainsi compte délicatement de cet épisode :
« … Siné et Alain Soral se sont livré avec la salle à un petit jeu de devinettes, consistant à trouver les auteurs d’un certains nombre de phrases incroyables mais vraies, sorties de la bouche de divers supporters de Sharon, mais aussi de politiciens français… »
Après le scrutin, les responsables de la liste avaient fini par écarter Dieudonné et Soral, trop marqués par leurs amitiés négationnistes.

 


La rencontre amicale et filmée du Bourget ne relève pas des images « volées » ou du hasard, puisque Ramadan a publié sur son site officiel un texte de justification dans lequel il mentionne même la mise en garde de ses proches :
 

« …J’étais présent au 26ème congrès de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), ….Alors que je signais des ouvrages, Dieudonné et Alain Soral sont passés devant le stand : ils se sont arrêtés et nous avons eu un échange de quelques minutes. Beaucoup de personnes présentes m’ont reproché de les avoir salués alors qu’il y avait des caméras et des appareils photos qui les accompagnaient et qui « immortalisaient » cette rencontre comme d’autres pendant la durée du congrès. Au moment de notre rencontre, je ne savais pas, au demeurant, que Dieudonné et Soral avaient choisi le congrès du Bourget pour lancer la campagne européenne du « Parti antisioniste » (sic )
 

 

Même justification que le Vatican à propos de l'évêque négationniste Williamson : le pape et son entourage ne connaissaient pas ses propos  négationnistes car ils n’avaient pas eu le loisir de consulter Internet. Notons qu’il y a un autre partenaire à la campagne, en l’occurrence le « parti antisioniste » du centre chiite Zahra-France qui apporte la caution politique et  financière du régime iranien. Cette officine diffuse aussi d’ailleurs une interview complaisante  de Jean-Marie Le Pen à l’occasion d’une réception en l’honneur du 30e anniversaire de la "révolution islamique" à laquelle le chef fasciste a participé. 

Ramadan poursuit sur son site : 
"... J’ai défendu, et je continuerai à défendre, le droit de Dieudonné à s’exprimer. En 2005, j’ai dit et répété publiquement que l’on ne pouvait pas accuser Dieudonné d’antisémitisme alors que, procès après procès, il était blanchi de ces accusations..."

En utilisant cet argument Ramadan se moque du monde.
D’abord parce que Dieudonné à été condamné deux fois dont l’une pour une interview au Journal du Dimanche en 2004. Il y associait les Juifs à des « négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et l'action terroriste » qui auraient « fondé des empires et des fortunes sur la traite des noirs Il fut condamné pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale ou religieuse »

 

 

Surtout, depuis 2005, Dieudonné a radicalisé son propos antisémite et négationniste, jusqu’à faire venir sur la  scène  du Zenith le 28 décembre 2008  Faurisson, symbole et porte- drapeau du négationnisme dont le programme se résume dans la phrase suivante : " les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique" (voir notre article Dieudonné, Faurisson, Le Pen : décryptage. )

 

Quant à Soral, l’espace manque pour citer la litanie de ses propos antisémites
Quelques échantillons permettent de se faire une idée ;  sur Antenne 2  dès le 21 septembre 2004 il avait déclaré, en présence de Dieudonné :
"…Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire -des Juifs-, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans, ils se font dérouiller…
Son site actuel (Egalité et Réconciliation) va jusqu’à publier  un texte intitulé « E&R et la question juive » dont le propos essentiel est de nier l’existence de l’antisémitisme.
Même lors de son départ récent du FN, motivé par sa non-désignation en tête de liste, Soral a trouvé le moyen d’en donner une explication antisémite ;
«…  Vous le savez maintenant, je ne serai pas tête de liste Front national pour l’Ile de France aux Européennes. Je n’ai rien à faire sur la liste Dubois, pas seulement parce qu’il est débile et bègue, mais parce que ce libéral atlanto-sioniste est sur une ligne diamétralement opposée à la mienne.
…du Front seront sans doute très étonnés d’apprendre que c’est Marine, qui s’est le plus violemment opposée à mon investiture, puis à ma deuxième place, allant jusqu’à déclarer, en pleine ratonnade à Gaza, qu’elle me préférait Sulzer ( qui est  secrétaire du groupe FN au  conseil régional du FN et Juif NDLR)…
…A ceux que ça étonne d’apprendre que c’est la « bande à Marine » - cet agglomérat de multi-transfuges, de marchands du Temple et de cage aux folles - qui a tout fait pour me barrer la route et me neutraliser depuis deux ans, et ce malgré la confiance et l’amitié que m’accordait le Président, le respect et la neutralité courtoise d’un Bruno Gollnisch, je dois encore une explication…
Marine ne s’oppose jamais qu’en surface aux intérêts et à la logique de l’Empire. Ses vociférations d’avocate sur le pouvoir exorbitant des grandes surfaces lui permettant de couvrir son silence exorbitant sur le pouvoir d’autres puissances bien plus déterminantes pour l’avenir de la France et des Français, pouvoir d’achat compris !Haro donc sur Leclerc, mais silence sur Tskhinvali et Gaza… Ne restera plus ensuite, l’épuration achevée, à faire payer aux pauvres noirs et aux pauvres arabes, tous déclarés islamistes et complices du terrorisme, la souffrance imposée au peuple de France par les riches blancs, pas toujours catholiques, planqués dans leurs paradis nomades, à New-York et à Miami… »

 

On est dans la tonalité des années 1930 et  du journal « Je suis partout «  de Robert Brasillach.
Soral, prétendument « marxiste », s’est aussi lancé récemment dans le soutien au pape Benoît XVI sur Williamson et le préservatif, tout en fustigeant sa visite prévue au Mémorial de la Shoah à Jerusalem en déclarant  : 

"…Le plus triste dans cette histoire qui n’est pas finie – Benoît XVI devant se rendre très prochainement dans cette merveilleuse démocratie du Moyen-Orient qu’est Israël pour y lécher, conformément au rite de soumission mondialiste, la dalle de Yad Vashem et y abjurer un peu plus la religion du Christ, au profit de l’hérésie siono-shoatique…"

Devant cette profusion de déclarations antisémites bien connues, Tariq Ramadan opère en réalité un choix politique délibéré  consistant à s’afficher publiquement et amicalement avec le duo faurissonien.
Il est bien loin de ses condamnations antérieures de l’antisémitisme.

Ses « témoins de moralité » issus de la gauche radicale, qui l’ont tant défendu quand en octobre 2003 il a mis en cause les « intellectuels communautaires » juifs dans un texte publié sur les listes de discussion Internet du Forum social européen réagiront-il enfin ? Olivier Besancenot revendique de « faire le ménage des antisémites » lors des manifestations pour la Palestine (il s’agit en l’occurrence d’expulser Soral) mais son camarade Daniel Bensaïd reviendra-t-il sur le soutien sans faille qu'il a alors apporté à Ramadan ?
Celui-ci tente dans son texte un balancement rhétorique en formulant une divergence : « Je refuse néanmoins de la même façon les potentielles instrumentalisations de ma personne ou de ma pensée. J’ai dit et répété que rien, jamais, ne peut justifier un rapprochement avec l’extrême droite dont l’idéologie et les projets politiques sont à l’antithèse de ce que je défends. Je l’avais dit à des militants d’extrême droite comme à Marine Le Pen. Lors de notre courte rencontre au Bourget, c’est ce que j’ai dit et répété à Dieudonné et à Soral…»

Ramadan veut ainsi faire croire que lors de cette « courte » rencontre, dont le caractère amical et souriant est évident, il a trouvé le temps de sermonner le duo et les a mis en garde contre leurs alliances. Quelle blague ! A qui veut il faire croire qu’une telle discussion se tient devant les caméras ?

 

De plus sa seule critique contre les alliances avec le FN convient parfaitement au duo. Dieudonné se prétend proche de Bové, bien qu’ayant fait baptiser sa fille sous le parrainage de Le Pen, dans une église intégriste de Bordeaux. Soral vient de quitter le FN,  après y avoir fait une carrière météorique sous la protection de son dirigeant. Son slogan est «  Gauche du travail, droite  des valeurs » qui évoque irrésistiblement le socialisme national ou national-socialisme
Ramadan conclut :
« …Entre la diabolisation et l’instrumentalisation potentielles des uns et des autres, ma position reste claire : rencontrer, écouter, débattre, critiquer. Cela veut dire refuser les atteintes (très sélectives) à la liberté d’expression (et donc défendre le droit de Dieudonné ou Soral à s’exprimer ou à se produire en France)… »

A nouveau, Ramadan épouse ainsi  la posture de Dieudonné et Soral qui en font leur argument central. Il vient aussi au secours des  Le Pen , Gollnisch,  Horst Mahler , David Irving  et tutti quanti, négationnistes et néo-nazis, prétendument empêchés de s’exprimer.

 

Nous ne nous réjouissons pas que Tariq Ramadan « dévoile » enfin ses positions et apporte ainsi la preuve qu'il pratique un double langage. La lâcheté dont il fait preuve à l’égard  du duo néo-nazi Soral et Dieudonné constitue  une bien mauvaise nouvelle
Son autorité et son prestige vont en effet  leur permettre renforcer la campagne antisémite dont ils sont les porte-parole.


Memorial 98

 

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4 avril 2019 4 04 /04 /avril /2019 18:28

    

 

Le 6 avril 1944, se nouait le sort tragique de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés dans ce village de l'Ain qui devait constituer un refuge.

Ils furent tous massacrés à Auschwitz, après être passés par Drancy, gazés dès leur arrivée, à l’exception de deux adolescents et de Miron Zlatin, fusillés à Reval (actuelle ville de Tallinn) en Estonie. Seule une éducatrice, Léa Feldblum, survécut. 

Le récit de la rafle en décrit l'horreur:

"Nous sommes au premier jour des vacances de Pâques. Il est environ 8 h 30. Les 44 enfants déjeunent au rez-de-chaussée dans le réfectoire.

L'institutrice Gabrielle Perrier est rentrée chez ses parents la veille. Avant de monter à l'infirmerie, Léon Reifman croise une dernière fois le regard de ses parents, de sa sœur et de son neveu. Mis à part le brouhaha des enfants, tout est calme en ce jeudi 6 avril 1944. Soudain deux camions et une voiture s'arrêtent devant la maison. La rafle est exécutée avec une rapidité effrayante. Trois hommes en civil, dont deux officiers de la Gestapo de Lyon, et une quinzaine de soldats de la Wehrmacht, rentrent brutalement dans la maison. Ils regroupent avec violence tous les occupants sur le palier. Prévenu par sa sœur, seul Léon Reifman échappe à l'arrestation en sautant par une fenêtre du premier étage. Les voisins Eusèbe Perticoz et Julien Favet sont les témoins impuissants de la rafle. Les enfants et les adultes sont jetés dans les camions comme de vulgaires marchandises. Les cris et les pleurs se font entendre. Le convoi quitte le hameau de Lélinaz. Comme un acte de résistance, les enfants chantent en chœur : "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine." A la faveur d'un arrêt, à Brégnier-Cordon, les Allemands font descendre du camion, à la demande d'une habitante, le seul enfant non juif de la colonie, René Wucher (huit ans). Dans cette opération, seule l'arrestation des juifs intéresse les nazis. Puis, le convoi prend la route de Lyon. Pour les enfants et leurs éducateurs, c'est le début de l'engrenage qui mène à l'extermination.

Sabine Zlatin apprend la terrible nouvelle à Montpellier par le biais d'un simple télégramme que lui transmet Marie-Antoinette Cojean, secrétaire en chef à la sous-préfecture de Belley. Le message est le suivant : "Famille malade, Maladie contagieuse"

 

La colonie d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants pour les soustraire aux persécutions antisémites. Absente au moment de la rafle, Sabine Zlatin, désormais surnommée « la Dame d'Izieu » a consacré le reste de son existence à son combat pour la mémoire des enfants.

Le Musée-mémorial d’Izieu est l’un des trois lieux de la mémoire nationale des « victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité » commis avec la complicité du gouvernement de Vichy reconnus par le décret du 3 février 1993., avec l’ancien Vélodrome d’hiver de Paris et l’ancien camp d’internement de Gurs.

 

Cet épisode tragique symbolise le sort des enfants durant la Shoah

 

 

On estime généralement qu'un million et demi d'enfants ont été tués durant la Shoah.   

Le soixante-quinzième anniversaire de la rafle des enfants juifs d'Izieu, le 6 avril 2019 a été marqué par deux événements particuliers:

D'une part, à Izieu même, une cérémonie a eu lieu le samedi 6 avril. Il y a été notamment dévoilé le portrait de Mme Rosa-Ida Halaunbraunner, qui manifesta à la Paz avec Beate Klarsfeld en mars 1972 ( voir ci-dessous), en pleine dictature militaire, pour exiger  que Klaus Barbie soit jugé. Il était directement responsable de la mort de son mari et de trois de ses enfants. Ses deux filles Claudine, cinq ans, et Mina, neuf ans, faisaient partie des quarante-quatre enfants juifs raflés à Izieu par la Gestapo. Elle témoigna également lors du procès Barbie, jugé  en 1987 après avoir été extradé en 1983, 11 ans après la manifestation de La Paz

 

La Paz ( Bolivie) 1972: malgré la dictature militaire Béate Klarsfeld et Rosa-Ida Halaunbraunner protestent et  s’enchainent sur un banc afin de réclamer le jugement de Klaus Barbie 
 

D'autre part à Lyon la stèle en mémoire d'Izieu, qui a été restaurée après une profanation, a été réinstallée

La tragédie d'Izieu continue de résonner dans l'histoire actuelle. C'est en effet la preuve de l'implication directe de Klaus Barbie dans cette déportation des enfants qui est à l'origine de sa condamnation à la perpétuité lors de son procès en 1987.  Il bénéficiait de la prescription pour ses autres crimes perpétrés dans le cadre de la lutte contre la Résistance. Le Mémorial d'Izieu conserve d'ailleurs le photostat du télégramme de Barbie relatif à la rafle d'Izieu. Ce document historique et juridique essentiel annonce la rafle de la colonie, dénombre les personnes arrêtées et mentionne leur transport à Drancy le 7 avril 1944. Ce document avait été produit au procès de Nuremberg et y a servi à établir le crime contre l’humanité.

Or au lendemain de la guerre, Klaus Barbie, déjà recherché pour ses crimes, a été récupéré et protégé dès 1947 par l’armée américaine. Puis, quand à partir de 1948 la France réclame son extradition, le Counter Intelligence Corps américain qui l’emploie refuse de le remettre aux autorités, puis l’exfiltre vers l’Argentine avec le concours des réseaux d’évasion de la hiérarchie de l’Église catholique.

On connaît la suite et le combat acharné, d'abord désespéré puis victorieux de Serge et Beate Klarsfeld, pour son extradition de Bolivie en 1983 et son jugement. La manifestation en 1972, à la Paz, de Beate Klarsfeld et de Mme Rosa-Ida Halaunbraunner, mère de deux  enfants déportés d'Izieu, constitue un véritable acte d'héroïsme. La Bolivie est alors sous le contrôle d'une dictature militaire qui protège Barbie, intégré dans son appareil répressif. 

Lors de son procès en 1987 à Lyon, Barbie est défendu par Jacques Vergès et tente encore de calomnier les résistants et notamment Raymond Aubrac. Vergès est en cela le modèle de son ami antisémite Roland Dumas.

Le souvenir d'Izieu réapparaîtra notamment en 1998, lors de la vague d'alliances entre la droite et le FN pour la gestion des conseils régionaux.    

En région Rhône-Alpes, Charles Million, ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, se faisait élire président de la région en Mars 1998 grâce à une alliance avec le Front National.
Son allié et compère était Bruno Gollnisch, chef régional du FN et négationniste avéré. Un autre pilier de l’alliance était Pierre Vial, fasciste et antisémite bien connu, animateur du courant dit "païen" dans le FN, qui fut nommé vice-président de la commission culture du conseil régional.
Face au choc provoqué par les alliances droite-FN dans cinq régions, la résistance s’organisa, notamment contre Millon. Ainsi à Izieu, dans l’Ain dont il était à l’époque député, Charles Millon fut conspué le dimanche 19 juillet 1998 lors d'une cérémonie à Izieu. 

La présidente régionale de l’Amicale des déportés d’Auschwitz, Simone Lagrange, déportée à treize ans, lui demandait publiquement de quitter les lieux. Millon ne partit qu’à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles. Fin novembre 1998, il fut exclu de l’association du mémorial des enfants d’Izieu puis finalement démis de ses fonctions de président de région.

                                                Simone Lagrange

Le sort tragique de ces 44 enfants demeure encore une plaie vivante qui renforce notre volonté de lutter contre les nostalgiques du nazisme et les laudateurs de Pétain.

A travers le drame particulier de la rafle d'Izieu en avril 1944, c'est le sort des enfants face à la Shoah et à tous les génocides qui est ici rappelé

 
Les enfants du Vel' d'Hiv'
 
Lors de la rafle du Vel d'Hiv' en juillet 1942, ce sont d'abord les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) qui sont internés au camp de Drancy.  
Puis du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont quant à elles transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) gérés par l’administration française.
Adultes et adolescents sont alors déportés en premier, par 4 convois, entre le 31 juillet et le 7 août 1942.
 
Le sort des enfants 
 
Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place à Phitiviers  et Beaune-la-Rolande dans une détresse affreuse. Leurs parents ont été rapidement déportés vers Auschwitz, alors que les nazis n’ont pas encore donné leur réponse quant au sort des enfants. 
La période durant laquelle les enfants internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont vécu séparés de leurs parents déjà déportés est décrite par les témoins comme un des moments les plus insupportables. Âgés de 2 à 15 ans, ceux-ci restent seuls durant plusieurs semaines.
Désorientés par l’absence de leurs parents et vivant dans des baraques inadaptées à la présence d’enfants, ils vivent dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Huit d'entre eux meurent durant cette période.
 

Le 13 août 1942, les services d’Eichmann décident que les enfants doivent également être déportés: ils sont alors transférés vers Drancy et, de là, embarqués dans les convois partant pour Auschwitz entre le 17 et 31 août 1942. La déportation d'enfants seuls est interdite par Eichmann. Il s'agit de faire croire aux cheminots français et allemands et à tous ceux qui pourraient s'approcher de ces trains que les enfants sont déportés avec leurs parents. Ainsi, Le 17 août 1942, le convoi n°20 emporte 1000 Juifs vers Auschwitz-Birkenau. Parmi eux, 580 enfants. Leurs parents ont déjà été déportés. Les convois constitués exclusivement d’enfants étant interdits  ils sont donc, à Drancy, mélangés à des adultes.

Aucun d’entre eux n’est revenu.

                                         

                                  La plaque portant les noms des enfants d'Izieu déportés

 

Lors de cet anniversaire de la rafle d'Izieu, nous rappelons également le méfait de Laurent Wauquiez. Une de ses premières mesures en tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a consisté à diminuer la subvention attribuée au Mémorial des enfants d'Izieu ( voir ici). Il avait agit de même à l'encontre du centre national de la Mémoire Arménienne à Décines. Dans ces deux cas Wauquiez avait du reculer face au scandale.

Récemment, le 13 janvier dernier, il reçoit très chaleureusement Eric Zemmour lors d'un débat au siège de son parti et affirme d'emblée: " Eric (Zemmour) est ici chez lui..." Il a ainsi convergé avec celui qui veut réhabiliter Pétain et qui milite ouvertement pour une alliance de la droite et de l'extrême-droite. Zemmour était d'ailleurs intervenu peu de temps auparavant dans l'"école" de Marion Maréchal.

Cinquante ans après, le génocide des Tutsi du Rwanda

La coïncidence des dates fait que cinquante ans jour pour jour après la rafle d'Izieu débutait un autre génocide. 

Le 7 avril 1994 marque le début du génocide des Tutsi du Rwanda et des "jours de sang" du mois d'avril:

C'est à ce génocide que revient en effet le triste privilège d'ouvrir les commémorations du mois d'avril, au cours duquel est honorée la mémoire des victimes des trois génocides majeurs du XXe siècle : celui des Tutsi du Rwanda le 7 avril, date du début des massacres en avril 1994, celui de la Shoah le 19 avril correspondant au début de la révolte du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943 celui des Arméniens le 24 avril correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915.

Nous y associons le premier génocide du XXe siècle commis en 1904 par l'Allemagne impériale  contre les peuples Herero et Nama en Afrique australe, les actions génocidaires en Bosnie à Srebrenica, au Darfour, le génocide des Roms, les actions génocidaires du régime khmer rouge au Cambodge et la récente tentative d’extermination des Yézidis d’Irak par Daech, les actions génocidaires contre les Rohingya en Birmanie ...

 

Alors qu'un parti héritier du fascisme et du nazisme se présente en France comme une alternative crédible, il est plus que jamais urgent de rappeler ce à quoi mènent les doctrines de l'exclusion et de la haine.

Memorial 98

 

14 juillet 2020

https://www.memorializieu.eu/event/journee-nationale-en-memoire-des-victimes-des-crimes-racistes-et-antisemites-de-letat-francais-et-dhommage-aux-justes-de-france

6 avril 2020

Pour la première fois depuis 1946, la traditionnelle cérémonie de commémoration de la rafle du 6 avril 1944 n'a pas eu lieu comme d'habitude cette année, en raison de l'épidémie Covid-19 et des mesures de confinement.

La commémoration de la rafle du 6 avril 1944 a donc maintenue à la Maison d’Izieu mais dans des conditions particulières.
Ce lundi matin, à partir de 11h, une vidéo a été dévoilée. Elle montre les visages des 44 enfants juifs déportés et ceux de leurs sept accompagnateurs. Les dessins s'enchaînent sur près de trois minutes. La vidéo donne l'âge des éducateurs et des enfants déportés (le plus jeune avait 4 ans), leur provenance et le numéro du convoi qui les a conduit à la mort. Ces portraits au fusain ont été réalisés par l'artiste Winfried Veit et offert à la Maison d'Izieu en 2017.  Dans la vidéo, on découvre aussi l'âge de ces victimes de la barbarie nazie. Ces enfants étaient nés en Autriche, en Pologne, en Allemagne, en Algérie ou encore en France. 


 

 

 

28 janvier 2020: en mémoire des enfants déportés

 A l'occasion du 75e anniversaire de la libération d'Auschwitz, une belle initiative de l'UEJF: le lundi 27 janvier, ses militants ont collé toute la nuit des affichettes pour rendre les noms et prénoms des enfants déportés depuis Paris, à leur adresse précise.

Des exemples ici dans le Marais et dans le 18e arrondissement. Cette action rappelle le sort particulièrement tragique des enfants face à la Shoah et face à tous les génocidaires 

 

Mise à jour du 19 novembre 2019

 

Une nouvelle exposition en ligne en français du mémorial Yad Vashem : " Ils avaient de 7 à 13 ans. Cachés ou confiés dans l’espoir d’être sauvés, ils s'adressaient à leurs parents ou grands-parents. Tous périront loin des leurs, à voir ici https://www.yadvashem.org/yv/fr/expositions/lettres-denfants/index.asp
 
MEMORIAL 98
 

 

 

Mise à jour du 16 mai 2019: profanation au Vel' d'Hiv' d'une stèle en mémoire des enfants juifs déportés

La stèle du jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv', rue Nélaton à Paris a été vandalisée, comme l'ont découvert des habitants du quartier.

 

 

Des mots badigeonnés à la peinture

Les mots badigeonnés à la peinture noire ont été choisis avec une très grande précision et attention . Il y a le chiffre « 4 115 » des enfants exterminés qui disparaît, mais aussi le mot « extermination » dans camp d’extermination, l’adverbe « abominablement » dans « mise à mort dans des conditions abominablement cruelles », la phrase « ils furent tués en totalité ».Le Jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv', inauguré en juillet 2017, est un lieu  de souvenir dédié aux 4115 enfants raflés par la police française de Vichy, les 16 et 17 juillet 1942, séparés de leurs parents, déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau.

 

 

MEMORIAL 98

 

Voir ici d'autres dossiers de Memorial 98 sur le même thème:

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/05/mobilisation-pour-la-memoire-des.html

http://www.memorial98.org/2017/05/enfants-caches-et-fascisme-decouvert-combattre-le-front-national.html

http://www.memorial98.org/article-13804391.html ( à propos du livre Les enfants et la Shoah)

http://www.memorial98.org/article-allez-voir-la-rafle-46705214.html

http://www.memorial98.org/2018/05/itineraire-d-un-passeur-de-memoire.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2017/07/rafle-du-vel-dhiv-une-memoire-presente.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/02/simone-lagrange-victime-du-nazisme-et.html

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 19:17

                                              Dans la bibliothèque de Daraya

 

La révolution syrienne s’est nourrie de multiples initiatives locales visant à soulever la chape de plomb du régime oppresseur par la libre circulation des idées .  

 

C’est ce que montre ce beau film de Delphine Minoui, d’après l’adaptation de son livre paru en 2017 « Les passeurs de livres de Daraya » aux éditions du Seuil (co-réalisateur Bruno Joucla.)

 

A quelques jours du huitième anniversaire du début de la révolution syrienneFrance 5 diffuse un documentaire bouleversant (et encore visible en replay) qui met en lumière des mécanismes de survie et de résistance au régime d’oppression et de destruction de Bachar el-Assad. Ces initiatives sont mises en œuvre par de jeunes révolutionnaires qui rêvent de reconstruire un monde meilleur.

 

Des hommes d’une vingtaine d’années, force vive de la jeunesse, ont pris conscience par la révolution de la nécessité vitale de combattre l’obscurantisme, grâce à l’érudition et à la transmission d’un savoir. Leur noble cause s’oppose aux forces de destruction et d’anéantissement de la guerre.  Ils entreprennent la sauvegarde d’un patrimoine culturel, mais surtout l’éveil d’un esprit critique et créatif, pendant le siège de la ville de Daraya, malgré les bombardements, les tirs de roquettes et les lâchers de barils explosifs par des hélicoptères.

 

La ville de Daraya ( à ne pas confondre avec Deraa) se situe à sept kilomètres de Damas. Elle a été l’une des premières à se soulever contre Bachar el-Assad, avec des manifestations contre le régime dès le 25 mars 2011.

Le 25 août 2012, 700 civils de Daraya y sont massacrés par les forces du régime.

Le 8 novembre de la même année,  l’armée syrienne entame un siège contre cette ville qui résiste. Bachar el-Assad la fait bombarder de 2012 à 2016.

Le reportage, suivant en cela le livre, décrit l’histoire de trois jeunes syriens, Shadi, Jihad et Ahmad. Ils ont refusé de fuir la ville de Daraya et décident de résister par la culture et par les livres.

« C’était un an et demi après le début du blocus, les copains sont entrés dans les maisons, dans les mosquées, dans les écoles pour récupérer les livres. L’idée a pris"

                                                    Des livres ramassés  

 

En 2012, Shadi avait 22 ans et s’était improvisé vidéaste :  « C’est la guerre qui m’a appris à tourner. Dans la rue de la Révolution j’attends l’hélicoptère qui larguera son baril d’explosifs pour le filmer.». 80 barils sont largués dans une même journée. Jihad est le débrouillard de l’équipe et Ahmad l’intellectuel. Ils deviennent amis et activistes inséparables.

Une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens rassemblent 15 000 ouvrages en un mois. Une cave est aménagée pour les mettre à l’abri et devient le refuge de tous,  un véritable lieu de vie. L’aménagement d’une bibliothèque dans une cave, avec ses rayonnages bien ordonnés de livres répertoriés, numérotés représente la reconstitution d’un cadre de vie.  A l’extérieur c’est le chaos, la mort, un monde dévasté. La bibliothèque devient la ligne de démarcation des lignes de tir, lignes de mire et paysages de désolation.

On y lit, on y apprend, on y débat, on y danse et chante des chants révolutionnaires, des cris de liesse "hourriya, liberté". On y tisse des liens indéfectibles, on y fait des promesses d’avenir.

La profusion et la diversité, le fait d’offrir un éventail de livres différents tels que la lecture du poète Nizar Kabbani, le grand philosophe arabe Ibn Khaldoun, Mahmoud Darwich (Etat de siège, Eloge de l’ombre haute) permettent d’ouvrir l’horizon de la pensée. Omar, le combattant qui préfère la présence des livres à celle des hommes, lit énormément pour lutter contre la tentation de l’extrémisme. C’est lui, qui par l’intermédiaire de Skype, demandera à un professeur de sciences politiques «  pourriez-vous nous envoyer des références de livres sur les idéologies politiques contemporaines d’auteurs occidentaux et arabes ? »

On assiste en direct à l’éveil et à l’essor des consciences.

Shadi le comprendra lors de son exil à Istanbul en 2016, en lisant le livre d’Orwell, « 1984 »  et notamment cette phrase : « Ils ne se révolteront pas avant d’avoir pris conscience. Et ils ne prendront pas conscience avant de se révolter. »

Le constat est clair et positif : malgré la guerre, la population assiégée a réussi à mener d’autres activités collectives de survie, comme la création d’un journal local,  mais aussi un potager commun permettant de cultiver des aubergines.

Malgré sa résistance, Daraya est exsangue, les convois humanitaires sont bloqués par le régime et ses alliés russes. La capitulation s'impose. Alors que la ville est détruite à 95%, le 27 août  2016, le dernier hôpital est incendié par des bombardements et les huit mille habitants reçoivent un ultimatum. Ils ont 48 heures pour quitter Daraya.

2388 habitants sont morts à Daraya entre 2011 et 2016. Actuellement c'est une ville fantôme.

 

Aujourd’hui, Jihad travaille pour une ONG qui aide les Casques Blancs de la Défense Civile. Ahmad a rejoint Jihad à Gaziantep (ville turque proche de la frontière) où il projette d’écrire une fiction sur Daraya. Shadi vit à Istanbul et rêve de devenir cameraman.

 

On peut recevoir ce documentaire comme un coup de poing sur la table. Il veut ébranler le confort de vies occidentales, réveiller des consciences endormies, oisives, désengagées de tout intérêt humaniste. Ces jeunes révolutionnaires syriens sont un exemple.


Claude Freydefont

 

MEMORIAL  98

 

Parmi les nombreux textes publiés par Memorial 98 à propos de la Syrie:

 

http://www.memorial98.org/2019/03/syrie-huit-annees-de-revolte-et-de-souffrance-marchons.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2015/11/noussommesduma-frompariswithlove.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/12/alep-non-nous-ne-sommes-pas-impuissants.html

http://www.memorial98.org/2015/10/poutine-et-assad-une-alliance-pour-massacrer-les-syriens.html

http://www.memorial98.org/2016/02/sauver-alep-et-la-syrie-libre.html

http://www.memorial98.org/article-syrie-le-sens-de-notre-soutien-114962831.html

 

 

 

 

 

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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 22:30

Mise à jour du 8 janvier: Poutine et Assad se serrent leurs mains pleines de sang à Damas.

 

Le chef du Kremlin, ordonnateur des bombardements dirigés prioritairement sur des hôpitaux se rend auprès de son protégé Assad le 6 janvier. C'est sa deuxième visite en Syrie depuis 2011.  Il assiste à une présentation triomphaliste du commandant des forces russes chargées de massacrer les Syriens et d'assurer la domination du clan Assad. 

Les bourreaux associés se congratulent et se rassurent ainsi après la mort de Soleimani.

La complaisance en France  à l'égard de Poutine et de ses médias dont RT (Russian Television) est scandaleuse. Memorial 98 a appelé à organiser une campagne de boycott contre ce "média"; voir ici  

Un autre appel est lancé afin de soutenir le film documentaire " Pour Sama" ( voir ici) qui décrit le sort de la population d'Alep bombardée et assiégée par ceux qui se congratulent sur la photo en haut de cette page.

 

Memorial 98

Mise à jour du 4 janvier 2020 après l'assasinat de Soleimani 

Trump  est un boute-feu cynique et prêt à tout au nom de "America First" Il vient de le montrer à nouveau, après avoir choisi de déchirer l'accord sur le nucléaire signé avec l'Iran. Sa conduite en Syrie en ouvrant la porte à Erdogan et Poutine, mais aussi envers le dictateur coréen Kim Jung-un, montre à quoi le conduisent le cynisme et le slogan nauséabond  "America first"
Pour autant
nous ne pleurons pas le bourreau du peuple syrien. Bachar el-Assad vient d'ailleurs de lui rendre hommage et de confirmer son rôle dans la répression sanglante en Syrie: " Le peuple syrien n'oubliera pas sa présence aux côtés de l'armée arabe syrienne dans sa défense de la Syrie face au terrorisme et ses soutiens" écrit Assad dans une lettre adressée au "guide suprême" iranien Khamenei qu'il a rencontré en février dernier à Téhéran (voir ci-dessous)

En décembre 2016, lors de la chute d’Alep martyrisée, #Soleimani s'y fait photographier en vainqueur ( ci-dessous).

Il a organisé l'intervention de Poutine en 2015 . Depuis 2012, il dirige en Syrie les forces iraniennes qui tiennent à bout de bras le régime Assad, tentant d’écraser la révolution puis  la résistance. Il y déploie une galaxie de milices alliées: de 20 000 à 25 000 combattants iraniens mais surtout irakiens, afghans et syriens, emmenés par le Hezbollah libanais. Cette internationale "chiite" suffit à endiguer l’insurrection, mais pas à la vaincre.

A l’été 2015, Ghassem Soleimani est dépêché en urgence à Moscou : devant  Poutine, il déploie des cartes de la Syrie. Il prépare l’entrée en guerre de l'armée russe dont le but est d'écraser, par tous les moyens, la révolution syrienne.

MEMORIAL 98

 

Mise à jour du 24 avril 2019

Syrie: de nouvelle preuves contre Assad

Un organisme de l'ONU, "le Mécanisme international chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie depuis mars 2011" rend son rapport officiel. Depuis avril 2018, une trentaine d’experts travaillent à la compilation des preuves des atrocités commises sous le régime de Bachar al-Assad qui permettront de faciliter d’éventuels futurs jugements de leurs responsables.

Documents, photographies, vidéos, images satellites, déclarations de victimes et de témoins et documents non classifiés, soit plus d’un million de pièces, ont été rassemblés.

Parmi ces documents, figure le « rapport César ». César, c’est le pseudonyme d’un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré en 2013 avec les clichés effroyables de dizaines de milliers de corps torturés jusqu’à la mort dans les prisons du régime syrien entre 2011 et 2013. Assad doit être jugé pour ses crimes !

​​​​​​Memorial 98

 

Malgré le déluge de fer, de feu et de gaz qui s'est abattu sur elle depuis des années, malgré la trahison répétée des gouvernements occidentaux, la population syrienne ne se soumet pas à la dictature du régime porté à bout de bras depuis 2015 par Poutine et Khamenei, avec la complicité d'Erdogan.

Ce qui vient de se passer dans la ville de Deraa le symbolise. C'est là qu'a débuté le soulèvement le 15 mars 2011, suite à la féroce répression contre des enfants qui s'étaient permis de se moquer de Assad, alors que le Printemps arabe fleurissait en Tunisie, en Egypte et au Yemen. Or  le régime a voulu y installer à nouveau une statue d'Assad ( ci-dessous) afin de symboliser son pouvoir retrouvé.

 

Des centaines de personnes sont alors descendues dans la rue afin de protester, malgré le danger et la répression omniprésentes.

 

 

Pour ceux et celles de Deraa, d'Alep, d'Idlib, d'Afrin, de Damas et de toute la Syrie, 

Marche le dimanche 17 mars 2019 à 15h, au départ de la Place de la République à Paris jusqu'à la Place de la Nation.

 

MEMORIAL 98

Appel unitaire

Au seuil du 8ème anniversaire de leur soulèvement de Mars 2011, les Syrien.ne.s ont plus que jamais besoin de notre active solidarité, en raison des cruelles attaques qui mettent en cause leurs vies.
En effet, le régime de Bachar Al Assad, soutenu et structuré par les forces militaires de Poutine et Khamenei

 

Bachar El Assad et Khameinei le 25 février à Téhéran: l'étreinte des bourreaux ​​​​​​
 

• Multiplie les exécutions (1) d'opposants dans ses prisons ;
• Procède à la spoliation de millions d'exilé.e.s en application de sa Loi n° 10 promulguée afin de permettre la confiscation (2) par le régime puis la mise aux enchères de leurs biens (terres ou maisons) pour empêcher leur futur retour.
• Menace les populations qui échappent encore à son pouvoir, dont celles d'Idlib, selon son dessein de reconquérir l'ensemble du territoire syrien. La trêve imposée à Idlib est régulièrement enfreinte par le régime Assad qui blesse et tue en le bombardant (3).
• Tente d'organiser l'impunité pour les crimes qu'il a commis pendant 8 ans. Or les preuves existent, mais il est urgent de mettre en œuvre les procédures (4) de jugement.

Face à cette terreur, la population syrienne a besoin du soutien le plus large afin de :
• Faire cesser massacres, expulsions, spoliations, détentions et bombardements, obtenir le départ de toutes les forces étrangères.
• Permettre la transition vers la paix et la démocratie par la mise en œuvre des dispositions de Genève 1 et de la Résolution 2254 du Conseil de Sécurité ; le retour en sécurité des exilés ; la libération des détenus ; le démantèlement des forces de répression et de torture ; des élections libres.
• Faire connaître à la population française l'ampleur des souffrances du peuple syrien et ses aspirations à un avenir libre et démocratique

1 https://www.washingtonpost.com/graphics/2018/.../syria-bodies/ (photos aériennes notamment).
2 https://www.lorientlejour.com/article/1111676/comment-le-regime-est-en-train-de-redessiner-la-carte-de-la-syrie.html.
3 https://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria/syrian-army-shells-kill-dozen-despite-idlib-truce-monitor-rescuers-idUSKCN1PN1VU.
4 https://www.letemps.ch/monde/geneve-coeur-lutte-contre-limpunite-syrie (900 000 documents ont été rassemblés).

Rendez-vous le dimanche 17 mars 2019 à 15h, au départ de la Place de la République à Paris jusqu'à la Place de la Nation.

***

Organisations signataires :
CPSLD (Collectif Pour une Syrie libre et démocratique) ; MEMORIAL 98 ; SYRIENS CHRÉTIENS POUR LA PAIX France ; COORDINATION DE PARIS DE LA RÉVOLUTION SYRIENNE ; REVIVRE ; DAMIR - France ; La DÉCLARATION DE DAMAS - France ; SOURIA HOURIA ; SNESUP-FSU ; CEDETIM et IPAM (Initiatives Pour un Autre Monde) ; MRAP ; Union des COORDINATIONS DES SYRIENS à travers le Monde ; COSMOPOLITAN PROJECT FOUNDATION ; COMITÉ SYRIE-EUROPE ; ALWANE (Secours aux enfants syriens) ; EELV (Europe Écologie Les Verts) ; CODSSY; COMSYR 57 ; Association SYRIE DÉMOCRATIE 33 ; SYRIE MODERNE DEMOCRATIQUE LAÏQUE ; GOLIAS ; ENSEMBLE (Mouvement pour une Alternative de Gauche alternative et solidaire) ; CSDHI (Comité de Soutien aux Droits Humains en Iran) ; PS (Parti Socialiste) ; PLACE PUBLIQUE ; FÉDÉRATION des ORGANISATIONS de SECOURS FRANCO-SYRIENNES

Articles et dossiers de Memorial 98 sur la Syrie

Syrie 10 ans : l'extrême-droite au service exclusif des bourreaux
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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 19:10

                              

 

Mise à jour du 9 novembre 2018:

 

En ce 9 novembre et en référence à la Nuit de Cristal , Edouard Philippe annonce une explosion des actes antisémites en 2018. Les faits sont là.

Certes la communication du premier ministre vise également à faire face aux conséquences des propos honteux de Macron sur Pétain.

Mais nous attendons maintenant une lutte résolue contre ceux qui diffusent la haine antisémite.

Plus que jamais la mobilisation est nécessaire; venez ce soir à Paris à la commémoration organisée par Memorial 98 pour le 80e anniversaire de la nuit de Cristal à 19h devant le Gymnase Japy, 2 Rue Japy dans le 11e

 

MEMORIAL 98 

 

 

 

A treize jours près, le massacre de la synagogue Ets-Haïm/Arbre de vie de Pittsburgh (ci-dessous) coïncide avec le 80e anniversaire du pogrom nazi de la Nuit de Cristal le 9 novembre 1938.

 

 

Ce crime antisémite a été commis par un suprémaciste blanc et héritier des nazis nommé Robert Bowers, qui a hurlé "Tous les Juifs doivent mourir" avant de tirer et de tuer. 
C'est une raison supplémentaire pour marquer la date du déferlement nazi de 1938, annonciateur de la Shoah.. 

EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA « NUIT DE CRISTAL »

NOVEMBRE 1938-NOVEMBRE 2018: 80e ANNIVERSAIRE DU POGROM NAZI

CONFERENCE LE 7 NOVEMBRE ET RASSEMBLEMENT LE 9 NOVEMBRE 

Memorial 98 organise ces deux événements en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938, contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer. 
 
Plus de cent personnes juives furent tuées, vingt-six mille arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites.  
 
Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal  a représenté un jalon important.

Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe. 

Les images des synagogues incendiées, des enfants, des femmes et des hommes assassinés, arrêtés en masse, frappés et humiliés en public ne pouvaient pas être ignorées. 

Pourtant, en France elles ne changèrent pas la situation: ni à la politique de refoulement des Juifs qui tentaient de fuir l'Allemagne, ni à la politique de laissez faire face à Hitler. La France fut ainsi la seule grande démocratie à ne pas avoir dénoncé officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

En 2018, soixante-treize ans après la défaite du nazisme, l’extrême-droite est à l’offensive dans toute l'Europe mais également au Brésil, aux USA et partout dans le monde.

 
Il n'est jamais trop tôt pour dire « Plus jamais ça ». Il n’est jamais trop tard pour faire de nos mémoires un outil contre les idées d’exclusion.
 
Ces commémorations sont soutenues par le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le négationnisme] l’association Ibuka-France (Justice et soutien aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’association Fonds Mémoire Auschwitz  ( AFMA), le CEDETIM.
 
Memorial 98 et ses partenaires rendront hommage aux victimes de tous les génocides et de tous les actes de racisme, y compris celles de Pittsburgh et de l'Eglise de Charleston en 2015.
 
 
Une conférence le mercredi 7 novembre
 
Le mercredi 7 novembre 2018 à 19H à la mairie du 4e arrondissement de Paris 2 place Baudoyer (M° Hôtel de Ville) avec les historiens Tal BruttmannLaurent Joly et Marie-Anne Matard-Bonucci, qui traiteront de la place de la Nuit de Cristal dans l'histoire du nazisme et de la Shoah, des réactions en France au lendemain du 9 Novembre 1938 notamment dans l'extrême-droite antisémite et de l'imposition des lois « raciales » antisémites en Italie quelques semaines avant la Nuit de Cristal
Les intervenant.e.s dédicaceront leurs ouvrages. 
 
La participation au colloque est libre et gratuite mais l'inscription est obligatoire à l'adresse suivante: conference7nov2018@gmail.com 


 
 
Un rassemblement le vendredi 9 novembre 
 
 
 
Le vendredi 9 novembre 2018 à partir de 19H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) rassemblement de mémoire et de mobilisation, organisé pour la cinquième année consécutiveLe gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis. 
 
Nous allumerons des bougies du souvenir avant des prises de parole qui rappelleront que la mémoire des génocides nourrit nos combats actuels contre le racisme et le fascisme


 

 

 

 

 

Nuit de Cristal: les SA, les SS et la Gestapo en action

Les nazis guettaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendrait, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe».

Le premier acte en sera un vaste pogrom organisé dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à émigrer.

L'attentat à Paris contre le conseiller d’ambassade allemand Vom Rath leur offre un prétexte idéal.

Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Vom Rath.

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le quotidien officiel du parti nazi, le "Völkischer Beobatcher", dirigé par Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Vom Rath est encore vivant :

 "… Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs  tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

Lorsque Vom Rath décède, le 9 novembre, l’organisation de la terreur est en place.

Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier se trouve à Munich, avec la « vieille garde » des Sections d’assaut du parti nazi (SA). Ils sont réunis comme chaque année pour commémorer la tentative de putsch nazi de 1923 qui a également eu lieu le 9 novembre.

 Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA (Sections d'Assaut)"

C'est Goebbels, ministre de la Propagande, qui se charge d'annoncer publiquement le décès de Vom Rath devant l'assemblée des SA, et également d'inciter au pogrom.

Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion  et téléphonent des instructions à leurs sections régionales.

Pour les troupes nazies, il s'agit d’abord  d'incendier les synagogues, sans laisser les pompiers intervenir, de détruire les magasins juifs et d’y apposer des pancartes "Mort à la juiverie internationale", ainsi que de tuer sur place les Juifs trouvés en possession d'une arme.

       La grande synagogue de Berlin incendiée le 9 Novembre 1938      

 

 

Dans le même temps, un message secret est diffusé depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) de Berlin.

Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une « extrême rigueur » les Juifs trouvés avec des armes.

Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente un rapport sur la situation à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

Il décrit ensuite précisément son action, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation officielle. La fiction de la « réaction populaire » doit être maintenue.

Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche et Sudètes annexées, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance nazie a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres. 

 

Pour la mémoire et la mobilisation contre les fascismes 

Il y a 80 ans, les gouvernements européens, pourtant dument avertis, refusaient de regarder la réalité nazie en face.

Ils fermaient leur frontière à ceux qui fuyaient Hitler, et laissaient commencer le massacre des Juifs, qui allait finir en génocide. 

L'Histoire nous montre sans cesse que les violences, les massacres, voire les génocides dirigés contre une partie de la population et considérés ailleurs avec indifférence aboutissent toujours à l'extension de la guerre et de la haine au niveau mondial.

Nous serons ces témoins qui n'oublient aucune victime de la violence fasciste du passé, parce que l'oubli est la meilleure arme des héritiers des bourreaux. 

La mémoire des génocides nourrit nos combats contre le racisme et le fascisme 

 

 

Retrouvons nous le 7 Novembre à partir de 18h30 à la Mairie du 4e arrondissement ( Place Baudoyer 75004 , métro Hôtel de ville)   et le 9 Novembre 2017 à 19 H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) afin de rendre hommage aux victimes de la Nuit de Cristal et de tous les génocides.

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

 

 

Vous êtes aussi invités à aider à financer les frais liés à l'organisation de la commémoration, en participant à la souscription "Pot Commun" ci-dessous

https://www.lepotcommun.fr/pot/hkegfjbc

~ Organisé par : Memorial 98 ~

 Le 9 novembre 2018, Memorial 98 organise, pour la  cinquième année consécutive, une commémoration de la Nuit de Cristal, pogrom d’État perpétré par les nazis le 9 Novembre 1938 contre les Juifs d’Allemagne et d’Autriche

Nous nous rassemblerons comme chaque année à Paris devant le gymnase Japy dans le 11e arrondissement , où furent parqués, sous le régime de Vichy, les victimes des rafles de la police française, avant d'être envoyées dans les camps d'extermination nazis.

Nous aurons la chance d'avoir à nos côtés, les combattants infatigables de la mémoire des génocides arméniens de 1915 et tutsi du Rwanda de 1994 que sont nos amis du Collectif Van et d'Ibuka-France. Ainsi se concrétisera l'esprit de dialogue des mémoires qui est pour nous le seul moyen de faire vivre un antiracisme efficace

Comme chaque année, des gerbes de fleurs seront déposées lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de la Nuit de Cristal. Les jours précédant la commémoration, des collages d'affiches auront lieu dans le quartier, afin de faire vivre une histoire que beaucoup ignorent.

Memorial 98 est un collectif indépendant, nous ne bénéficions d'aucun financement autre que celui de nos soutiens.

Si vous souhaitez et pouvez contribuer financièrement à l'organisation de cette commémoration, nous vous en remercions.

 

 

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9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 20:14

Comment rendre compte d'une extermination, d'un génocide? Comment évoquer la mort de ceux et celles qui en ont été victimes? Comment construire la mémoire d'un drame collectif tout en retraçant les sorts individuels et singuliers? C'est à ces questions que tente de répondre  le documentaire réalisé par Ruth Zylberman, 

 

Mise à jour du 20 janvier 2020: nouvelle diffusion du documentaire à l'occasion de la journée internationale de la Shoah et du 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz 

 

Il sera diffusé le 27 janvier à 22h 35 sur ARTE.

Mais il est aussi dès maintenant  en replay sur Arte.TV et en accès libre; voir ici 

 

Memorial 98

 

Une porte d'un bleu délavé, écaillée par endroit. Le grincement d'un battant qui se ferme ou qui s'ouvre. Des portes qui claquent. Des pas dans les escaliers, des voix, des pas sur les pavés de la cour. Des femmes, des hommes et des enfants montent et descendent les marches une à une, deux par deux, un pied après l'autre, une main sur la rampe en bois ciré. Les habitants se croisent et se saluent. Des enfants vont à l'école du quartier, ils jouent dans la cour et se chamaillent.

 

Des fenêtres les unes à côté des autres, les unes au-dessus des autres, ouvertes ou fermées, éteintes ou éclairées. Des formes en mouvement derrière les vitres, ou les voilages.

 

Quatre bâtiments, autour d'une cour intérieure.  Six étages.

 

Dans les années trente, dans ce même immeuble, au 209 rue St Maur, dans le très populaire onzième arrondissement de Paris, vivent trois cent habitants dont un tiers d'étrangers. Des Italiens, beaucoup de Juifs, venus pour la plupart de Pologne et de Roumanie.

Les hommes et les femmes vont travailler : un menuisier, un couvreur zingueur, un tailleur, un fourreur, un maroquinier, une couturière, une femme de chambre, un garçon de café. Au rez-de-chaussée, la loge de la concierge, l'épicerie et le bougnat.

Les enfants vont à l'école du quartier, ils ont des copains, ils  jouent dans la cour et se chamaillent.

 

La France : ˝Terre des Droits de l'Homme˝.

1940 Vichy: Les Juifs doivent aller se déclarer dans les sous-préfectures et à Paris dans les commissariats. 

1941 : premières rafles de Juifs dans le 11e arrondissement, dont celle dite du "billet vert" basée sur le fichier constitué 

1942 16 juillet: c’est la rafle du Vel’ d’Hiv’.   La police française cogne aux portes, pas n'importe lesquelles.

Un inspecteur de police, habitant de l'immeuble, tente de prévenir les familles.

Des cavalcades dans les escaliers, des cris, des pleurs, des hurlements. Une jeune femme jette son bébé dans les bras de la concierge avant d'être embarquée. Une mère va confier ses trois garçons à une organisation clandestine juive et disparait.

Cinquante personnes et neuf enfants arrêtés qui ne reviendront pas.

 

Grâce aux archives, la réalisatrice Ruth Zylberman va retrouver les noms et prénoms des familles et de leurs enfants, habitants de l'immeuble du 209 rue St Maur.

La date de leur arrivée en France, leur métier, le bâtiment, l'étage, le nombre de pièces...

 

Durant quatre années,  elle part à la recherche des enfants survivants en France et à l'étranger. Tel Aviv, Melbourne, New York. Le fil d'Ariane pour remonter jusqu'à eux. Ils avaient cinq ou six ans, quatorze ans maximum. Ils ne reverront jamais leurs parents. Ils sont octogénaires pour la plupart. Les souvenirs sont enterrés. Chacun a reconstruit sa vie ailleurs.

Avec délicatesse, Ruth Zylberman les accompagne.

La configuration de l'immeuble est reconstituée. Les listes de recensement. Du papier, des crayons, des post-It. Des figurines, des meubles de poupées, des maquettes. Tout un matériel pour faire resurgir d'infimes détails propres à chacun d'eux.

 "Il fallait coudre l'étoile sur les vêtements, de telle sorte que la mine d'un crayon ne devait pas pouvoir passer entre les points."

"Mon père m'apportait des cerises, j'étais une enfant gâtée." Odette place son lit à côté de la table de salle à manger et celui de ses cinq frères et sœurs. Ils sont huit dans un espace minuscule. Elle est la seule survivante.

 

Les souvenirs enfouis surgissent dans un silence. Des sourires timides devant des photos d'autrefois. Des photos jaunies, des photos sur lesquelles les enfants posent avec leurs parents, leurs cousins, leurs camarades, la meilleure amie, le cousin chéri. Leurs frères et sœurs, leur meilleur copain, disparus, pas revus. Une vie d'enfant saccagée.

Ils se retrouveront au 209 rue St Maur.

Henry, soixante dix neuf ans, vit aux Etats-Unis. Il a été placé, de famille d'accueil en famille d'accueil. Il ne voulait surtout pas revenir sur ce passé. C'est sa fille qui veut savoir. Un flash, en voyant une salle de bains : "Nous n'en avions pas, nous allions aux bains-douche municipaux ".

L'émotion, à l'idée que ses parents (dont il ne se souvient pas) ont poussé la poignée de la porte de l'immeuble, qu'il pousse à son tour, avant de marcher sur les pavés de la cour.  "Est-ce qu'ils ont été heureux dans cet immeuble ?"

"Inconcevable, Inimaginable", ces mots jaillissent, tandis que chacun se souvient, le regard embué.

Un film documentaire tout en discrétion, singulier dans sa forme et la manière de nous parler de cette période bouleversée.

Pour que personne n'oublie.

 

 

EL

Voir également:

 

Sur le site du fil d'actualité de  Memorial 98 L'Info antiraciste  ( abonnez-vous!)

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/07/ghetto-de-varsovie-la-deportation-qui.html

D'autres oeuvres abordant la Shoah, présentées sur notre site:

 http://www.memorial98.org/2017/03/le-ghetto-de-cracovie-mars-1943.html 

http://www.memorial98.org/2016/01/le-fils-de-saul-du-bruit-et-de-la-fureur.html

 

http://www.memorial98.org/article-allez-voir-la-rafle-46705214.html

 

http://www.memorial98.org/article-liberation-d-auschwitz-70-ans-apres-les-images-temoignent-125439876.html

 

 

MEMORIAL 98

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 11:08

Li Wenzu, épouse de Wang Quanzhan, a utilisé le seul moyen de protestation à sa disposition en se rasant la tête, avec d'autres femmes solidaires

Mise à jour du 28 janvier 2019

L'avocat Wang Quanzhang a été condamné ce 28 janvier à quatre ans et demi de prison pour «subversion du pouvoir de l'État». Il a défendu des personnes se plaignant d'avoir été torturées par la police ou des paysans privés de leur terre ainsi des membres du mouvement spirituel interdit Falun Gong,

Il fait partie des plus de 200 avocats et militants des droits de l'homme à avoir été interrogés ou arrêtés depuis le coup de filet démarré en juillet 2015 ( voir ci -dessous) . La grande majorité d'entre eux avait été relâchés, mais certains ont été condamnés à des lourdes peines de prison. Wang Quanzhang était le seul à ne pas avoir été fixé sur son sort.

Il a été placé en détention au secret pendant plus de trois ans, avant que ne se tienne son procès, à huis clos, le 26 décembre. Sa femme Li Wenzu, qui a longtemps ignoré s'il était toujours en vie, n'a pas eu l'autorisation de quitter Pékin pour y assister. Ni les membres de sa famille, ni les avocats qu'ils avaient engagés n'ont pu rencontrer Wang Quanzhang durant sa détention.

Li Wenzu a écrit sur Twitter que son mari était innocent, alors que le comportement «inhumain» des responsables de la justice envers lui enfreignait les lois chinoises. «Je respecte et soutiens les choix qu'a faits Wang Quanzhang», a ajouté cette femme, qui dit vouloir continuer à défendre les droits de son époux et s'inquiète d'éventuelles tortures subies en détention. 

Depuis la disparition de l'avocat, elle a multiplié les initiatives pour attirer l'attention sur sort. En avril, elle a effectué une marche de 100 km de Pékin à Tianjin et, en décembre, elle s'est rasée la tête pour protester. Elle était parvenue à mobiliser la chancelière allemande Angela Merkel, qui, dans un geste politique fort, l'avait rencontrée en mai au cours d'une visite à Pékin.

Les organisations internationales de défense des droits de l'homme ont fustigé le verdict . Pour Maya Wang, de l'ONG Human Rights Watch (HRW), il «tourne en dérision» la volonté affichée par le président Xi Jinping de faire respecter l'État de droit. Amnesty International (AI), dénonce de son côté une «grave injustice». Mais une chercheuse de cette ONG, Doriane Lau, fait observer que Wang Quanzhang devrait pouvoir sortir de prison «dans un peu plus d'un an», étant donné le temps qu'il a déjà passé en détention.Plusieurs autres avocats ou militants des droits de l'homme interpellés à partir de juillet 2015 ont été jugés pour "subversion". Parmi les peines de prison les plus lourdes, l'avocat Zhou Shifeng a été condamné en 2016 à 7 ans de réclusion, et le dissident Wu Gan à huit ans, en décembre 2017. Wang Quanzhang appartenait au cabinet d'avocat pékinois Fengrui - aujourd'hui dissous - qui s'était spécialisé dans les dossiers politiquement délicats. La presse officielle l'avait décrit en 2015 comme un «gang criminel», et avait accusé l'équipe dirigeante de «perturber l'ordre social». Le mouvement de répression commencé cette année-là avait symbolisé les efforts croissants du Parti communiste chinois pour museler toute voix dissonante, depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping.

Wang Quanzhang et tous autres prisonniers politiques doivent être immédiatement libérés

Memorial 98

 

 

 

Mise à jour spéciale du 10 juillet 2018:

Liu Xia est enfin libérée et en route pour l'Allemagne (ci-dessus à l'aéroport d'Helsinki en transit)

 

 

 

Nous nous réjouissons de l'annonce aujourd'hui de la libération de Liu Xia, après 8 ans de persécution, de surveillance constante et d'assignation illégale à résidence. Pendant ces années, les autorités chinoises ont tout fait pour la punir de défendre son mari et de s’exprimer librement. Ces autorités viennent enfin de lui accorder la possibilité de quitter la Chine et de rejoindre l'Allemagne, où son accueil est prévu.

Cette libération est le résultat des campagnes internationales qui ont été menées en soutien à Liu Xia.

Le rassemblement du 12 juillet à Beaubourg sera l'occasion de saluer cette libération et de marquer la mémoire de Liu Xiaobo, qui est quant à lui mort en détention.

Il marquera aussi notre volonté d'agir pour d'autres prisonniers d'opinion en Chine, dont l'avocat des droits de l'homme Wang Quanzhang, "disparu" depuis 3 ans.

C’était il y a trois ans jour pour jour : le 9 juillet 2015, une vaste opération policière visait plus de 200 avocats des droits de l’homme à travers toute la Chine. Une vague de répression connue sous le nom « 709 » (9 juillet ou 9/7). La plupart ont fini par être libérés après quelques semaines de détention. Certains ont gardé les séquelles de la torture subie en prison et nombreux sont ceux qui ont perdu leur licence d’avocat. Mais l'un de ces avocats reste disparu à ce jour: Wang Quanzhang. Son épouse Li Wenzu se bat depuis trois ans pour la libération de son mari et père de son enfant.

MEMORIAL 98

 Mise à jour du 6 juillet 2018:

Afin d’honorer la mémoire de Liu Xiaobo, et d’obtenir la libération de Liu Xia, nous appelons celles et ceux qui sont attachés aux libertés et au respect des droits humains en Chine, comme dans le monde entier, à se rassembler à Paris le jeudi 12 juillet, à partir de 17h, Place Igor Stravinsky, à côté du Centre Pompidou (Métros Hôtel de Ville, Rambuteau, Châtelet).

 

Il y a un an, le 13 juillet 2017, Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010 pour son combat en faveur des droits humains en Chine, décédait en détention. Emprisonné depuis 2009 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat » après avoir cosigné la Charte 08 appelant à des réformes politiques en Chine, il n'a jamais été libéré.

Le régime a fait répandre les cendres de Liu Xiaobo dans la mer, et ne permet aucune commémoration en son honneur dans son pays natal, la Chine. Tout semble avoir été fait par les autorités chinoises pour que le souvenir de Liu Xiaobo soit effacé.

Liu Xia, son épouse, est toujours illégalement assignée à résidence, sans jamais avoir été jugée, ni même accusée. Les autorités lui ont jusqu’à présent refusé la possibilité de quitter la Chine, pour la simple raison qu’elle fut l’épouse de Liu Xiaobo. 

 

Nous demandons aux autorités chinoises de rendre sa liberté à Liu Xia, et de permettre au plus vite sa sortie du territoire chinois, comme elle en a explicitement émis le souhait.

 

À cette occasion sera présenté un monument conçu par l’artiste WANG Keping, en mémoire de Liu Xiaobo : une « chaise vide », symbolisant son absence forcée à Oslo, lors de la remise de son prix Nobel de la Paix en 2010. Catherine BLANJEAN, auteure du livre « Liu Xia, Lettres à une femme interdite », publié aux éditions François Bourin, sera également invitée à lire quelques textes de la poétesse.

 

— ACAT — Amnesty International France— Ensemble contre la peine de mort— FIDH— Ligue des droits de l’Homme— Memorial 98— Reporters sans Frontières— Solidarité Chine

 

Au même moment, des experts des Nations Unies travaillant sur les cas de détention arbitraire viennent d’appeler la Chine à libérer Liu Xia 

"Nous sommes troublés par les informations faisant état de la détérioration de l'état de santé de Liu Xia. Elle serait physiquement retenue dans un lieu inconnu et souffrirait d'une grave détresse psychologique", disent les rapporteurs de ces groupes de travail sur les disparitions forcées, sur les détentions arbitraires et sur la situation des défenseurs des droits de l'homme.

Voici la réponse négative de Lu Kang, porte-parole du Ministre des Affaires étrangères chinois, : "La Chine protège les droits des citoyens chinois conformément à la loi, a -t-il déclaré. En ce qui concerne sa santé, le gouvernement chinois se préoccupe plus que quelque étranger que ce soit de la santé des citoyens chinois."

 

 

MEMORIAL 98

 

 

A l'occasion du 29e anniversaire de la répression des manifestations de Tiananmen en juin 1989, des familles exhortent le président chinois Xi Jinping à enfin "réhabiliter" leurs proches tués lors de l'assaut militaire contre les étudiants.

Les mères de Tienanmen évoquent "la catastrophe de la répression et les plaies qui ne peuvent pas guérir" 

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, soldats et blindés avaient mis fin par les armes au mouvement d'étudiants qui occupaient depuis un mois et demi la place Tiananmen, au coeur de Pékin. Les manifestants réclamaient la fin de la corruption et une ouverture démocratique.  

Le bilan de cette répression était généralement évalué à un millier de morts mais de nouvelles révélations se sont faites jour sur l'ampleur de la répression. Un rapport de l'ambassadeur de Grande-Bretagne mentionne plusieurs milliers de  morts en une nuit, des cadavres "en pâte" sous les blindés et des manifestants achevés à la baïonnette par l'armée, confirmant ainsi les photos prises sur place et publiées par des journalistes. Le régime chinois, qui impose un tabou absolu sur cette période, avait de son côté affirmé fin juin 1989 que la répression des "émeutes contre-révolutionnaires"avait fait 200 morts chez les civils et "plusieurs dizaines" du côté des forces de l'ordre. 

Les tanks de l'armée chinoise écrasent la révolte 

"Chaque année lorsque nous voulons commémorer (nos proches), nous sommes contrôlés, placés en résidence surveillée, ou éloignés de chez nous", déplorent les "mères de Tiananmen", une association regroupant des parents ayant perdu un enfant lors de la répression.  

"En tant que dirigeant d'un grand pays, vous n'êtes certainement pas insensible au massacre qui s'est déroulé il y a 29 ans, ni aux familles de victimes", indiquent-t-elles dans une lettre ouverte adressée au président Xi Jinping et diffusée cette semaine par l'ONG Human Rights in China. 

Le Parti communiste chinois (PCC) présente toujours officiellement les manifestants de la place Tiananmen comme "une petite minorité de personnes ayant provoqué des troubles contre-révolutionnaires". 

"Alors que nous sommes au soir de notre vie, nous espérons assister un jour, avant notre mort, à la réhabilitation de nos proches", expliquent ces "mères de Tiananmen" à Xi Jinping. "Nous avons toujours trois revendications: la vérité, des indemnisations et l'établissement des responsabilités.

L'épisode reste l'un des sujets les plus tabous en Chine. Il est banni des livres, des manuels scolaires, des films et est censuré sur les réseaux sociaux. 

Lundi 4 juin, la plateforme chinoise de microblogs WeChat empêchait ainsi ses usagers d'échanger des sommes d'argent pour 89,64 ou 64,89 yuans, montants faisant allusion à la date du 4 juin 1989.

Des militants ont également été éloignés de Pékin pour les empêcher de prendre part à d'éventuelles commémorations, à l'instar de l'intellectuel Hu Jia, cantonné depuis le 1er juin en "vacances forcées" à Qinhuangdao, station balnéaire située à 300 km de la capitale. "Mais où que je sois, je jeûne [le 4 juin] et j'allume des bougies. Je me sens chanceux, je suis un survivant [de la répression]. Tant de gens sont morts, mais la Chine est toujours bloquée en 1984 en termes de progrès" politique, a-t-il indiqué , en allusion au roman de George Orwell.

Le territoire semi-autonome de Hong Kong est le seul endroit du pays où les commémorations sont marquées, avec une veillée organisée le 4 juin (ci-dessous). 

 

La commémoration du massacre revêt cette année une importance particulière en raison d'un autre anniversaire tragique et récent. Il s'agit de la mort en prison, le 13 juillet 2017, du combattant pour la démocratie chinois et prix Nobel de la paix (2009) Liu Xiaobo. Il est mort à 61 ans, après plus de huit années de détention, sans avoir été libéré, ni soigné de sa grave maladie, alors qu'il sollicitait des soins spécialisés et que l'Allemagne se déclarait prête à l'accueillir.

Sa veuve, Liu Xia, est toujours maintenue en détention à son domicile,  sans jamais avoir été jugée ni même accusée. On lui a imposé une mise en scène macabre: l'immersion des cendres de son époux, décidée par le régime afin d'empêcher les hommages sur sa sépulture.

 

Poème de Liu Xia envoyé à une amie écrivain. 

 
Soucieuses de leur image répressive, les mêmes autorités chinoises ont pour faire diversion, envoyé des pandas dans un zoo en France; Mme Macron est la marraine officielle de ces aimables bestioles et n'a jamais dit un mot sur le sort de Liu Xia. 

La complaisance et la la lâcheté des gouvernements et dirigeants français à l'égard de la dictature chinoise atteint des sommets. 

 

En mai dernier François Hollande rend visite et hommage à son "vieil ami" le  dictateur chinois Xi Jen Ping. Le 24 mai, alors qu’il visitait l’usine Airbus il explique aux journalistes français qui l’accompagnaient qu’il était «admiratif de la vision longue qu’ont les dirigeants chinois».  

 

 

 

Alors que Xi Jen Peng a ouvert la voie à un règne à vie pour sa propre personne, ces louanges à la dictature revêtent une résonance sinistre.   

 

Lors de sa visite présidentielle en Chine en avril 2013, le même Hollande avait "renoncé" à mentionner le nom du prix Nobel  Liu Xiaobo, de peur de fâcher la dictature .

Hollande s'inscrit dans la longue lignée des politiciens français qui font silence sur la répression féroce qui règne dans ce pays et qui est exercée au nom du "marxisme".

Chirac, Sarkozy et Raffarin ont porté cette complaisance, le dernier a de plus monté une immense business d'intermédiaire et de lobbyiste pour les patrons des deux pays.

De son côté Sarkozy applaudit la présidence à vie de Xi.

 

Macron poursuit dans la même direction: ainsi le lendemain de la mort de Liu Xiaobo, le 14 juillet 2017, il tenait une conférence de presse conjointe à Paris avec Donald Trump.

Il s'agissait de mettre en scène leur amitié . Interrogés par un journaliste chinois sur leurs impressions à propos du "président" chinois (non élu)  Xi Jipeng, ils célébrèrent « un des grands leaders de notre monde » (M. Macron), « un ami, un leader de talent, un homme très bon » (M. Trump), mais n’ont pas eu un mot pour dénoncer la mort d’un Prix Nobel de la paix en détention. Emmanuel Macron s'est contenté d'un tweet de 131 signes pour réagir à cette mort.  Même Barack Obama, qui a lui-même reçu le prix Nobel en 2008, un an avant le démocrate chinois, ne s’est  jamais engagé pour lui. En revanche le comité Nobel norvégien avait  déclaré que la Chine portait "une lourde responsabilité" dans la mort "prématurée" de Liu Xiaobo en le privant de soins médicaux adaptés. 

 

 

 

Le "modèle chinois", de capitalisme contrôlé par la dictature du Parti Communiste (!)  chinois représente un rêve pour de nombreux gouvernants et patrons à travers le monde: pas de démocratie, pas d'élections, pas de syndicats indépendants, pas de presse libre, pas de lois protectrices, pas de liberté d'expression, Internet contrôlé. La mort récente de Serge Dassault a rappelé les déclarations de ce grand patron ultra-libéral  "Les Chinois, ils travaillent 45 heures, ils dorment sur place dans leurs usines, ils font des bons produits pas chers."

Face à cette alliance mondiale de soutien à la dictature chinoise, nous sommes plus que jamais aux côtés de ceux et celles qui combattent pour les libertés démocratiques, la justice sociale, le droit à la santé, les droits des femmes et des LGBTQ,  les droits des minorités notamment au Tibet et au Xinjiang (population Ouïgour). Nous affirmons une totale solidarité en hommage au courage et à la détermination des mères de Tienanmen. 

MEMORIAL 98 

 

Mise à jour du 11 juillet

Le lendemain de la libération de Liu Xia, Qin Yongmin, vétéran chinois de la dissidence, a été condamné, ce 11 juillet à 13 ans de prison pour « subversion ». C'est la plus longue peine infligée à un opposant politique depuis que Xi Jinping est à la tête du pays.

Qin Yongmin, 64 ans, avait été arrêté en 2015, sous l’accusation d’avoir organisé un rassemblement illégal. À l’époque, il avait déjà passé 22 ans de sa vie en prison ou en camps de rééducation par le travail.

Après une première peine de 12 ans

 

Il avait été libéré fin 2010, après avoir purgé une peine de 12 ans de prison pour avoir tenté, en 1998, de déposer les statuts d’un « Parti démocrate chinois ». Initiative qui avait suivi la signature par Pékin du pacte de l’Onu sur les droits civils et politiques. Un texte que le gouvernement chinois n’a depuis jamais ratifié.

À sa sortie de prison, il avait promis de continuer à se battre pour les droits de l’Homme et dirigeait jusqu’à son arrestation en 2015 une association en faveur de la démocratie.

 

Son association de défense des droits de l'homme dénonçait la politique du gouvernement sur internet et organisait des forums de discussion. L'acte d'accusation évoquait un texte dans lequel M. Qin appelait les jeunes Chinois à lutter pour les garanties légales offertes par les traités de l'ONU en matière de libertés fondamentales. Néanmoins, "en trois années d'enquête, les autorités ont été incapables de bâtir un dossier contre lui", a observé Frances Eve, de l'association de défense des droits de l'homme Chinese human rights defenders.

 

Lors de son procès en mai, l'opposant "a refusé de coopérer avec la cour" et a observé un silence total, selon un de ses avocats, Lin Qilei. Son autre avocat, Liu Zhengqing, a déclaré à l'AFP que Qin Yongmin était  "désespéré" par sa condamnation et "furieux contre ce régime véreux". Selon ses défenseurs, le dissident "fera certainement appel".

 

Mise à jour spéciale du 10 juillet 2018:

Liu Xia est enfin libérée et en route pour l'Allemagne (ci-dessus à l'aéroport d'Helsinki en transit)

Nous nous réjouissons de l'annonce aujourd'hui de la libération de Liu Xia, après 8 ans de persécution, de surveillance constante et d'assignation illégale à résidence. Pendant ces années, les autorités chinoises ont tout fait pour la punir de défendre son mari et de s’exprimer librement. Ces autorités viennent enfin de lui accorder la possibilité de quitter la Chine et de rejoindre l'Allemagne, où son accueil est prévu.

Cette libération est le résultat des campagnes internationales qui ont été menées en soutien à Liu Xia.

Le rassemblement du 12 juillet à Beaubourg sera l'occasion de saluer cette libération et de marquer la mémoire de Liu Xiaobo, qui est quant à lui mort en détention.

Il marquera aussi notre volonté d'agir pour d'autres prisonniers d'opinion en Chine, dont l'avocat des droits de l'homme Wang Quanzhang, "disparu" depuis 3 ans.

C’était il y a trois ans jour pour jour : le 9 juillet 2015, une vaste opération policière visait plus de 200 avocats des droits de l’homme à travers toute la Chine. Une vague de répression connue sous le nom « 709 » (9 juillet ou 9/7). La plupart ont fini par être libérés après quelques semaines de détention. Certains ont gardé les séquelles de la torture subie en prison et nombreux sont ceux qui ont perdu leur licence d’avocat. Mais l'un de ces avocats reste disparu à ce jour: Wang Quanzhang. Son épouse Li Wenzu se bat depuis trois ans pour la libération de son mari et père de son enfant.

MEMORIAL 98

 

 

 

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 01:22

Dans la foulée du 8 mai qui marque l'anniversaire de la défaite nazie de 1945, nous présentons le travail exemplaire d'un enseignant documentaliste et sa pédagogie originale pour éduquer et lutter contre l'intolérance, les préjugés et l'oubli.

Ce soixante-treizième anniversaire de la chute du nazisme est marqué par les succès de l'extrême-droite dans de nombreux pays d'Europe et aux USA. En Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Pologne, en Italie, les nostalgiques du fascisme et du nazisme, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive. 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité ( comme on peut le voir ici et ici ). 

La date du 8 mai rappelle à nouveau que le fascisme et le nazisme seront vaincus, mais que si on les laisse prospérer, ils auront auparavant provoqué d'effroyables catastrophes. 

MEMORIAL 98


 

 

Stéphane Amelineau, professeur documentaliste, avec un groupe de  lycéens à Auschwitz

 

La mission des professeurs documentalistes est  de rendre les élèves autonomes dans leur accès au savoir, à l'aide des ressources pédagogiques et documentaires de l'établissement.

 

Ces enseignants sont chargés d’animer les  CDI (Centre de Documentation et d'Information) en collège ou en lycée

 

Un combat contre l'intolérance et les préjugés

 

Stéphane Amelineau exerce cette profession dans la région de Soissons. Après un parcours atypique d’employé de bureau puis comptable, il obtient une licence d'histoire et un Capes de documentaliste.

Dès l'âge de dix ans, il entend parler des deux guerres. "Tranchées, poilu", c'est "Pépé Jules", son arrière-grand-père paternel, blessé aux Chemin des Dames, dont il garde soigneusement une photo.

Son grand-père maternel est quant à lui enrôlé dans le service du travail obligatoire (STO) contre son gré, à Berlin,où il assiste à des scènes effroyables. Il lui enseigne pourtant la tolérance vis-à-vis des jeunes Allemands afin de construire une Europe meilleure.

A cette même époque, il entrevoit sur l'écran de télévision des scènes effrayantes de la série américaine : "Holocauste". Quatre épisodes pour décrire la destruction des Juifs d’Europe à travers deux familles, l'une juive et l'autre nazie.

Plus tard complétée par des lectures, cette expérience précoce va déterminer son combat et sa pédagogie auprès de la jeunesse pour éduquer et lutter contre l'intolérance, les préjugés et l'oubli.

 

"La question de la Shoah m'intéresse par humanisme. Ce qui me taraude c'est la question du lien paradoxal entre Auschwitz et l'humanité."          

 

Lutter contre l'oubli :

De collèges en lycées, il raconte l’histoire du « convoi n°67 » . Grâce à des documents d'archives, il a retrouvé la liste des personnes déportées dans le département de l'Aisne et qui faisaient partie de ce convoi qui mit trois jours pour arriver à Auschwitz. Il raconte les bourreaux et les victimes d’Auschwitz-Birkenau.

Fort de sa propre expérience, il est convaincu que confronter les jeunes à des témoignages vivants, des vidéos ou des photos est la meilleure façon de transmettre l'histoire de la Shoah.  

Itinéraire de mémoire

Entre 2003 et 2016, il organise six voyages pour Auschwitz, en passant par Cracovie.

Yvette Lévy, une des dernières rescapées d'Auschwitz-Birkenau, accompagnera un de ces voyages.

 

Qui participe à ces voyages ?

Ce sont des élèves volontaires de son lycée Saint-Rémy de Soissons. 1/3 de garçons, 2/3 de filles qui préparent un STSS (Science et technique sanitaire et sociale). Environ 35 élèves et des collègues accompagnateurs à chaque voyage.

 

Préparation au voyage :

Un atelier pédagogique organisé pour les recherches sous forme d'enquête.

Pendant trois ou quatre mois, Stéphane et ses élèves accomplissent un travail de fourmis, en dehors du temps scolaire. Cet effort est soutenu par l'Éducation Nationale et le Mémorial de la Shoah.

 

Tous les élèves volontaires ont pu participer aux voyages.

 

La déportation des Juifs du Soissonnais

Au cours de leur enquête, les élèves découvrent que à Soissons, il y a eu deux grandes rafles: la première les 19 et 20 juillet 1942, opérée par la gendarmerie locale et la seconde le 4 janvier 1944 organisée par la police allemande. 31 Juifs de la région ont été déportés, 4 sont revenus en 1945.

 

Grâce aux recherches dans les archives, ils retrouvent les noms d'enfants, d'adolescents, d'adultes, témoins ou acteurs de cette époque et qui acceptent de témoigner. A 70 et même 90 ans, au soir de leur vie, toutes ces personnes portent les traces du traumatisme de ce qu'ils ont vécu.

Les révélations du destin de leurs parents ou grands-parents déportés sont consignées dans des registres : Gazés, pas gazés, sélection pour le travail, date du décès. Des révélations traumatisantes et libératrices. C'est comme redonner vie à ceux qui n’étaient pour les protagonistes que des noms inscrits sur des listes interminables.

 

Des familles de victimes ont fait le voyage jusqu'à Auschwitz pour la première fois

Ils ont pu aller se recueillir derrière le bois de bouleaux, là où se trouvait l'une des deux chambres à gaz provisoire (Bunker 1) ˝La maison blanche˝, (l’autre, Bunker 2, appelé aussi ˝ Maison rouge ˝). Deux sites de mise à mort, dans les chaumières de paysans polonais, réquisitionnées en 42, aménagées en chambre à gaz, tandis, que non loin, s'élaboraient les futures  complexes de chambres à gaz-crématoires  destinées à l'extermination de masse (Krematorium II, III, IV et V)

Peu de guides emmènent les visiteurs jusque là.

Les bougies du souvenir, en face des anciennes fosses de crémations où furent incinérer des milliers et des milliers de corps de Juifs assassinés entre l’été 1942 et le printemps 1943, puis réutilisées durant l’été 1944. La photo au pied d’une des pierres noires, le portrait de Rose Lewkowicz, la mère de Nathan Lewkowicz (voir ci-dessous).

 

Durée du voyage

Le voyage se déroule sur trois ou quatre jours avec un arrêt à Cracovie, ville de Pologne située à 65 km d'Auschwitz-Birkenau, dont l'ancien quartier juif de Kazimierz est classé au patrimoine de l'UNESCO.

 

 

Une nouvelle expérience vers des plus jeunes 

Après avoir rencontré des centaines de collégiens, lycéens, étudiant et adultes, Stéphane décide de se lancer dans une nouvelle expérience quant à la transmission de l'Histoire de la Shoah vers les plus jeunes. Comment adapter la manière d'aborder la persécution des Juifs de Soissons, avec des élèves de 10 et 11 ans ? Il s'appuie pour cela sur les programmes scolaires d'Histoire et les conseils préconisés par le Mémorial de la Shoah.

 

Raconter la Shoah à des enfants d'une classe de CM1- CM2

Une enseignante de l'école primaire de Noyant, village près de Soissons avait lu le livre de Stéphane A. :" La Shoah en Soissonnais".

Elle l'invite à venir en parler aux élèves de sa classe. C'est l'occasion pour Stéphane d'adapter sa pédagogie.

L'enseignante et lui-même se rencontrent à plusieurs reprises pour bien préparer cette intervention.

Le jour de sa venue dans la classe, les élèves sont déjà sensibilisés à un certains nombre de notions : Qu'est-ce que la Shoah ? Qui sont le Maréchal Pétain et Hitler ? Qu'est-ce qu'une chambre à gaz ?  Pourquoi, des enfants ont été cachés, comme Armand, un enfant juif de Noyant. ?  Chacun a une représentation de ces événements : "Les Juifs sont partis dans les trains. Il y avait plein d'étoiles."

 

Pendant deux heures et demie, Stéphane A. raconte…

Stéphane conte l'histoire de Maurice Wajsfelner. Ce petit garçon de 10 ans, est arrêté avec sa tante Chaja, le 4 janvier 1944 dans son appartement à Soissons. Ses parents et son grand-frère Charles avaient déjà été arrêtés pendant la rafle de 1942.  

D'autres enfants ont subi le même sort à Soissons, comme Nelly (4 ans) et Albert Gochperg (9 ans). D’autres, comme Lisette Ehrenkranz, Viviane Bich ou encore les enfants Lewkowicz ont pu être cachés par "des messieurs et des dames au grand cœur". (Des justes parmi les Nations de France).  

 

Le vocabulaire est choisi, les prénoms, noms et adresses (à Soissons) accompagnent des photos comme celles de Maurice et de sa famille.

Stéphane a rassemblé des jouets anciens, patins à roulettes, guignol, carabine qui ont été volés aux enfants. Autant, de preuves visibles et palpables. Les enfants sont autorisés à poser des questions au fil du récit.

Ils sont interloqués, suffoqués, touchés de ce qu'ils entendent, entièrement à l'écoute.

 

Les prolongements pédagogiques dans la classe

Un travail d'écriture va se faire avec l'enseignante en prolongement de la présentation. Un texte à trous, des dessins, des productions écrites. Suzanne, la cousine de Maurice plus jeune que lui, a échappé à l'arrestation du 4 janvier 1944. Elle est partie vivre au Brésil après la guerre.

Désormais, les élèves de la classe de CM1-CM2, ont pour mission de retrouver la cousine de Maurice. Stéphane a proposé aux enfants d'écrire un mot pour l'envoyer à cette cousine au cas où elle serait encore en vie.

Tous ces écrits lui ont été remis. "Ces messages, dans une capsule numérique envoyés dans l'océan Internet, comme une bouteille à la mer " dit-il.

 

 

 

Conclusion

Quels ont été les objectifs de ce travail ?

Sensibiliser les élèves à l’histoire de la Shoah en général et sur le destin de familles en particulier. Décrypter des destins au travers de documents d’archives et de témoignages. Les éclairer sur l’organisation de la déportation en France et la mécanique de déshumanisation et de destruction des Juifs dans les camps d’extermination. Rechercher, sélectionner, analyser et traiter des sources historiques afin de confronter les élèves au travail de l’historien et développer leur esprit critique. De manière cognitive, souligner l’importance de la solidarité et de la tolérance pour ne jamais laisser quelqu’un au bord de la route.

 

L'éducation précoce pour lutter contre les "métastases du nazisme" pourrait-elle semer une graine de tolérance contre les préjugés, comme ce fut le cas pour Stéphane ?

 

Cette expérience très pointue auprès de jeunes adultes et de jeunes enfants a attiré l'attention de Memorial 98. La mémoire des génocides et des crimes contre l'humanité ne résume pas à des commémorations mais nourrit les combats actuels 

 

EL

 

MEMORIAL 98



Bibliographie

Stéphane Amelineau décrit son parcours dans un livre : "La Shoah en Soissonnais, journal de bord d'un itinéraire de mémoire", paru aux éditions Fondation pour la Mémoire de la Shoah/Le Manuscrit, Paris, 2017.

http://www.fondationshoah.org/memoire/la-shoah-en-soissonnais-journal-de-bord-dun-itineraire-de-memoire-stephane-amelineau

 

 Son site rend compte de son travail https://itinerairesdememoire.com/

 

 

 

 

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23 avril 2018 1 23 /04 /avril /2018 21:13

103e anniversaire du génocide des Arméniens de 1915: nous alertons  sur la situation en Turquie aujourd'hui.

La répression du régime Erdogan touche particulièrement les démocrates et les minorités. Le parti HDP, qui représente notamment la population kurde mais aussi Arménienne, subit durement les mesures gouvernementales. Des dizaines d'élus, maires et députés du Parti démocratique des peuples ( HDP), dont ses deux co-présidents, Selahattin Demirtaš et Figen Yüksekdağ, sont emprisonnés sous prétexte de complicité avec des terroristes.

Garo Paylan, député Arménien du HDP pour la ville d’Istanbul, subit des violences et menaces continues de la part du parti présidentiel de l'AKP ainsi que du parti d'extrême-droite MHP. La situation risque d'ailleurs de s'aggraver si Erdogan parvient à obtenir au cours des élections anticipées du 24 juin prochain un nouveau mandat présidentiel aux pouvoirs renforcés. 

La reconnaissance du génocide arménien se poursuit dans différents pays, malgré les énormes pressions de la Turquie.

 

A l'occasion de la commémoration du génocide arménien, un projet important nommé " Les racines du mal " voit le jour afin d'enquêter sur la continuité entre ce génocide et la Shoah, à travers un film documentaire.

Avec nos partenaires du Collectif VAN et de Ibuka France, nous soutenons ce projet, présenté ci-dessous. 

 

Il correspond à nos engagements autour de la mémoire des génocides qui nourrit nos combats .

Cette mémoire commune est particulièrement perceptible lors commémorations du mois d'avril, au cours duquel est honorée la mémoire des victimes des trois génocides majeurs du XXe siècle : celui des Tutsi du Rwanda le 7 avril, celui de la Shoah le 19 avril correspondant au début du soulèvement du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943 celui des Arméniens le 24 avril correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915.

 

Nous appelons à participer à la réalisation du projet  " Les racines du mal en contribuant au financement collaboratif (crowfunding) qui doit permettre sa réalisation, en suivant ce lien:  

 

https://www.kisskissbankbank.com/les-racines-du-mal

 

Et comme le demandent les responsables de ce projet, dont nous saluons l'engagement,

 

"Aidez-nous à donner de l’élan à la campagne ! En faisant suivre ce lien à vos amis et contacts qui peuvent être intéressés, ou en partageant le lien de la collecte autour de vous. Si chacun d'entre vous réussit à convaincre 2 amis, nous franchirons vite le 1er objectif, qui nous permettra de démarrer le tournage du film cet été.

Merci encore de tout coeur pour votre soutien ! 

Nous remercions également, pour leur précieux soutien, les organisations qui ont choisi de nous accompagner dans cette aventure "

 

Nous considérons que les différents génocides ont des liens profonds entre eux car dans tous les cas les populations promises à l’extermination ont été d’abord été discriminées, stigmatisées, accusées de tous les maux, puis désignées comme ennemies, regroupées, marquées et « étiquetées » sous différentes formes et enfin conduites à l’extermination ou massacrées sur place. Le génocide est l’aboutissement de décennies, voire de siècles, de discriminations.

 

Un autre point commun à ces génocides est qu'ils font face à des entreprises de  négation, dans le cadre d’une solidarité avec ceux qui ont perpétré le génocide. Nous luttons contre ce phénomène très organisé, mis en place par les génocidaires eux mêmes et qui constitue avec l’impunité une incitation à de nouveaux massacres.

Le but des génocidaires, en tout temps et en tout lieu, ne consiste pas seulement à assassiner les vivants, mais aussi à nier à tout jamais leur existence.

 

C’est pour cette raison que les négationnismes sont consubstantiels aux génocides. En niant, il ne s’agit pas seulement d’une tentative faite par les assassins pour échapper aux conséquences de leurs crimes. Au même titre que les massacres physiques de masse, la négation est au service au service du but final : effacer de l’histoire et de l’humanité une partie des hommes et des femmes qui la constituent.

Hitler lui–même trouvait un encouragement dans la manière dont le génocide arménien était nié :
« Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? » déclarait-il dans une allocution aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939, quelques jours avant l'invasion de la Pologne.

 

 

 

 

« Les racines du mal » ( voir le site ici ) est un projet de film documentaire mêlant enquête historique, film d’animation et rencontres avec les acteurs du travail de mémoire pour comprendre comment le génocide des Arméniens a pu contribuer à rendre possible la Shoah.

 

 

                            Du génocide des Arméniens à Auschwitz

 

Lors d’une visite de l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, Anna et Mathieu apprennent que des officiers allemands - qui avaient été en poste dans l’Empire ottoman durant la première Guerre mondiale, alors que se déroulait le génocide des Arméniens - se sont ensuite retrouvés dans la garde rapprochée d’Hitler. Tel Rudolf Höss qui deviendra commandant du camp d’Auschwitz. En creusant un peu, ils découvrent que des historiens soutiennent maintenant que les nazis ont été influencés par l’extermination des Arméniens, qui a pu servir de modèle pour la « solution finale ». Alors, décidés à en savoir plus sur les liens entre ces deux génocides, ce couple de documentaristes mène une enquête historique et de terrain, qui plonge ses racines avant 1915 pour remonter jusqu’à nos jours, afin d’apporter un éclairage nouveau sur l’impact qu’à eu l’extermination des Arméniens sur l’histoire européenne, et comprendre pourquoi le fantôme du génocide des Arméniens ressurgit à intervalles réguliers en Europe... 

Des organisations et associations dont Memorial 98 sont partenaires du projet et le soutiennent .

Le 2 juin 2016, le parlement allemand adopte une résolution reconnaissant le génocide des Arméniens. Mais, la résolution votée au Bundestag va plus loin, puisqu’elle reconnaît que l’Allemagne, alliée historique de la Turquie, porte une part de responsabilité dans les évènements de 1915. On sait à présent que l’Empire allemand masqua les politiques de violence envers les Arméniens, que les officiers allemands en poste dans l’Empire ottoman furent les témoins de leur martyre et qu’ils fermèrent les yeux. Ce que l’on sait moins, c’est que certains d’entre eux sont ensuite devenus des officiers nazis et furent proches d’Hitler.

Des historiens soutiennent même qu’ils ont été influencés par cette expérience qui a pu servir de modèle pour la « solution finale ». Ainsi, le travail de mémoire entamé par l’Allemagne nous amène à porter un nouveau regard sur le rôle qu’a joué l’extermination des Arméniens dans l’idéologie nationale-socialiste et dans la décision d’éliminer les Juifs d’Europe, 25 ans plus tard.

Le modèle turc

Dans une interview qu'il accorda en 1931 à Richard Breiting, le rédacteur en chef du  journal Leipziger Neueste Nachrichten, Hitler évoquait la destruction des Arméniens, et parlait de la déportation, des déplacements et du massacre comme des moyens de fournir de « l'espace vital » à l'Allemagne et à la race aryenne. « Pensez aux déportations bibliques, aux massacres du Moyen Âge… et rappelez-vous de l'extermination des Arméniens… on tire finalement la conclusion que des masses d'hommes ne sont rien d'autre que de la pâte à modeler biologique ». La Turquie post-génocidaire avait fasciné les nationalistes et l'extrême droite d’Allemagne. La Turquie était un État moderne et florissant qui avait réglé ses problèmes de minorités de façon définitive, et en toute impunité. Elle avait fourni la preuve que la purification d’une nation de ses éléments indésirables à une grande échelle était possible et que c’était le fondement préalable à la mise en place du rêve nationaliste. Elle devint un modèle à suivre pour le national-socialisme allemand qui aspirait à un nouveau type d'Etat.

Une enquête historique et actuelle.

En retraçant le destin de Rudolf Höss - jeune soldat allemand affecté à une division turque pendant la Première Guerre mondiale et qui deviendra commandant du camp d’Auschwitz 25 ans plus tard - ou celui de Max Erwin von Scheubner-Richter - consul à Erzurum en 1915 et ami proche d’Hitler par la suite - nous voulons suivre la trace laissée par le génocide des Arméniens dans l’histoire allemande et européenne. Une enquête historique qui offrira une relecture des implications allemandes dans l’extermination des Arméniens. 

MEMORIAL 98 

 

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5 avril 2018 4 05 /04 /avril /2018 18:17

Le 7 avril marque le début du génocide des Tutsi du Rwanda et des "jours de sang" du mois d'avril, alors que se renforce l'exigence de vérité sur les responsabilités des autorités françaises  :

 

C'est à ce génocide que revient en effet le triste privilège d'ouvrir les commémorations du mois d'avril, au cours duquel est honorée la mémoire des victimes des trois génocides majeurs du XXe siècle : celui des Tutsi du Rwanda le 7 avril (date du début des massacres en avril 1994) celui de la Shoah le 19 avril (correspondant au début du soulèvement du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943 celui des Arméniens le 24 avril (correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915).

 

Nous y associons le premier génocide du XXe siècle commis en 1904 par l'Allemagne impériale  contre les peuples Herero et Nama en Afrique australe,  les actions génocidaires en Bosnie à Srebrenica, au Darfour, le génocide nazi des Roms, les actions génocidaires du régime khmer rouge au Cambodge et la récente tentative d’extermination des Yézidis d’Irak par Daech.

 

Ces différents génocides ont des liens profonds entre eux car dans tous les cas les populations promises à l’extermination ont été d’abord été discriminées, stigmatisées, accusées de tous les maux, puis désignées comme ennemies, regroupées, marquées et « étiquetées » sous différentes formes et enfin conduites à l’extermination ou massacrées sur place. Le génocide est l’aboutissement de décennies, voire de siècles, de discriminations.

 

Un autre point commun à ces génocides est qu'ils font face à des entreprises de  négation, dans le cadre d’une solidarité avec ceux qui ont perpétré le génocide. Nous luttons contre ce phénomène très organisé, mis en place par les génocidaires eux mêmes et qui constitue avec l’impunité une incitation à de nouveaux massacres.

Le but des génocidaires, en tout temps et en tout lieu, ne consiste pas seulement à assassiner les vivants, mais aussi à nier à tout jamais leur existence.

 

C’est pour cette raison que les négationnismes sont consubstantiels aux génocides. En niant,il ne s’agit pas seulement d’une tentative faite par les assassins pour échapper aux conséquences de leurs crimes. Au même titre que les massacres physiques de masse, la négation est au service au service du but final : effacer de l’histoire et de l’humanité une partie des hommes et des femmes qui la constituent.

 

Afin de contribuer à faire face à cette tentative d'extermination et de négation, 

nous présentons les "Cahiers de Mémoire de Kigali" parus en 2017 et l'extraordinaire démarche qui a conduite à leur publication, sous l'impulsion de Florence Prudhomme.

 

Cette oeuvre collective est issue de l ’Atelier de mémoire a créé en 2014 - lors de la 20e commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda - au sein de la Maison de quartier Rwanda avenir à Kigali, un lieu construit pour et avec des femmes rescapées. Leurs témoignages composent cette oeuvre. 

 

 

Septembre 2004 : Mémorial de Gisozi à Kigali. Deux veuves m’accompagnent. Au cours de cette visite, l’une d’elles s’effondre : elle a perdu l’ensemble de sa famille - environ 80 personnes. L’autre voudrait fuir son pays qu’elle estime  « déchiré et détruit ». Entre cauchemar et phobie, elle rejette d’un même geste sa maison, son quartier et le pays tout entier. Elle dit ne plus rien attendre pour elle-même - « Moi, c’est fini, je suis morte » -, mais lorsqu’elle parle de sa fille, l’avenir semble de nouveau s’ouvrir. Là est né le projet de construction d’une Maison de quartier, pour se réapproprier l’espace, du plus intime au plus vaste.

 

A Kigali, présentation des Cahiers de mémoire

 

L’association Rwanda avenir a été créée en 2004, lors de la dixième commémoration du génocide des Tutsi, qui a fait en trois mois près d’un million de morts. Les survivants sont majoritairement des femmes, « les veuves », et des enfants, « les orphelins ».

Rwanda avenir se situe délibérément dans la perspective de l’après-génocide et s’est fixé comme objectif prioritaire de participer à la reconstruction psychique des victimes.

 

Au Rwanda, les séquelles traumatiques sont omniprésentes. Vivre au Rwanda aujourd’hui suppose de transformer une mémoire meurtrie et sidérée en une mémoire dynamique, porteuse d’avenir. Cette démarche est celle des soignants rwandais. En particulier celle du pionnier le Dr Naasson Munyandamutsa (décédé en 2016 et auquel Memorial 98 a rendu hommage ici ) et d’Esther Mujawayo, rescapée du génocide,  co-fondatrice de AVEGA (Association des Veuves du Génocide d'Avril 1994) auteure de deux livres de témoignage Survivantes, et La fleur de Stéphanie, écrits avec la journaliste Souâd Belhaddad (contributrice de Memorial 98 notamment sur le Rwanda )

Sur le terrain, les thérapeutes, conseillers en traumatisme, les associations de rescapés et les associations de femmes prennent en charge la détresse d’une population traumatisée, pauvre et souvent malade.

 

Habiter sa terre, sa maison, une ville, un pays. Donner lieu à un espace de reconstruction de soi. Tels ont été les prémices de la Maison de quartier.

 

Elle a été construite avec et pour les rescapées du génocide à Kimironko (Kigali, Rwanda). C’est un ensemble de quatre bâtiments, situé à une cinquantaine de mètres du lotissement groupé où vivent 125 veuves. À l’initiative de l’Association des veuves du génocide d’Avril (AVEGA), le Fonds d’aide aux rescapés du génocide (FARG) a financé, la construction de leurs maisons.

L’ouverture d’un lieu d’échanges, d’apaisement, d’écoute, est facteur de paix et de développement. Les activités thérapeutiques, mémorielles, créatrices et culturelles ont été privilégiées au sein de la Maison de quartier pour briser la force d’attraction quasi hypnotique que conserve souvent le souvenir traumatique. Des activités génératrices de revenus (dont un atelier d’art Imigongo) ont été mises en œuvre.

 

Construire une Maison de quartier, c’est se donner un lieu d’accueil et d’hospitalité.

Les veuves très démunies rencontrent d’extrêmes difficultés pour subvenir à leur vie quotidienne et à celle de leurs enfants survivants et des orphelins qu’elles ont recueillis. Le coût élevé des déplacements restreint leur mobilité et leur impose de rester isolées et sans activités dans leur quartier ou dans les collines. Leur demande de soutien psychologique est forte.

Le choix de construire une Maison de quartier s’est trouvé conforté par les veuves qui ont exprimé avec enthousiasme leur adhésion à ce projet qui répond à leur besoin d’un lieu pour « se rencontrer », être ensemble et mener des activités collectives.

 

MEMORIAL 98

 

 

L’atelier de mémoire


L’atelier de mémoire a été créé lors de la 20e commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda. Des « grandes mamans », des jeunes, des femmes, des hommes se sont réunis au rythme d’une matinée par semaine. Ils ont écrit chacun leur Cahier de mémoire. Ils les ont lus aux autres.

Le respect mutuel, la confiance et leur commune expérience étaient le socle de leurs échanges. Ces mémoires singulières sont l’histoire du génocide, elles en restituent la réalité composite et sont une archive pour les générations futures.

Cris ; odeurs âcres, fumées et sang ; fuites et poursuites, annoncées par des persécutions accumulées durant plus de trois décennies ; terreur ; regroupements effarants.

Violence extrême - une population exterminée, près d’un million de victimes. Des paysages anéantis par le projet génocidaire. Les rescapés sont porteurs de cette histoire. Leur mémoire individuelle et collective est porteuse de ce qu’aucun mémorial ne peut exprimer. Le mémorial transmet l’horreur, le résultat du génocide – mais il est muet, aucun sang n’irrigue les corps gisants atrocement mutilés, figés dans leur dernier instant d’effroi ou ensevelis dans des fosses communes.

« Nous partageons une même histoire ». Les rescapés parlent une langue, le kinyarwanda, où certaines expressions sont difficiles à traduire, non pas littéralement, mais par leur trop plein de significations. . C’est l’histoire qu’ils ont vécue parce qu’ils sont nés Tutsi. Les Cahiers de mémoire font entendre le sort commun. « Les nôtres », ceux qui ne sont plus là et ceux qui sont restés. Une histoire à priori indéchiffrable pour les enfants tutsi dont la vie bascule en 1959.

Annonciata a huit ans au moment du génocide, elle ne recevra aucune réponse aux questions qu’elle pose de manière répétée  à sa mère. Plus tard, face à des situations demeurées inexplicables pour la fillette qu’elle est encore, elle reprendra à son compte ce silence : « Je me suis tue. » Après le génocide, elle sera frappée d’oubli, d’amnésie. Il lui arrivera d’oublier jusqu’à son nom ou la présence de ses enfants à ses côtés. L’absence a tout envahi, le monde est devenu un gouffre insondable.

Les Cahiers de mémoire restent prioritairement des récits du génocide, mais la remémoration s’étend en amont et en aval, ils parlent de l’amour, des saisons, de la famille, des traditions. Comme les Livres du souvenir (Yzkhor- buch) écrits par les survivants de la Shoah, ils suivent un rythme ternaire : avant, pendant, après, mais le fil conducteur, l’épicentre, demeure le génocide.

Mémorial pour les disparus, conservatoire de leurs noms, conservatoire des familles décimées, les Cahiers de mémoire occupent un espace où se rejoignent la nomination des disparus et le récit énonciatif et mémoriel, qui restitue le vivant/le réel de celles et ceux qui ont péri.

Pendant. Toutes les collines, toutes les pistes étaient couvertes de barrières, toutes les routes étaient « barrées pour notre race ». Les portes demeurent impitoyablement closes : « Aujourd’hui, ce n’est pas hier, prends ton enfant et pars d’ici. » Quelques exceptions pourtant. Le voisin cache puis accompagne celui qui fuit un peu plus loin. L’errance se déroule dans un périmètre variable. Au-delà des frontières. L’Ouganda, le Burundi, le Zaïre, la pointe nord du lac Tanganyika, l’île d’Ijwi. À l’intérieur du pays, dans les limites géographiques d’une préfecture, d’une région, d’une commune. Entre les maisons éparses sur la colline.

Ce sont des allers-retours éperdus. La fuite est circonscrite. Tellement entravée qu’on parle de « piétinement ». Comme un animal pourchassé pris dans le piège. Le paysage, ce sont les lieux où l’on espère trouver secours : des églises, des écoles, des centres de santé, « une brousse impénétrable », un pont. Tout autour les champs de sorgho, les bananeraies, les roseaux et les papyrus, la terre détrempée du mois d’avril. La pluie donne le signal d’un court répit : les Interahamwe (miliciens génocidaires Hutu) cessent de traquer leurs « cibles ». Le paysage sonore, ce sont les hurlements des Interahamwe. Leurs slogans, leurs cris, les coups de sifflets. Les roulements saccadés des tambours. Les vociférations de la Radio-télévision des Mille collines, livrant les noms et les lieux précis où sont cachées jusqu’à l’asphyxie les familles tutsi. Les pas qui se rapprochent. Les ultimes cris d’effroi, les gémissements durant des nuits entières. Pendant cent jours et cent nuits.

 

Après. Nous avons choisi d’accompagner les rescapé-e-s tout au long de leur parcours de reconstruction de soi ( nommée Twiyubaka). Les thérapeutes rwandais ont guidé nos pas. Naasson Munyandamutsa, dès le premier jour. Et plus tard Emilienne Mukansoro, et Béatrice Niweburiza.

En 2013, un voyage de mémoire nous a emmenées, les grandes mamans et nous, dans le sud du pays. Nous avons traversé des régions lourdes de souvenirs et d’absences. Les cris, les pleurs jaillissent. C’était là. Il ne reste que des épineux et des brousses. Les lieux sont dévastés, abandonnés, détruits à jamais. Au cours du voyage pourtant surgissent d’autres souvenirs, des légendes que racontaient les grands-parents, des histoires énigmatiques, des contes. Une restauration du paysage se met à l’œuvre. Les souvenirs heureux se mêlent au chagrin. Les lieux s’animent et s’apaisent. La présence des disparus est une image vivante. Les troupeaux reviennent sous les yeux. Et aussi les matinées où on récoltait des herbes qui rassemblées en gerbes se balançaient joyeusement au-dessus de la tête des petites filles. Les saisons étaient celles des récoltes et des veillées où se transmettait l’histoire du Rwanda. Les heures étaient celles où l’on trayait les vaches Inyambo, où on buvait le lait. Les fêtes, les naissances, les baptêmes, les cérémonies de la dot, du mariage, de Gutwikurura.

 

Cette reviviscence mémorielle donne les forces de ne pas suffoquer en entendant le cri qui, de travée en travée, transperce le stade Amahoro où se déroulent les commémorations du génocide. Les traumas éclatent lors des veillées de mémoire inondées de larmes, qui agissent comme de fulgurantes thérapies. Des scènes de compassion inouïes voient le jour. Le lendemain c’est l’apaisement. C’est plus que de l’apaisement, c’est de « la joie », dit Emilienne sans pouvoir trouver d’autre mot après la veillée de mémoire de la 18e commémoration. Les pratiques thérapeutiques inédites mises en œuvre au Rwanda sont un apport inestimable pour la clinique, partout où les catastrophes et les désastres anéantissent de manière récurrente et massive les êtres humains. L’atelier de mémoire y a puisé son inspiration.

Un mouvement sans fracas anime la psyché de celles et ceux qui dans leurs récits tressent les fils d’une temporalité tridimensionnelle qui avait volé en éclats. Les pleurs, les cris, les souvenirs ouvrent la voie aux élans de la reconstruction de soi. À l’injonction criminelle, « Aucun de vous ne doit survivre », répond le choix de vivre qui se dit en kinyarwanda : Kubaho kwawe kuranyubaka, « Ton choix de vivre me fait exister ».

Florence Prudhomme

 

MEMORIAL 98


 

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